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Les principales plateformes de porno réactivées en France

Les sites You***, Porn*** et ***tube ont été réactivés en France par leur propriétaire, après la suspension, par la justice française, de l’arrêté imposant aux plateformes pornographiques situées dans l’union européenne de vérifier l’âge de leurs utilisateurs.

La décision du tribunal administratif de Paris, qui a suspendu, lundi, l’arrêté dans l’attente de voir s’il était compatible avec le droit européen, « offre l’occasion de reconsidérer des approches plus efficaces », explique un message sur la page d’accueil des trois sites, qui appartiennent à l’entreprise Aylo. Le gouvernement français a, pour sa part, annoncé son souhait de se pourvoir en cassation devant le Conseil d’état.

Plus efficaces ? Aux Etats-Unis, l’accès restreint aux sites pornos porte du fruit !

Le bras de fer continue…

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Pour aller plus loin :

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L’industrie du porno initie des procédures partout en Europe afin de faire tomber tout obstacle à son expansion

Vendredi 19 juin, par suite d’une ordonnance suspendant un arrêté interministériel leur imposant de vérifier l’âge de leurs utilisateurs, plusieurs sites pornographiques ont fait leur retour en France. Leurs propriétaires s’engouffrent habilement dans les failles de notre droit, alerte le juriste Nicolas Bauer dans Le Figaro. La loi du 30 juillet 2020 a pourtant précisé, à destination des sites pornographiques, que cocher une case ’’J’ai 18 ans’’ ou entrer une date de naissance ne suffit pas.

Nicolas Bauer est chercheur associé au European Centre for Law and Justice (ECLJ), organisation non gouvernementale qui est intervenue en tant que tierce partie dans une centaine d’affaires à la CEDH.

Le Figaro : Vendredi 20 juin, à la suite d’une décision favorable du tribunal administratif, le groupe Aylo annonçait que ses sites (You***, Porn*** et Red***) seraient de nouveau accessibles en France. Pouvez-vous nous rappeler la chronologie et les raisons de ce retrait très temporaire ?

Nicolas Bauer : La loi française interdit de diffuser de la pornographie lorsque celle-ci est susceptible d’être vue par un mineur (article 227-24 du Code pénal). Or, non seulement la pornographie est très facilement accessible, mais la première exposition à la pornographie est accidentelle pour 40 à 70% des adolescents. Par conséquent, selon l’ARCOM, 40% des mineurs accèdent à des sites pornographiques chaque mois. Les mineurs représentent en moyenne 12% de l’audience de ces sites, et 17% pour une plateforme comme Porn***, puis restent généralement consommateurs une fois devenus adultes. Ces réalités montrent que l’interdiction de diffuser de la pornographie aux mineurs n’est pas appliquée.

La loi du 30 juillet 2020 a confié à l’ARCOM le pouvoir de faire appliquer cette interdiction. Elle a aussi précisé, à destination des sites pornographiques, que cocher une case « J’ai 18 ans » ou entrer une date de naissance ne suffit pas. La loi exige un véritable système de contrôle de l’âge. Cinq sites, dont Porn***, ont été mis en demeure fin 2021 par le régulateur de l’audiovisuel. Face à leur inertie, le président de l’ARCOM a saisi le tribunal judiciaire de Paris en mars 2022 en vue de leur blocage par les fournisseurs d’accès à internet. Cela n’a pas abouti.

La loi du 21 mai 2024, dite SREN, a doté l’ARCOM d’un pouvoir supplémentaire : celui de sanctionner et de bloquer les sites qui ne se conforment pas à l’obligation de vérification d’âge. Dès les mois suivants, le régulateur de l’audiovisuel a ordonné le blocage de plusieurs sites récalcitrants. Un arrêté ministériel, entré en vigueur le 7 juin 2025, a ensuite étendu les pouvoirs de l’ARCOM aux sites hébergés dans un autre pays de l’Union européenne. C’est le cas notamment des sites du groupe Aylo, basé au Luxembourg et qui revendique sept millions de visiteurs quotidiens en France.

