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Le sexting, c’est quoi ?

Dans un rapport rendu public le 24 janvier 2023, l’Académie de médecine pointe du doigts les nombreux dangers du porno, dont le “sexting”, qui peut également se transformer en revenge porn. Mais qu’est-ce que c’est ?

Le rapport de l’Académie de médecine explique le “sexting” :

« Il s’agit d’une pratique extrêmement banale à l’adolescence apparue à la fin des années 2000. Dans les pays anglosaxons, 20 à 40% des adolescents de lycée déclarent avoir déjà envoyé des photos ou vidéos partiellement ou totalement dévêtus. C’est le sexting secondaire qui pose le plus de problème car il s’associe dans ce cas au cyberharcèlement ou à la cyberviolence. Du reste, un tiers des jeunes connait une personne affectée négativement par des pratiques de sexting. Le harcèlement concerne en France près de 700 000 enfants chaque année, et celuici comprend presque toujours une composante de cyberharcèlement sur l’image. La cyberviolence a certaines spécificités comparées aux autres expressions de la violence : elle prend volontiers un caractère viral sur les réseaux sociaux ; elle a une temporalité marquée par son caractère permanent et « nonstop » ; elle est ressentie comme anonyme ; elle s’inscrit dans un sentiment d’impunité des auteurs car la répression apparait difficile. »

« L’étude française la plus détaillée a été réalisée par Marion Rousseau lors d’une thèse de médecine. Plus de 1200 lycéens ont été interrogés sur leur pratique de cybersexualité : sur les 66% d’entre eux qui pratiquent la cybersexualité, le sexting est majoritaire : 21% des adolescents envoient des sextos et 60% en reçoivent. Notons que 12 %  des garçons les diffusent. Les facteurs corrélés au sexting sont le temps passé, le nombre d’amis, et le nombre de messages échangés (tout confondu) sur les réseaux sociaux, une mauvaise estime de soi, l’absence de contrôle parental, avoir subi des violences et la consommation d’alcool ou de drogue. Comme pour le cyberharcèlement, le sexting pose des problèmes nouveaux en termes d’éducation à la sexualité et de nécessaire accompagnement par les adultes responsables. »

Le sexting secondaire est maintenant puni par la loi

Le sexting est régi par l’article 22723 du Code Pénal qui sanctionne par 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende, « la fixation, l’enregistrement ou la transmission de l’image d’un mineur à caractère pornographique mais également son acquisition, sa détention et sa diffusion ». La loi du 5 Août 2013, a précisé que si le mineur représenté a 15 ans, les faits sont punis même s’ils n’ont pas été commis en vue de la diffusion de l’image. Le fait d’utiliser pour la diffusion un réseau de communication électronique est une circonstance aggravante. A noter que « le fait de diffuser un message à caractère pornographique susceptible d’être vu ou perçu par un mineur est également puni : article 22724 du Code Pénal ».

La loi du 7 octobre 2016 a inséré l’article 22621 dans le Code Pénal. Celuici précise le caractère sexuel des images ou paroles prises dans un lieu public ou privé. Les peines sont majorées à 2 ans d’emprisonnement et 60 000 euros d’amende. Il précise aussi le cas du revenge porn : « est puni, en l’absence d’accord de la personne pour la diffusion, de porter à la connaissance du public ou d’un tiers tout
enregistrement ou tout document portant sur des paroles ou images présentant un caractère sexuel, obtenu, avec le consentement exprès de la personne ou par ellemême ».

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Pour aller plus loin :

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L’Académie de médecine pointe les nombreux dangers du porno

Dans un rapport rendu public le 24 janvier 2023, l’Académie de médecine pointe du doigts les nombreux dangers du porno. Notre synthèse.

La libération de la sexualité et l’accès à la pornographie sont des phénomènes désormais anciens qui ont débuté dans les années 1970-1980. Mais c’est l’avènement des nouveaux médias et leur généralisation, spécialement Internet, qui ont rendu la pornographie accessible partout, facilement et par tous, y compris par les enfants. Alertée par les Associations familiales catholiques (AFC), la Haute Autorité en Santé a demandé à l’Académie nationale de médecine de travailler sur le sujet.

Un travail qui fait écho au rapport sénatorial de septembre 2022 sur la pornographie, dont nous avions longuement parlé ici.

Ainsi, dans son rapport, l’Académie de médecine développe une réflexion sur trois axes :

  1. l’ampleur du phénomène chez l’enfant et l’adolescent, en particulier en France ;
  2. les effets et les conséquences que cette exposition précoce à la pornographie peut avoir sur les enfants et les adolescents, en particulier sur leur sexualité future en termes d’attentes, de comportements ou de dynamiques relationnelles ;
  3. les mesures que la société devrait mettre en place pour pallier les conséquences de ces phénomènes et, protéger les enfants. (« C’est désormais la pornographie qui vient aux jeunes, et non une démarche volontaire » affirme le rapport : on peut se demander pourquoi rien n’est fait – ce qui serait possible techniquement – pour bloquer ces sites Internet.)

Nous avons souhaité résumer pour vous ce rapport en 7 points saillants :

  1. Le porno met parfois en image des pratiques violentes, douloureuses, humiliantes voire zoophiles
  2. Le porno touche d’abord les garçons
  3. Le porno influence la sexualité des futurs adultes
  4. Il existe un lien entre le porno et la violence dans notre société
  5. Les enfants peuvent « être changés » par la pornographie
  6. Le porno engendre une soumission de la femme
  7. Des pratiques nouvelles et comportements problématiques : sexting/sextos/sextape… sexchem (drogues), conduites addictives, exploitation sexuelle des mineur(e)s.

1.Le porno met parfois en image des pratiques violentes, douloureuses, humiliantes voire zoophiles

Il arrive régulièrement que des acteurs porno ou producteurs de porno soient mis en examen pour viols en réunion.