“Le juge a préféré protéger l’activité des sites pornographiques, dans l’attente d’une future décision sur le fond”
Nicolas Bauer

Le 4 juin 2025, protestant contre l’arrêté qui allait entrer en vigueur, le groupe Aylo a annoncé la suspension en France de ses trois sites pornographiques. Cette décision a été saluée par les associations de protection de l’enfance ainsi que par celles luttant contre les violences sexuelles contre les femmes. Le 16 juin, le tribunal administratif de Paris a suspendu l’arrêté en cause, par une ordonnance en référé-liberté, c’est-à-dire prononcée en urgence. Le juge a préféré protéger l’activité des sites pornographiques, dans l’attente d’une future décision sur le fond. Le groupe Aylo a donc pu légalement remettre en ligne You***, Porn*** et Red***.

Le gouvernement va se pourvoir en cassation pour faire annuler la décision du TA. Ce pourvoi vous semble-t-il avoir des chances de succès ? Quoi que dise le Conseil d’État, cette situation n’est-elle pas cruellement révélatrice de l’impuissance publique à lutter contre l’exposition des jeunes à la pornographie ?

L’ordonnance du tribunal administratif prête à discussion. D’une part, le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant protège tous les mineurs, jusqu’à 18 ans, et s’applique pour toute décision qui les concerne. D’autre part, il existe des solutions techniques permettant de concilier l’intérêt supérieur de l’enfant avec les « libertés des adultes ».

Il est ainsi possible de recourir au système de la vérification « en double anonymat », selon lequel l’attestation de majorité est délivrée par un tiers, qui ne sait pas ce pour quoi elle va être utilisée, tandis que le site pornographique reçoit uniquement l’attestation, sans accéder à l’identité de l’utilisateur. Un tel système est compatible avec la protection des données et le respect dû à la vie privée, mais le tribunal administratif ne s’est pas prononcé sur ce point précis. Plusieurs solutions existent, qui présentent des avantages et des inconvénients documentés (Priscille Kulczyk, rapport Mieux réglementer l’accès à la pornographie, 2023).

L’objectif de protection des mineurs se heurte aux intérêts de l’industrie de la pornographie. Celle-ci tire profit du fait qu’une partie des consommateurs parvient aisément à contourner les restrictions imposées par les pouvoirs publics, notamment en utilisant des VPN, qui permettent de se connecter comme si l’on se trouvait à l’étranger.

Par ailleurs, cette industrie initie de multiples procédures partout en Europe, afin de faire tomber tout obstacle à son expansion. Cela vaut même pour les groupes qui collaborent avec les pouvoirs publics et s’efforcent de projeter une image « propre » et éthique. J’en ai personnellement fait l’expérience après avoir mentionné la société Dorcel dans quatre médias, dont Le Figaro. L’avocat de Dorcel a alors mis en demeure ces rédactions de retirer le contenu publié, et m’a adressé un courriel me menaçant de poursuites pour diffamation. Seul Le Figaro a résisté à cette tentative d’intimidation, en maintenant l’article en ligne – aucune procédure judiciaire n’ayant finalement été engagée.

Le Figaro : La loi française permet à l’ARCOM d’agir contre les sites pornographiques domiciliés en France ou hors de l’Union européenne, mais la décision du tribunal administratif montre que cela est plus complexe pour les sites établis dans un pays de l’UE. D’où vient l’inertie de l’Europe sur ce sujet majeur ?

L’inertie n’est pas complète. D’autres plateformes pornographiques ont pu être bloquées du fait de l’absence de dispositif efficace de vérification d’âge. C’est par exemple le cas de Cams***, bloquée à la suite d’une décision de l’ARCOM le 6 mars 2025, cette fois validée par un jugement du tribunal administratif de Paris.

Au niveau de l’Union européenne, le Digital Service Act (DSA) soumet les plus grandes plateformes pornographiques, dont Porn*** à des obligations renforcées en matière de protection des mineurs. Le 27 mai 2025, la Commission européenne s’est fondée sur le DSA pour ouvrir une enquête contre quatre plateformes pornographiques, dont Porn***, après avoir conclu à titre préliminaire qu’elles ne prenaient pas des mesures appropriées pour mettre l’intérêt supérieur des enfants au cœur de leur fonctionnement, notamment par un contrôle approprié de l’âge des utilisateurs. La Commission développe en parallèle une application de vérification de l’âge qui devrait être disponible dans tous les États membres dès cet été.

“La pornographie a un caractère addictif et altère le contrôle des impulsions et des pulsions. Elle nuit également à l’image de la femme, réduite à un objet sexuel et donc trop souvent à un objet de violences sexuelles”
Nicolas Bauer

Cela dit, l’ordonnance du 16 juin 2025 du tribunal administratif de Paris montre que le législateur continue de se heurter à la clause européenne du « pays d’origine » (directive e-commerce), qui impose qu’un service numérique soit uniquement soumis aux lois du pays européen dans lequel il est établi. Cette clause a pour conséquence que les plateformes pornographiques s’installent dans les pays dont la réglementation est la plus souple. Le DSA ne fait qu’atténuer cette clause, ce qui n’est pas suffisant pour lutter contre le fléau de la pornographie chez les jeunes.

Le Figaro : Quelles conséquences concrètes l’accès des mineurs à la pornographie implique-t-il ?

Il faut d’abord rappeler que la pornographie entraîne des conséquences sur tous les consommateurs. Ceux-ci, y compris après 18 ans, se déclarent moins satisfaits de leur relation de couple et de leur vie sexuelle. La pornographie a aussi un caractère addictif et altère le contrôle des impulsions et des pulsions. Elle nuit également à l’image de la femme, réduite à un objet sexuel et donc trop souvent à un objet de violences sexuelles.

Chez les enfants et les adolescents, ces conséquences prennent une ampleur accrue, car leur cerveau est en pleine construction. D’après un rapport de 2022 du Conseil de l’Europe, plus la consommation intervient tôt, plus elle « augmente les risques de construction de stéréotypes sexistes nuisibles, d’addiction à la pornographie et de relations sexuelles précoces et malsaines ». Cette vulnérabilité des plus jeunes impose la mise en œuvre d’une véritable politique de prévention face à la pornographie, pour éviter qu’elle se substitue à une véritable éducation affective, relationnelle et sexuelle. À défaut, c’est l’instinct brut et sans frein qui prend le dessus sur la civilisation des mœurs.

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Dans l’enfer de la pornographie : le témoignage d’une actrice X

Dans l’enfer de la pornographie : Le Berry Républicain rapporte ce témoignage d’une actrice X tiré d’un livre sur cette industrie pornographique qui broie les femmes. Âmes sensibles s’abstenir, mais utile pour qui veut comprendre l’envers (l’enfer) du décor. 

Il est des lectures dont on ne sort pas indemne. Dans Sous nos regards – récits de la violence pornographique (Seuil), elles racontent les « tournages », le piège, la violence, la douleur, l’humiliation, la mort sociale et psychologique qui s’ensuit, dans cette industrie pornographique qui broie le corps des femmes. Mélanie (le prénom a été changé) est l’une d’entre elles. Elle témoigne de trois jours de « tournage » à Paris, entre étranglement et viols.

C’est souvent la nuit que ça lui fait ça. Elle « panique », elle a peur de « ne plus pouvoir respirer ». Sous l’effet du manque d’oxygène, elle ne voyait plus et entendait comme si elle était sous l’eau. « Sac à foutre », « fucktoy », « bitch », « chienne »… C’est comme ça qu’ils l’appelaient. « Je me souviens avoir répété cette phrase dans ma tête “Je ne peux pas respirer, vont-ils me laisser partir ?”, comme un disque rayé. Je réalisais à ce moment-là que ma vie était entièrement entre leurs mains, car je ne pouvais plus bouger, parler ou communiquer. Je ne les connaissais pas et donc je ne pouvais pas leur faire confiance », raconte la jeune femme. « Mais je ne pouvais pas arrêter ce qu’ils me faisaient. Je me sentais m’effondrer, mourir et je n’avais plus aucun contrôle sur mon corps. »

Mélanie a 32 ans, elle témoigne dans le dossier « J. & M. », un site de contenus pornographiques amateurs. Trois vidéos, trois jours de viols. Pour survivre, elle s’est dissociée. « Il m’a été très difficile de comprendre ce qui s’était passé et cela me rend triste d’avoir traversé tout cela pour quelqu’un qui m’aimait, je
croyais, et qui disait qu’il me protégerait de quelque chose comme ça. Cela m’a brisé le cœur », confie-t-elle, en anglais, depuis la Hollande où elle vit.