Dans son introduction, l’Académie de médecine précise que la pornographie a toujours existé et qu’elle est devenue une affaire d’argent : « Depuis les années 70 et la libération sexuelle, elle fait partie de notre société. Il est difficile d’affirmer si elle est plus violente ou extrême aujourd’hui. Néanmoins sa diffusion plus grande et plus facile inquiète (…). En effet, depuis l’avènement de la vidéo dans les années 1980 et encore plus dans les années 2000 avec internet et les nouveaux médias, on peut considérer que la pornographie est partout et surtout accessible même par des enfants en quelques clics. Les photos ou films pornographiques sont très facilement disponibles, même quand ils mettent en image des pratiques violentes, douloureuses, humiliantes voire zoophiles. Certaines, non moins accessibles, décrivent des viols. Le porno est devenu plus une affaire d’argent que de sexualité puisqu’il représente 25% du trafic web de vidéos dans le monde. » 

La première partie du rapport concerne « l’ampleur du phénomène chez l’enfant et l’adolescent, en particulier en France, et l’appréciation des évolutions récentes et préoccupantes qui peuvent émerger ». La seconde question analyse « les conséquences d’un accès ou d’une exposition précoce à la pornographie sur la sexualité future en termes d’attentes, de comportements ou de dynamique relationnelle ».

De plus, l’Académie de médecine fait le lien entre porno et comportements déviants : « Plus spécifiquement, la question se pose de savoir s’il existe une relation de cause à effet directe avec certaines problématiques de l’adolescent et du jeune adulte ayant trait à la sexualité et aux comportements déviants ».

En ce qui concerne l’âge, précise le rapport, cela commence très tôt : « les quelques études qui ont exploré les enfants d’âge pré-pubère (âgés de 1011 ans) montrent que l’accès volontaire à la pornographie est limité à 2 à 5 % chez les garçons et 1 % chez les filles » (à SOSporno.net, nous constatons souvent des débuts vers 12 ans). Néanmoins, ajoute l’étude, « la prévalence de l’exposition comme de l’accès augmente rapidement avec l’âge pour atteindre un plateau en dernière année de lycée ».

« Les données les plus importantes sont issues d’un sondage Ipsos réalisé en février 2017 pour l’Observatoire de la Parentalité et de l’Education Numérique sur un échantillon représentatif de 1005 adolescents et adolescentes âgés de 15 à 17 ans ». 

2. Le porno touche d’abord les garçons

Selon l’Académie de médecine, beaucoup de jeunes jugent avoir été exposées trop jeunes.

Sans surprise, les garçons sont également plus gros consommateurs avec 10 % de consommateurs réguliers (une fois par semaine). «  Parmi les garçons, on retrouve les différences d’exposition à la pornographie  : 26% des adolescents homosexuels interrogés et 25% des bisexuels (contre 9% des hétérosexuels); 25% des adolescents scolarisés en ZEP, contre 10% en zone non prioritaire; 23% des étudiants (contre 14% des collégiens et 9% des lycéens); 20% des adolescents ayant déjà eu un rapport sexuel (contre 7% de ceux n’en ayant jamais eu). La moitié des adolescents interrogés (53% des garçons et 52% des filles) a été exposée involontairement à la pornographie ».

« L’âge moyen du 1er visionnage est  de 13.9 ans chez les adolescents (les plus jeunes interrogés âgés de 15 ans), contre 14.7 ans chez ceux âgés de 17 ans, plus tôt à 13.6 ans chez les adolescents musulmans (contre 14.1 et 14.7 ans chez les athées et les catholiques respectivement); plus tôt à 13.6 ans et 13.8 ans chez les adolescents homosexuels et bisexuels respectivement (contre 14.4 ans chez les hétérosexuels) ».

Les circonstances du premier visionnage tel que les adolescents les déclarent dans l’enquête, « sont seul le plus souvent pour 64% des garçons et 47% des filles; ou en groupe avec un ou des ami(s) pour 31% des garçons et 36% des filles; avec le petit copain ou la petite copine pour 3% des garçons et 13% des filles; avec un membre de l’entourage familial (cousin, frère, sœur…) pour 1% des garçons et 4% des filles ».

Le rapport précise que plus de la moitié des jeunes (53% des garçons et 59% des filles) jugent avoir été trop jeunes lors de leur premier visionnage ; notons que 100% des jeunes filles non scolarisées, 100% des jeunes filles musulmanes, et 93% des adolescentes scolarisées en zone prioritaire jugent avoir été exposées trop jeunes.

L’addiction au porno s’installe souvent très tôt. Selon l’Académie de médecine, l’usage de drogues peut l’accompagner…

3. Le porno influence la sexualité des futurs adultes

La proportion d’adolescents pour qui l’exposition et l’accès à la pornographie ont participé à leur apprentissage de la sexualité « est très significative », souligne le rapport : « 48% des garçons (dont 10% considère l’influence importante) et 37% des filles (dont 3% considère l’influence importante) ». Cette proportion, précise l’Académie de médecine, « est plus importante chez les plus jeunes, chez ceux ayant déjà eu un rapport sexuel (55% chez les garçons et 44% chez les filles) ou chez ceux qui se sont déjà masturbés, chez les adolescents homosexuels ou bisexuels, chez les plus jeunes (collégiens), chez les adolescents scolarisés en zone prioritaire (73% contre 46%), et chez les musulmans (73% contre 48% chez les catholiques ou les sans religion) ».

4. Il existe un lien entre le porno et la violence dans notre société

« En parallèle de la simplification d’accès à la pornographie, on constate une exposition médiatique constante aux contenus violents et une régulation de la violence à partir de points de vue ou prises de position toujours plus polarisés », affirme également l’Académie de médecine. « Ces deux phénomènes ont aussi un impact sur les enfants et adolescents. Dès lors, il est difficile de faire un lien direct entre violence contemporaine et accès à la pornographie. Reste que dans des contextes de pratiques spécifiques (protection de l’enfance, victimologie, droit des victimes, enquête sur cas de viol ou d’abus sexuel intrafamilial…), sont parfois rapportées des violences accompagnées d’une consommation de contenus pornographiques par les auteurs seuls ou en compagnie des victimes ».

5. Les enfants peuvent « être changés » par la pornographie

« Près de 80% des jeunes interrogés pensent que les films pornographiques sont une caricature de la normalité des corps et des comportements », affirme l’Académie de médecine. « Néanmoins, les enfants et les adolescents peuvent tout autant apprendre de qu’être changés par la pornographie. Par ailleurs, la plupart des experts soulignent que la sexualité associée à la consommation de pornographie est déconnectée le plus souvent de tout sentiment affectif. »

6. Le porno engendre une soumission de la femme

Le porno, un esclavage ? Il y a bien soumission de la femme et pratiques à risques… selon l’Académie de médecine.