Massification des pratiques brutales

Ce qu’elle décrit appartient au lexique du “nouveau porno”. « Choking » pour étranglement. Mais ça ne s’arrête pas là. « Gagging » pour étouffement par fellation profonde, « bukkake » quand plusieurs hommes éjaculent en meute sur une femme, de préférence sur le visage, dans un rituel évident d’humiliation et de domination, « gang bang » quand des hommes pénètrent simultanément une femme par plusieurs orifices… À l’heure du streaming, le spectateur « s’ennuie », il en veut toujours plus.

« Pour que ça rapporte, il faut que ce soit addictif. Or, l’un des moyens consiste à mêler la violence au sexe. Cela agit immédiatement sur le cortex. D’où des scénarios de plus en plus violents comme des “triples pénétrations”, ce qui est d’une violence inouïe. Aucun corps de femme n’est fait pour ça. Et il y a des millions de vues par jour sur ces vidéos », déplore l’autrice et comédienne Adélaïde Bon, qui a participé, dans Sous nos regards (Seuil), au recueil
« sorore » de la parole de femmes, avant deux grands procès attendus en France, « French B. » et « J. & M. ». Elle dit que la « colère a été son moteur » et agit pour toutes ces femmes « abîmées ». « Ça me fait mal de le dire, mais ce qui est saccagé est saccagé. Aucune d’entre elles n’aura jamais la vie à laquelle elle était promise. »

Aussi, la révolte prend souvent le dessus. « Cela se passe en impunité totale en France ! Ça m’a mise hors de moi. Tout ce système pour aller chercher des filles en précarité sociale, affective, psychologique, ayant, pour beaucoup, déjà subi des violences et, pour certaines, déjà dissociées… » L’une d’elles a subi 247 pénétrations en trois jours, une autre a été forcée à enchaîner des fellations pendant plus de cinq heures. La brutalité des pénétrations a pu conduire à des fissures et prolapsus, à savoir des extériorisations d’organes.

« Il n’est pas question ici de sexualité, mais de destruction », commente Adelaïde Bon, qui évacue d’entrée ceux qui voudraient l’accuser d’être moraliste ou opposée à la liberté sexuelle. « C’est une industrie planétaire, accessible aux moins de 10 ans, et dans son écrasante majorité, le porno traduit la haine des femmes, des enfants, des racisés. La volonté de détruire, d’humilier, est là du début à la fin. »

« Dans ce livre, ce qu’elles racontent, ce sont des niveaux de violence qui étaient jusque-là assez circonscrits et qui sont en train d’écraser l’ensemble du marché », alerte l’historienne Christelle Taraud. « On a observé une massification des pratiques les plus brutales, autrefois cantonnées à une niche. Les féministes, les trans, les femmes ont une place infinitésimale dans cette industrie qui a toujours été pensée pour les hommes, par les hommes et à leur bénéfice, entre violence extrême, brutalisation et misogynie. »

Vers une prise de conscience ?

Elle voit dans les dérives actuelles un symptôme de la « dégradation de notre société » et appelle à une « prise de conscience ». « Il ne faut pas oublier que cette pornographie-là est très abîmante : elle nous abîme individuellement, collectivement et surtout elle forme, elle éduque les nouvelles générations. »
Christelle Taraud évoque « ces jeunes filles qui demandent si c’est normal d’avoir mal pendant une relation sexuelle, normal d’être frappée, normal d’être insultée, normal d’être étranglée. Si elles peuvent dire non à certaines pratiques ».