Le porno véhicule une vision de la femme comme objet sexuel, selon l’Académie de médecine :  « La pornographie dans son immense majorité promeut de forts stéréotypes de genre contribuant à montrer la femme comme un objet sexuel, croyance fréquente chez les garçons consommateurs. De manière générale, la pornographie contribue à une vision du monde moins progressiste en termes d’égalité de genre : l’homme y est volontiers dominant,la femme soumise. »

Enfin, notons que « les jeunes consommant régulièrement des médias pornographiques sont plus souvent susceptibles de déclarer avoir plusieurs partenaires, pratiquer du “sexe anal” ou consommer de l’alcool et des drogues. Ainsi, il semble que l’exposition et l’accès à la pornographie soient associés à des attitudes irréalistes au sujet de la sexualité (par exemple en termes de performances); à une sexualité plus permissive (par exemple en facilitant la pratique de la fellation ou de la sodomie); à une plus grande acceptation de la sexualité occasionnelle (avec ses retombées dommageables en termes de prévention des maladies sexuellement transmissibles et de recours à l’intervention volontaire de grossesse); et à une certaine maladresse dans les relations intimes à l’autre ».

7. Des pratiques nouvelles et comportements problématiques

La dernière partie du rapport évoque les pratiques nouvelles et comportements problématiques que sont le sexting (envoi de photos/vidéos de soi nu ou de tiers à d’autres personnes, c’est à dire sextape, sextos, etc.),  « les conduites addictives à la pornographie », ou encore le “chemsex” (usage de substances psychoactives avec du porno) et qui vont jusqu’à l’exploitation sexuelle des mineurs.

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Pour aller plus loin :

 

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Réseaux sociaux et messageries privées, nouveaux vecteurs du porno

Les réseaux sociaux et messageries privées sont devenus un vecteur grandissant de diffusion du porno, comme le souligne le rapport du Sénat du 28 septembre 2022 : « c’est le cas notamment de médias sociaux tels que Twitter ou Instagram ». S’agissant des messageries privées, les échanges et téléchargements de contenus pornographiques via WhatsApp ou Snapchat sont également de plus en plus fréquents, surtout au sein du public adolescent !

30 % des jeunes entre 15 et 17 ans ont déjà vu du contenu porno

Ainsi, une récente étude allemande publiée au mois d’avril 2022, sur les habitudes des adolescents français concernant la pornographie en ligne a révélé les résultats d’un sondage Ifop réalisé en avril 2021, auprès de 1 000 jeunes, âgés de 15 à 17 ans, selon lesquels :
30 % d’entre eux ont été exposés à du contenu sexuel explicite via des vidéos ou images pornographiques, directement sur les réseaux sociaux (Instagram, Twitter ou Reddit), sans passer par des sites pornographiques ;
– 24 % d’entre eux déclarent avoir été exposés à ce type de contenus en le recevant ou le téléchargeant via des messageries privées, telles que WhatsApp (propriété de Facebook) ou Snapchat ;
– 17,6 % d’entre eux ont visionné ce type de contenus sur YouTube ;
– 29,5 % d’entre eux déclarent également accéder à ce type de contenus via des moteurs de recherche sur Internet tels que Google.

Lors d’une table ronde organisée le 9 mars 2022 devant la délégation du Sénat, une actrice, réalisatrice et productrice de films pornographiques déclarait : « il n’est pas rare de trouver du contenu pornographique non flouté sur Twitter, même après plusieurs signalements. Twitter ne propose aucun dispositif pour réguler ces contenus, pas plus que Google, puisqu’il suffit de taper un mot clé à caractère sexuel dans la barre de recherche “ images ” pour découvrir des milliers de contenus pornographiques sans même avoir ouvert la moindre page d’un site porno. »

Les contenus pornographiques ou du moins en faisant la promotion ne sont également pas rares sur Instagram. Il convient néanmoins de noter qu’en septembre 2022 ce réseau social a décidé de supprimer le compte de la première plateforme de pornographie en ligne. Mais d’autres réseaux sociaux se penchent sur le porno…

Cette année, Twitter voulait se lancer dans le porno

Le 30 août 2022, Numérama nous révélait que Twitter souhaitait depuis le printemps 2022 lancer un concurrent de la première plateforme mondiale de partage de vidéos pornographiques, projet appelé ACM, pour Adult Content Monetization (monétisation du contenu adulte). En effet, les responsables de Twitter avaient constaté que les utilisateurs de cette plateforme de porno utilisaient presque tous Twitter pour trouver des “clients”. Alors Twitter a constitué une équipe de 84 employés chargés de se prononcer sur cette question : ils sont arrivés à la conclusion que les capacités de modération de Twitter étaient ridicules face aux risques engrangés par un tel service. En effet, Twitter se dit incapable de reconnaître du contenu pédopornographique ou de la violence sexuelle, ni ne connaît pas l’âge réel de ses utilisateurs. Ce qui pose tout de même question.

Les “tubes” Youtube, etc.

L’arrivée des tubes, véritables robinets à images pornographiques, a donc profondément bouleversé le secteur économique de la pornographie qui reposait auparavant essentiellement sur une consommation payante, à l’accès relativement encadré et règlementé, de contenus vidéos produits de manière « classique » par des entreprises fonctionnant sur le modèle de grandes productions cinéma. Le besoin massif de nouveaux contenus pour alimenter ces plateformes a notamment constitué le point de départ de pratiques favorisant les violences sexistes et sexuelles envers les femmes, leur exploitation sexuelle ainsi que la production de contenus de plus en plus « trash » et violents pour alimenter les intérêts économiques de cette véritable industrie du sexe.

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Le porno produit viols et traite des êtres humains

Maltraitances sexuelles, physiques et psychologiques, viols, prostitution donc traite des êtres humains. Le porno  serait-il un véritable esclavage ? Le Sénat n’en fait pas mystère, dès son introduction : « Ce rapport s’inscrit dans un contexte particulier, celui du traitement pénal, pour la première fois en France, de violences commises dans un contexte de pornographie sur des femmes victimes de graves maltraitances, sexuelles, physiques et psychologiques, perpétrées par des criminels de l’industrie pornographique, faisant aujourd’hui l’objet de diverses mises en examen, notamment pour viol, viol aggravé, complicité de viol avec acte de torture et de barbarie, traite des êtres humains aux fins de viol, proxénétisme ».