Elle nous rappelle tous à nos responsabilités. « La sexualité est l’une des activités humaines les plus importantes : cela fait partie de ce que nous sommes. Et laisser un domaine aussi important à des misogynes violents et brutaux qui considèrent normal d’enfumer des jeunes femmes, de leur faire subir des viols de dressage et ensuite de les placer dans des endroits isolés face à 20 ou 60 mecs qui les violent et leur éjaculent dessus ou dans la bouche alors qu’elles pleurent et qu’elles demandent à arrêter, qu’elles ont mal, qu’elles saignent. Et c’est présenté comme de la sexualité cool, à montrer à des jeunes avec le risque qu’il y ait une forme de mimétisme de ça ! On a quand même un énorme problème de société. »

Il faudra aussi, selon elle, « tout reprendre à zéro en ce qui concerne l’éducation sexuelle et relationnelle parce que le sexe n’est pas un produit, les femmes ne sont pas des marchandises. Le sexe est une manière de communiquer, d’être à soi et d’être à l’autre. C’est une rencontre, une émotion. Dans la pornographie, plus personne ne s’embrasse par exemple, ne se touche, ne se caresse. La seule chose que font ces hommes, c’est de perforer comme des fous furieux des orifices. Il y a des corps humains derrière ! », rappelle-t-elle.

« Si la sexualité, c’est ça, si c’est ça qu’on accepte d’être les uns pour les autres, les uns avec les autres, alors c’est une terrible défaite. »

Les ados disent maintenant : « J’étais avec des amis et ils m’ont montré ça… Ça m’a choqué. » Ils évoquent ces images qu’ils voient de plus en plus jeunes.

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Porno : le lucratif marché des adolescents et mineurs

Porno : le lucratif marché des adolescents et mineurs ? Dans son édition du 16 juin, le Journal de Québec rappelle que plus de la moitié des adolescents québécois de 14 ans sont des consommateurs de pornographie (comme en France) : une clientèle trop importante pour que les sites pour adultes s’en privent.

Site dominant de l’industrie du X, Porn*** prétend que la moyenne d’âge de sa clientèle était de 38 ans en 2024. Le site n’enregistre aucun utilisateur de moins de 18 ans, nulle part dans le monde, y compris au Canada et en France. Or, en 2024, 2,3 millions de mineurs français fréquentaient des sites pornographiques tous les mois, représentant 12 % de leur audience régulière (et jusqu’à 18 % pour Porn*** !), d’après une étude de l’autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom).

Toujours plus nombreux

L’Arcom souligne que les mineurs sont de plus en plus nombreux sur ces sites : en 2024, 28 % y naviguaient, contre 19 % cinq ans plus tôt (51% des garçons de 12-13 ans et 65% pour les 16 et 17 ans). C’est donc un marché considérable et en croissance, dont les sites pour adultes ne veulent pas se passer, a déclaré la sénatrice française Laurence Rossignol à l’antenne de France télévision. Elle commentait la décision de la maison mère de Porn***, Aylo, de fermer complètement l’accès à ses sites en France. La firme refuse de vérifier l’âge des utilisateurs pour n’autoriser que les plus de 18 ans à y naviguer, comme l’exige désormais la loi française.

« Une question de business »

Pour la sénatrice Julie Mivilledechêne, qui voudrait des règles semblables chez nous, il n’y a pas de doute, les sites X « ne veulent pas avoir à faire des vérifications d’âge parce qu’ils ont peur de perdre de l’argent […] Tout ça, c’est une question de business ».

Mais Sarah Bain, de la firme Ethical Capital Partners, propriétaire de Porn***, réfute cet argument en martelant qu’elle appelle à une réglementation de tous ses vœux pour que les jeunes n’aient pas accès à ses sites. Elle veut toutefois que la responsabilité de vérifier l’âge incombe aux fabricants de systèmes d’exploitation (Apple, Google et Microsoft) et non aux sites pornographiques eux-mêmes. « On ne veut pas des enfants sur nos sites. Ce n’est pas bien moralement et ce n’est pas bon pour les affaires non plus », plaide-t-elle, en expliquant que les mineurs ne sont pas une clientèle attractive pour les annonceurs des sites pour adultes.

Sauf que sur Porn***, les mineurs représentent donc 18% du trafic ! Et vous, qu’en pensez-vous ? Venez en parler avec nous sur le chat’ :

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Les chiffres inquiétants de l’addiction au porno

En France, en mai 2023, l’Arcom, le gendarme des médias, dévoilait un rapport basé sur les chiffres de Médiamétrie et qui témoignent d’une inquiétante augmentation du nombre de mineurs exposés à la pornographie : +36% en 5 ans (+ 600.000).

Un phénomène massif qui s’aggrave d’année en année, avec, chaque mois :

  • 9 à 20 millions d’internautes tous âges confondus vont sur les sites pornos
  • dont 2,3 millions de mineurs (30% d’entre eux, contre 37% pour les adultes, et 9%
    quotidiennement)
  • 51% des garçons de 12-13 ans et 65% pour les 16 et 17 ans
  • les mineurs cumulant de 10% à 18% de l’audience de ces sites, et 75% exclusivement
    via leur smartphone (55% pour les adultes)
  • dès 12 ans, les garçons qui visitent des sites adultes y passent une heure par mois en
    moyenne, et 36 minutes par mois dès l’âge de 10 ans âge moyen d’exposition 9 ans et 3 mois

La part des mineurs fréquentant des sites ‘adultes’ a progressé de +9 points en 5 ans : nous sommes passés de 19% fin 2017 à 28% fin 2022 (effet Covid ?) et la fréquentation moyenne quotidienne des mineurs est également en hausse. Les hommes sont 2,5 fois plus nombreux (53% contre 20%) et passent sur les sites adultes trois fois plus de temps que les femmes (2h12 par mois vs 43 minutes). Les femmes représentent donc aujourd’hui 28,6% des consommateurs de porno !

Pour les mineurs, le temps passé sur les sites adultes est particulièrement concentré sur quelques sites : les 5 premiers sites captent 59% du temps passé sur les sites adultes (vs 43% chez les majeurs). Le premier d’entre eux, qui connaît une envolée des visiteurs mineurs depuis 2017, rassemble 1,4 million de mineurs chaque mois, soit 18% des visiteurs. Pour plusieurs sites, les mineurs représentent plus de 10% de l’audience.

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Dire non au porno : conseils pratiques et spirituels

Mise à jour : nous étions ces jours-ci sur CNEWS pour en parler, regardez l’extrait et lisez notre article !

Dire NON au porno : conseils pratiques et spirituels

Présentation de l’éditeur :

L’addiction à la pornographie touche un nombre croissant de femmes et d’hommes, et n’épargne pas les jeunes, exposés de plus en plus tôt. Devenue un enjeu majeur de santé publique, elle n’en demeure pas moins surmontable : s’en sortir est possible !

Écrit sur un ton bienveillant, motivant et souvent drôle, ce livre s’adresse, sans tabou ni jugement, à ceux qui veulent se libérer, mais aussi aux conjoints, parents, éducateurs, thérapeutes et prêtres.

Entre éclairages psychologiques et outils concrets, conseils spirituels et inspirations tirées de la vie de saint Carlo Acutis, Dire non au porno offre un véritable chemin pour briser le silence, dépasser la honte et la culpabilisation, et retrouver l’espérance.

Diplômé de Saint-Cyr, Tanguy Lafforgue a fondé le cabinet Cœur Hackeur pour venir en aide aux personnes souffrant d’addiction à la pornographie. Il est notamment l’auteur de Délivré! 10 étapes pour arrêter la pornographie (Emmanuel, 2021).

Jean-Baptiste Maillard est directeur de l’association Lights in the Dark, qui anime la plateforme SOSPorno.net. Il est l’auteur de nombreux livres dont, avec son épouse Marie, Carlo Acutis : une âme de feu! (Artège, 2025).

 

Préface du père Gaspard Craplet. 

Comment est né ce livre ?