Céline Piques, porte-parole de l’association Osez le féminisme !, soulignait ainsi devant la délégation aux droits des femmes, le 20 janvier 2022 : « d’un point de vue juridique, les vidéos et leurs synopsis sont condamnables pour apologie de crime, de pédocriminalité, d’inceste, de haine raciale ou de lesbophobie. Ce sont toutes des incitations à commettre des crimes, punies par la loi. Les plateformes pourraient être poursuivies pour le caractère illégal de ces vidéos. »

La procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, lors de son audition par la délégation le 15 juin 2022, a rappelé pour sa part que « les incriminations applicables aux sites pornographiques violents sont nombreuses : viol aggravé, agression sexuelle, actes de torture et de barbarie, traite des êtres humains, proxénétisme. La lutte contre ces infractions est significative car le milieu pornographique est quasi-exclusivement celui de la violence ».

Une porosité avérée entre le monde de la prostitution et celui de la pornographie

Le Sénat souligne d’ailleurs une porosité avérée entre le monde de la prostitution et celui de la pornographie. De nombreux experts auditionnés par la délégation dans le cadre de ses travaux sur l’industrie de la pornographie ont fait état cette évidente porosité. C’est ainsi qu’Elvire Arrighi, chef de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) au ministère de l’Intérieur, a déclaré devant la délégation lors de son audition le 18 mai 2022, « la porosité entre le monde de la prostitution et celui de la pornographie est évidente. Mes enquêteurs, dans leur travail quotidien sur Internet pour démanteler des réseaux de proxénétisme, tombent très régulièrement sur des annonces vantant l’expérience des prostituées dans le domaine de la pornographie. Il y a un acronyme bien connu : PSE, à savoir porn star experience, ce qui veut tout dire. L’intersection est incontestable : celles qui sont exploitées dans le domaine de la prostitution le sont également régulièrement dans le cadre de la pornographie. »

Le caractère « prostitutionnel » de la pornographie

Sonny Perseil, docteur HDR en science politique, chercheur au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), a présenté à la délégation, lors de son audition le 3 février 2022, le résultat de ses recherches sur les « cadres de la pornographie » et fait état du caractère prostitutionnel de la pornographie : « quand des personnes acceptent contre rétribution de réaliser des prestations sexuelles – ce qui est le cas parfois pour des films présentés par leur marketing comme amateurs –, on peut commencer à parler de prostitution. En plus de ce premier niveau d’explication par la définition même de la prostitution en tant qu’acte sexuel tarifé, tout un faisceau d’indices a conduit à établir plus rigoureusement cette qualification prostitutionnelle. »

De la prostitution de rue aux “escorts girls” en ligne

Le rapport du Sénat souligne aussi que l’évolution des pratiques prostitutionnelles caractérisée, notamment, par un déplacement de la prostitution de rue vers la prostitution dans des appartements privés avec une mise en relation directe du client et de la personne prostituée via des sites de petites annonces, alimente les liens de plus en plus étroits qui existent entre l’activité prostitutionnelle et la pornographie. Ainsi que le soulignait également Sonny Perseil devant la délégation du Sénat le 3 février 2022, « en France, l’activité prostitutionnelle a largement abandonné la rue pour investir en masse les sites Internet d’escorts. S’agissant de ces derniers, il est intéressant de noter l’influence de la pornographie sur l’offre de services sexuels, l’acronyme PSE – Porn Star Experience – décrivant bien la tendance des prostituées comme des clients d’offrir et de demander, sur le marché des échanges économico-sexuels, des performances autrefois réservées aux hardeurs. Ainsi, l’activité pornographique paraît avoir un effet direct sur le marché de la prostitution. »

Les webcams, hybridation emblématique entre prostitution et pornographie

Le chercheur Sonny Perseil a également évoqué l’apparition récente d’une forme alternative de commercialisation de contenus pornographiques sur Internet : les webcams qu’il a qualifié d’activité « emblématique car parfaitement hybride entre prostitution et pornographie. Si le client reste devant son écran, afin d’obtenir une forme de jouissance, il a la possibilité de guider et de solliciter des actes sexuels accomplis par une hôtesse. Ce n’est pas la première fois que des contacts directs entre un client et une actrice pornographique sont constatés. (…) cette systématisation de l’interaction entre un client extérieur au champ professionnel de la pornographie et une femme qui joue devant son écran avec les usagers – en leur parlant, en exécutant leurs demandes sexuelles personnalisées, seule, avec des accessoires ou des partenaires – finit de démontrer la confusion entre pornographie et prostitution. »

Porno et traite des êtres humains, deux univers poreux

Sur le terrain, l’enquête du journaliste Robin D’Angelo, auditionné par la délégation, a également révélé des liens évidents entre pornographie et prostitution, ainsi qu’il en faisait état devant la délégation le 17 février 2022 : « j’ai recueilli beaucoup de témoignages de femmes en situation de prostitution, à qui un client a proposé de rencontrer une connaissance qui produit du porno. C’est ainsi qu’on passe d’un univers à l’autre. Les producteurs ont pour objectif de toujours recruter de nouvelles femmes pour alimenter en permanence le flux des tubes.

Lorsque des sites web publiaient des annonces de prostitution, ils allaient contacter en masse les femmes qui se prostituaient sur ces sites pour les recruter. La passerelle est évidente. D’ailleurs, beaucoup d’actrices pornographiques ne peuvent pas vivre uniquement de ces tournages et officient en tant que gogo danseuses dans des boîtes de nuit, ou se prostituent à côté. Le “ travail du sexe ” est à 360 degrés. Les liens sont très forts ».

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Que faire lorsque son conjoint regarde de la pornographie ?

“Je le sais, je le sens, mon conjoint(e) regarde de la pornographie !” Cette idée vous est déjà passée par la tête ? Vous ne vous sentez pas bien, et vous ne savez pas quoi faire ? 

C’est normal, cette situation n’est pas celle que vous désirez pour votre vie de couple et cela vous attriste.

Votre première réaction sera peut-être de vouloir le confronter, mais il est possible qu’il nie. Il dira peut-être que c’est quelqu’un d’autre qui a utilisé son ordinateur/téléphone. Peut-être qu’il vous dira qu’il savait que vous l’espionniez et qu’aller sur ce site vous embêterait.

Peu importe pourquoi votre mari ou votre femme vous ment par rapport à son addiction à la pornographie, sachez que mentir est difficile pour tous.
Votre mariage n’est pourtant pas sans espoir. Cela va demander du temps, des compromis et du travail de votre part à tous les deux mais votre mariage, votre couple peut être restauré !

Que faut-il faire si votre mari/femme regarde de la pornographie ?

  1. Confrontation dans la douceur : Lui en parler

Si vous venez de le découvrir, prenez du temps pour digérer la nouvelle. La pornographie crée un sentiment de honte chez la personne qui la regarde. Si votre conjoint(e) se sent attaqué(e) sur sa fragilité, il/elle se braquera et ne voudra pas en parler. Cela se transformerait en conflit et ce n’est pas ce que vous recherchez.

Confrontez cette situation dans la douceur et réagissez avec amour. Cela n’est pas toujours facile car vous vous sentez sûrement blessé(e) par cette habitude prise. Gardez courage !

2. Être dans une disposition d’écoute

Si votre conjoint(e) consomme régulièrement des contenus pornographiques, sachez que le problème remonte sûrement à quelques années. C’était peut-être déjà le cas avant que vous vous rencontriez.
Essayez de dire à votre conjoint(e) que vous êtes là pour l’aider et l’écouter. Parfois, en parler est un début de chemin de guérison.

Tout en restant dans une disposition d’écoute, c’est-à-dire, ne pas juger ce qu’il/elle va dire, ne pas interrompre le temps de parole et bien veiller à ce que chacun ait un temps de parole égal.

Essayez de comprendre comment il en est arrivé là. Trop de pression au travail ? Un stress immense ? Un moment de défoulement ou un temps de refuge lorsqu’il se sent découragé ? Ou tout simplement de la curiosité ?

3. Orienter votre conjoint(e) vers un spécialiste

Après en avoir discuté en couple, vous pouvez proposer à votre conjoint(e) d’aller voir un spécialiste. Il existe des coachs/thérapeutes spécialisés dans l’addiction à la pornographie et la masturbation.
Vous pouvez aussi consulter ensemble une conseillère conjugale si vous jugez bon de prendre un temps pour votre couple. Prenez cette décision à deux et n’imposez pas ce genre de thérapie à votre moitié. Cela pourrait le/la braquer et l’enfermer encore plus dans sa solitude.

4. Ne vous sentez pas coupable si votre conjoint(e) regarde de la pornographie

Apprendre que son conjoint est Addict à la pornographie peut vous faire entrer dans une démarche de prise de responsabilité ou encore de culpabilité. Un de vos réflexes sera sûrement de vous dire que vous pouvez “réparer” votre moitié. Voici quelques points que vous devez réaliser :

  • Il/Elle utilise de la pornographie pour une certaine raison et cela remonte certainement à bien avant votre rencontre
  • Il ne quittera la pornographie uniquement s’il le désire. Vous pouvez l’aider et motiver sa décision mais vous ne pourrez pas le forcer à le faire.
  • Prendre toute la responsabilité sur la guérison pourrait vous faire changer de rôle et passer d’épouse à mère ou policier.
  • Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas un top model que votre conjoint(e) consomme de la pornographie.

Lire aussi : Face au porno, comment réagir ?

Dans tous les cas, ne restez pas seule dans cette épreuve et parlez-en à quelqu’un de confiance. Sur ce site, des bénévoles sont disponibles pour vous écouter. Toutes les conversations sont anonymes et confidentielles. Nous sommes vraiment là pour vous !

 

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« Pourquoi je continue à tomber malgré mes efforts ? »

C’est une question que tu te poses ? Tu fais des efforts pour sortir du porno mais tu n’y arrives pas ?
Il s’agit d’abord d’identifier pourquoi tu retombes et d’avoir les billes pour savoir réagir dans ces cas là.

Sais-tu pourquoi tu retombes encore et encore ? 

Parce qu’à chaque fois que tu te dis: «Je ne tomberai plus dans la pornographie», tu ne la remplaces pas par une autre activité, cela crée un vide dans ton emploi du temps, un manque dans ton corps.  

Sache que le corps a horreur du vide, il est à la recherche perpétuelle du plaisir, du coup si tu ne te décides pas de remplacer ce vide par toi même, ton corps va s’en charger à ta place.

Et pour ton corps, cela est extrêmement simple, tu le faisais déjà et tu y prenais du plaisir, pourquoi arrêter ? Pourquoi se priver de ce plaisir ? Et donc il te dira, «Regarde encore une fois, ça sera la dernière, cette fois ci, tu en auras pour ton compte et ça sera tout». 

Tu seras tellement exposé à ce genre de pensées que tu vas finir par céder. 

C’est ainsi que tu te retrouves à tomber encore et encore. Un cycle sans fin…

Que faire dans ce cas ?

Comment renforcer tes efforts pour sortir du porno ?

Tu dois obligatoirement combler ce vide pour que ton corps soit en équilibre, pour que ton corps ne sente plus ce manque récurrent. 

Il y a d’une part: «arrêter d’aller dans les sites pornographiques et de s’exposer aux images à caractère pornographique» et aussi d’autre part «remplacer cela par d’autres activités qui vont te régénérer et briser cette dépendance ».

Concrètement, ce temps que tu déployais pour te détruire, tu peux maintenant l’utiliser pour te rebâtir en lisant la Bible par exemple, en priant, en faisant du sport, en profitant au maximum de ta famille, de tes amis, de tes collègues, en te concentrer sur tes projets à court et à long terme, en te forgeant carrément une mentalité … 

C’est en faisant ce qu’il faut faire que tu n’auras plus le temps de faire ce qu’il ne faut pas faire.

Pour qu’il y ait un changement réel et définitif, tu dois être conscient que tu es encore vulnérable, tu seras toujours tenter d’y retourner et donc tu dois obligatoirement adopter la bonne attitude, en évitant au maximum de t’exposer aux images et aux pensées qui peuvent te ramener vers la pornographie et aussi et surtout, diriger tes pensées, ta réflexion, ton esprit vers des activités positives et régénératrices.

Pour sortir de la pornographie, voici les 10 meilleures méthodes.

N’hésite pas aussi à nous parler via le chat (anonyme et gratuit), à nous poser tes questions. Nous sommes-là pour toi !

Sir Josaphat Bakajika
@Sir_Josaphat_B

porno-et-sexualite
Actus

Le porno déconstruit la sexualité et la vide de l’intérieur

Le porno s’affiche partout. Banalisé, il impose ses stéréotypes sexuels à de jeunes ou moins jeunes. Pourtant, loin de permettre l’accession à une sexualité variée, la pornographie emprisonne l’individu dans des schémas réducteurs, le privant de la richesse de ses fantasmes.

Comme le précise la philosophe Michela Marzano dans son ouvrage Alice au pays du porno, le terme pornographie signifie selon l’étymologie grecque “un écrit concernant les prostitués”. À partir du XVIIIe siècle, ce mot est utilisé pour indiquer les représentations explicites des organes ou des actes sexuels. Cependant la pornographie va bien au-delà de cette représentation car elle présente l’acte sexuel dans son intégralité en effaçant tout ce qui l’entoure. L’acte sexuel n’y est pas représenté comme le fruit d’une rencontre. “La personne est réduite à son corps et son corps est vécu comme un objet sans intentionnalité”, explique la philosophe. “Il n’est plus qu’une chose interchangeable. Au point que ce n’est plus cette personne que l’on désire mais un corps qu’on veut utiliser afin de jouir.” L’acte sexuel se résume à une performance physique. En caricaturant un certain nombre de comportements sexuels, la pornographie frappe le spectateur en créant en lui une impression forte et durable. Nombre d’adolescents reconnaissent être marqués par les images pornographiques. “Il m’est arrivé de regarder des passages d’un film porno”, confie Gaëlle, 16 ans. “J’ai trouvé cela très violent. J’ai été choquée par certaines images qui m’ont poursuivie longtemps.”

Entre séduction et répulsion

“L’adolescent regarde les images pornographiques comme une anticipation de la sexualité génitale à laquelle il est en train d’accéder et il est porté à leur donner une place excessive”, souligne le psychanalyste Gérard Bonnet dans son ouvrage Défi à la pudeur. “On a visionné une cassette juste pour rigoler”, relate Yannick, 17 ans. “On était en groupe et ça nous a excités.” La pornographie crée chez les jeunes une véritable ambivalence. Ils sont à la fois séduits par ces images, car elles leur procurent des sensations fortes, et bouleversés, parce qu’ils reconnaissent que les scénarios sont violents et fondés sur la domination et la possession. Ils se retrouvent alors dans une impasse, ce qui les amène parfois à séparer totalement l’affectif et le sexuel.

Préserver sa sexualité

Malgré les discours de certains libertaires très “tendance”, la pornographie ne permet pas d’accéder à une sexualité libre et épanouissante. Elle risque même d’appauvrir l’imaginaire sexuel du jeune adolescent. Car la pornographie ne donne pas à voir la sexualité dans sa globalité. Comme l’explique Michela Marzano : “En voulant tout montrer, la pornographie ne fait que déconstruire la sexualité en la vidant de l’intérieur.” La sexualité est une énergie au service de la relation. Elle est faite de mystère, de désir, de peurs et d’attentes mais aussi de manque. Elle sollicite notre personne dans sa totalité car elle est union du corps, du cœur et de l’esprit. Elle fait appel à nos cinq sens mais aussi à notre imaginaire peuplé de fantasmes extraordinaires. Sachons donc la préserver et refusons l’envahissement pornographique que la société nous impose.

Et toi, qu’en penses-tu ? T’arrive-t-il de regarder du porno ? Viens en parler avec nous sur le live chat’ ! (discussion anonyme et gratuite)

Pour aller plus loin :


Source :d’après un article d’Il est vivant! paru en février 2007.

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Foire aux questions

Regarder du porno, qu’est-ce que ça fait ?

Regarder du porno, qu’il s’agisse d’images pornographiques ou même de vidéos porno, fausse le regard et rend incapable d’avoir une relation normale avec les hommes ou les femmes. Cela détruit l’amour.

En effet, insidieusement, jour après jour, à force de regarder du porno, nous allons considérer la femme ou l’homme comme un objet de consommation au service de notre plaisir. Au lieu de découvrir notre fiancé(e) ou notre femme (ou notre mari) dans toute la dimension de sa personnalité, avec son corps, son esprit, son cœur, son intelligence, sa sensibilité… nous allons tout ramener à une seule recherche : le plaisir du corps.

Dans nos relations avec des amis ou dans le milieu professionnel, plus on continuer à regarder du porno, plus notre attitude sera focalisée sur le sexe, par notre mémoire “imbibée“ d’images érotiques. Les rapports avec les autres deviendront ambigus.

Dans le couple, la pornographie détruit l’amour. En effet, le véritable amour est don de soi, écoute de l’autre, délicatesse, tendresse, attention à l’autre. Et notre cœur peut devenir aveugle, étouffé par la tristesse et le dégoût qu’engendre l’érotisme.

Nous pouvons nous en rendre compte, Dieu, le Créateur, a inscrit au fond de notre être une aspiration à la pureté. Cette aspiration demeure toujours en nous, même si nous l’avons beaucoup abîmée. Il est possible de retrouver cette pureté, où que nous en soyons. Tout d’abord par le pardon de Dieu. Puis dans la vie de tous les jours, par la garde du cœur : c’est une attitude intérieure qui consiste à écarter simplement, mais fermement tout ce qui peut ternir notre cœur (détourner un regard, couper court à une rêverie, ne pas regarder une revue, une affiche, …). Soyons-en certains. Peu à peu, notre bonne volonté prendra le dessus et nous retrouverons la paix et la joie du cœur.

Témoignage d’Etienne

Claire et moi avons vécu les deux premières années de notre mariage en jeune couple “moderne“ : sorties, amis, vidéos, cinéma… Nous voulions tout voir, tout connaître. C’est ainsi que nous sommes allés voir des films érotiques. Nous riions beaucoup en rentrant de ces séances, masquant ainsi un certain trouble, un certain dégoût. Nous ne voulions pas nous laisser prendre par la culpabilité. En fait, dans nos rencontres sexuelles, ce n’était plus tout à fait Claire que je voyais et inversement. Des images s’imposaient à nous, très insidieusement et, en définitive, nous éloignaient l’un de l’autre. C’est à la suite d’une lourde épreuve familiale que nous avons été conduits à nous poser des questions sur nous-mêmes et sur notre vie. Nous avons réalisé que ces images, conservées dans notre mémoire, étaient en train d’étouffer notre amour. Nous avons décidé de ne plus aller en voir, et d’une façon générale, de ne plus “gober“ tout ce qui se présentait à nous du moment que c’était à la mode ! Cela nous a permis d’avoir une vie plus conforme à ce que nous désirions réellement.

Et toi, qu’en penses-tu ? Viens en parler avec nous sur le chat’ (discussion anonyme et bienveillante) :

Lire aussi : Que penser de la masturbation à deux ?

Pour aller plus loin :

 

Source : d’après un article d’Il est vivant!, hors série juillet 2007 “50 questions sur la vie et l’amour”

 

porno brise la rencontre
Porno

Le porno brise-t-il le risque de la rencontre ?

Le porno ne brise pas complètement la rencontre, mais il atténue les chances de la véritable rencontre. On va vous expliquer comment.

  • Le porno consomme du temps

La consommation de pornographie vise à rechercher la jouissance pour compenser des pulsions qui sont souvent le résultat d’un mal être, de stress, d’un manque de virilité, de fatigue excessive ou d’un mauvais soin de son corps.

Cette consommation entraine d’une part une habitude, et d’autre part un besoin de plus en plus élevé, car elle fonctionne sur le même principe que la drogue. Le temps passé à consommer du porno est au détriment d’autres activités déclinées, qui limitent mathématiquement les rencontres amicales, et plus si affinité.

  • Risque d’isolement et d’autosatisfaction

isolementL’accoutumance et la jouissance individuelle sans contrainte d’une autre personne peut inciter à se satisfaire de la situation et à ne pas en chercher une autre. Prendre le risque d’une rencontre puis de construire une relation d’amitié ou de couple implique des adaptations à l’autre personne. Cette attitude peut être plus difficile à avoir si l’on est habitué à un mode de vie de jouissance sans contrainte où en consommateur on sélectionne sa marchandise de porno de façon unilatérale. 

  • Baser la relation principalement sur l’aspect sexuel potentiel

L’habitude du porno, avec l’effet « drogue », développe un besoin de plus en plus élevé. Cette dépendance va affecter votre regard et vos attentes par rapport aux personnes rencontrées. Les personnes seront jugées par comparaison aux modèles des acteurs et actrices porno et vous risquez de briser prématurément des rencontres et passer à côté du conjoint de votre vie, alors que le porno n’est pas un référentiel de la vraie vie.

  • Que va penser votre futur conjoint ?

Si vous parvenez à une rencontre qui débouche sur une relation, que va penser votre conjoint ? Être vexé conjoint rencontre briseou dégouté de la comparaison ? Et s’il ou elle découvre votre consommation de porno par hasard ? Le mieux si vous n’arrivez pas à en sortir avant une rencontre, c’est d’en parler à votre conjoint pour avoir son appui pour en sortir. Contrairement aux modèles de la société qui incitent à donner une image idéalisée de soi, le partage des blessures renforce souvent le lien entre les personnes car c’est une marque de confiance et d’honnêteté.

 Et ce combat mené ensemble peut souder votre couple, et donc faire sortir un bien d’un mal.

Si vous n’avez pas de conjoint pour mener ce combat, venez discuter sur le live chat’, nous vous épaulerons dans ce combat :

Viens en parler avec nous sur le chat’ ! (écoute anonyme et gratuite) :

Pour aller plus loin :

pornographie péché
Porno

La pornographie, est-ce un péché ?

La pornographie est omniprésente dans notre monde et tout spécialement sur Internet. Très peu de gens n’ont jamais vu de pornographie et presque personne ignore son existence. Son influence sur nos sociétés n’est pas encore pleinement connue, mais elle est indéniable. Si cette réalité apparaît pour beaucoup comme une banalité, beaucoup d’autres y perçoivent une activité destructrice. Cependant, que penser de la pornographie ? Est-elle un péché, pour reprendre un mot traditionnel de l’Église ?

Qu’est-ce qu’un péché ? Quelques éclaircissements

Avant de parler de la pornographie, commençons par comprendre ce qu’est un péché. Si ce mot est familier de plusieurs, son sens ne l’est pas toujours. Tout d’abord, dans son sens fondamental, le mot « péché » désigne une action humaine qui est mauvaise, qui n’est pas bonne. Autrement dit, pécher, c’est commettre une action défectueuse, privée de la bonté qu’elle devrait avoir. En ce sens, on va dire qu’une œuvre sans faute est « impeccable », ce qui dérive de « peccare », le verbe latin signifiant « pécher ».

Cependant, comment déterminer qu’un acte est bon ou mauvais ? On doit procéder dans la vie morale comme dans les autres domaines : en ne perdant pas de vue la fin, le but! C’est en fonction de la fin d’une chose qu’on peut dire qu’une activité est bonne ou mauvaise. C’est parce qu’un lave-linge possède une fin – laver le linge – qu’on peut dire s’il est bon ou mauvais. 

De même, c’est parce que l’archer possède un but – atteindre une cible – qu’on peut juger si ces tirs sont bons ou mauvais. Ainsi, c’est en saisissant quelle est la finalité de l’homme et de ses actes qu’on peut juger ce qui est de l’ordre du péché. Par exemple, dans la mesure où le but de l’intelligence est de connaître la vérité, c’est un mal et un péché pour l’homme de mentir ou de cultiver l’ignorance.

Dans son sens plus précis, le mot « péché » désigne non seulement une action mauvaise, une faute, mais plus encore un manquement à l’égard de Dieu. Autrement dit, le péché n’a pas qu’une dimension humaine, mais il a aussi une dimension religieuse. Dans la mesure où Dieu a créé l’homme et qu’il est sa fin ultime, son véritable bonheur, l’homme offense Dieu en agissant à l’encontre de ce pour quoi il a été fait. Pour prendre une analogie, l’homme qui pèche est semblable au fils qui ne suit pas les consignes de son père et qui mange jusqu’à se rendre malade. En plus de s’opposer à son vrai bien, un tel enfant atteint son père en s’opposant à ce qu’il veut pour son fils : son vrai bien!

La pornographie vue en elle-même et dans ses conséquences

Après avoir clarifié quelque peu la notion de péché, que penser plus précisément de la pornographie ? Est-elle un péché ? Pour y voir plus clair sur ce sujet, commençons par préciser ce qu’est la pornographie et la sexualité humaine.

Dans son sens le plus général, la pornographie est une représentation visuelle ou sonore de réalités sexuelles dont l’intention est de provoquer l’excitation sexuelle du public. Le terme « sexualité » a quant à lui plusieurs sens. Tout d’abord, la sexualité fait référence aux sexes masculin et féminin, à ce qui les distinguent et leur permet de s’unir et de se reproduire. Ensuite, la sexualité va désigner plus spécifiquement les actes par lesquels l’homme et la femme s’unissent et se reproduisent, leurs rapports proprement sexuels. Ce bref regard sur la sexualité nous permet d’y déceler deux fins principales : donner la vie (procréation) et unir profondément l’homme et la femme (union). Alors que le premier but de la sexualité est commun avec les animaux, le deuxième est plus spécifiquement humain et fait référence à notre capacité d’aimer et de se donner. 

relation homme femme

Lorsqu’on a à l’esprit ce qu’est la pornographie et la sexualité humaine, on voit bien que la première pèche en contredisant le but profond des relations sexuelles. En effet, la sexualité cesse d’être vécue comme une activité intime où l’homme et la femme s’ouvrent à la vie et visent à faire grandir leur union amoureuse. Cependant, pour mieux juger du dérèglement que la pornographie entraine, il est bon de la regarder dans ses conséquences sur nous-même, sur les autres et sur Dieu. Des études récentes ont justement aidé à mieux mettre en lumière les impacts nocifs de la pornographie.

Premièrement, la pornographie affecte profondément les producteurs et les consommateurs eux-mêmes. En effet, chez les premiers, la sexualité cesse d’être le lieu d’un don intime, mais devient plutôt le lieu de l’utilisation et de l’exhibition.  Quant au consommateur, il est plongé dans un plaisir solitaire qui ne l’ouvre pas à de véritables relations, mais le replie sur lui-même. De plus, les récentes études montrent bien comment la nouvelle forme de pornographie – massivement distribuée sur internet – affecte profondément notre cerveau et crée de profondes addictions, du stress, etc. Ainsi, la pornographie blesse les individus qui la produisent et la consomment en transformant sérieusement leur perception et leur rapport à la sexualité.

Deuxièmement, la pornographie n’affecte pas seulement ceux qui la produisent ou la consomment, mais aussi les autres membres de nos sociétés. En effet, au sein du couple, la pornographie blesse la capacité à avoir une relation d’amour et d’intimité et même cause des dysfonctions et des insatisfactions sexuelles. Également, la pornographie amène de profondes modifications sociales, car elle pousse à voir et à traiter les autres comme des objets sexuels, elle stimule le trafic sexuel, elle promeut la violence sexuelle, etc. Ainsi, les conséquences de la pornographie sont loin d’être uniquement individuelles, mais sont profondément sociales. 

Troisièmement, la pornographie brouille le rapport à Dieu, car elle dévisage son chef d’œuvre qu’est la sexualité. En effet, la relation sexuelle entre l’homme et la femme vécue dans l’ouverture à la vie et dans une profonde union rend visible l’amour et la fécondité de Dieu. 

Ainsi, la pornographie blesse la relation des hommes à leur créateur, car elle les empêche de reconnaitre l’amour de Dieu manifesté dans la sexualité. À l’instar d’un père pour ses enfants, Dieu s’attriste de voir les hommes défigurer un des plus beaux héritages qu’il leur a donnés pour qu’ils puissent le connaître et l’aimer.

De la pornographie à Jésus-Christ

En somme, la pornographie est un péché en ce qu’elle porte atteinte, individuellement et socialement, à ce trésor humain qu’est la relation sexuelle, chef d’œuvre de Dieu orienté vers le partage de la vie et l’union de l’homme et de la femme. 

Cependant, il ne faut pas oublier que cette défiguration de la sexualité n’est pas le premier mot de l’histoire et n’en est pas non plus le dernier. Quand on découvre la laideur de la pornographie et de ses conséquences, on peut éprouver une légitime et profonde tristesse. Je l’ai moi-même connue. Cependant, cette dernière ne devrait pas nous conduire au désespoir et au repliement sur soi, mais plutôt au repentir et à l’amour de Dieu. En effet, c’est pour nous libérer de nos péchés et nous rétablir dans l’amour véritable et originel, que Dieu nous envoyé son Fils. 

Comme Jésus nous l’a dit, « ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades » et c’est pourquoi il est « venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs » (Mc 2, 17). 

Dans le Christ Jésus, nous avons non seulement le modèle de l’amour véritable, mais nous trouvons en plus Celui qui veut et qui peut nous guérir et nous faire vivre cet amour.

main jésus christ

 

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Notes

Ce que dit le catéchisme de l’Eglise catholique de la luxure et de la masturbation :

§2351
La luxure est un désir désordonné ou une jouissance déréglée du plaisir vénérien. Le plaisir sexuel est moralement désordonnée, quand il est recherché pour lui-même, isolé des finalités de procréation et d’union.

§2352
Par la masturbation, il faut entendre l’excitation volontaire des organes génitaux, afin d’en retirer un plaisir vénérien. «Dans la ligne d’une tradition constante, tant le magistère de l’Église que le sens moral des fidèles ont affirmé sans hésitation que la masturbation est un acte intrinsèquement et gravement désordonné». «Quel qu’en soit le motif, l’usage délibéré de la faculté sexuelle en dehors des rapports conjugaux normaux en contredit la finalité». La jouissance sexuelle y est recherchée en dehors de «la relation sexuelle requise par l’ordre moral, celle qui réalise, dans le contexte d’un amour vrai, le sens intégral de la donation mutuelle et de la procréation humaine» (CDF, décl. «Persona humana» 9).

Pour former un jugement équitable sur la responsabilité morale des sujets et pour orienter l’action pastorale, on tiendra compte de l’immaturité affective, de la force des habitudes contractées, de l’état d’angoisse ou des autres facteurs psychiques ou sociaux qui peuvent atténuer, voire même réduire au minimum la culpabilité morale.