Ce livre est né de plusieurs constats : l’addiction à la pornographie est devenue un problème de santé publique, accéléré par les confinements. Aujourd’hui, 51 % des garçons de 12 à 13 ans regardent du porno au moins une fois par mois, et 56 % des divorces proviennent d’une addiction à la pornographie. Les croyants sont autant concernés que les autres, les pasteurs se disent démunis dans l’exercice de leurs ministères (confession, accompagnements, prédication, etc.), les parents et éducateurs sont eux aussi souvent dépassés, le rapport à la morale de certains croyants renforce leur culpabilité et leur honte, dérègle leur vie sacramentelle, les enferme dans l’impuissance et la désespérance et, in fine, les isole dans l’addiction, à l’inverse, d’autres personnes relativisent complètement la pornographie, enfin, la théologie du corps reste encore perçue comme quelque chose de beau mais d’abstrait, idéaliste et inatteignable.

Une question sur ce livre ? Venez en parler avec nous sur le chat’ :

 

Pour le commander (il existe aussi au format numérique !) :


       

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Pourquoi dire que la pornographie est mauvaise pour la société ?

Pourquoi dire que la pornographie est mauvaise pour la société? Affirmer que la pornographie est mauvaise pour la société ne relève pas d’une opinion personnelle, mais d’une observation de bon sens.

1. Au niveau des comportements individuels

Comme il l’a été écrit dans d’autres articles, la pornographie a des répercussions sur les comportements individuels. Le premier est qu’elle constitue un détournement de la sexualité. En effet celle-ci n’est considérée que dans un but égoïste de plaisir maximal et non en vue d’un don réciproque. L’autre devient un simple objet que l’on rejette quand on n’en a plus besoin.
La pornographie crée une dépendance en ce sens que les images vues restent gravées dans notre mémoire et qu’une fois le plaisir passé, on se retrouve en état de manque… comme pour toute drogue.
La pornographie étant violente par nature, elle entraîne, de fait de la violence pour la personne qui en consomme.

2. Répercussions au niveau de la société

La conséquence est malheureusement inévitable : tous ces comportements individuels ajoutés les uns aux autres entraînent des effets nuisibles sur la société.

A. Une banalisation

Le premier est une banalisation : puisque tout le monde a ce comportement, pourquoi cela serait-il mauvais ? Or, ce n’est pas parce que beaucoup de gens ont recours à la pornographie que c’est bon pour autant : la pornographie est mauvaise par nature !

B. Une fausse image de l’homme et de la femme

La seconde est une fausse image de l’homme et de la femme : ils sont considérés sur le même plan et donc deviennent comme on l’a déjà dit, de simples objets, interchangeables. D’ailleurs, on gomme la différence entre l’homme et la femme et cela justifie les relations homosexuelles. Bref, la société s’effondre dans la confusion.

C. L’accroissement de la violence

L’accroissement de la violence. Il n’y a plus de respect de l’autre, de son intégrité. Tout est bon pour parvenir à la réalisation de son fantasme, y compris la violence et le non-consentement. On en voit le résultat désastreux aujourd’hui.

Dernier effet, lié, c’est que la société vit dans le mensonge. La pornographie est, par nature mensongère car elle présente une fausse vision des rapports homme/femme. N’oublions jamais que l’homme et la femme sont faits pour se donner et le fruit de ce don, c’est la vie !

En conclusion, il faut rappeler haut et fort que regarder des images pornographies n’est pas un acte banal : il a des conséquences, non seulement individuelles, mais également au niveau de la société !

Si vous souhaitez en discuter, nous sommes à votre écoute sur le chat’!

« La lampe du corps, c’est l’œil. Donc, si ton œil est limpide, ton corps tout entier sera dans la lumière ; mais si ton œil est mauvais, ton corps tout entier sera dans les ténèbres. » – Matthieu 6,22-23

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Sommes nous vraiment libres ?

Sommes nous vraiment libres ? La question ne date pas d’aujourd’hui. Elle a parcouru les siècles et elle reste d’une brûlante actualité. Mais, avant toute chose, il faut bien comprendre ce que sous-entend le mot « liberté ».

1. Qu’est-ce que la liberté ?

Ce pourrait faire l’objet d’un sujet de philo au Bac. Le Petit Larousse donne la définition suivante : « état de quelqu’un qui n’est pas soumis à la servitude ». Autrement dit, si on s’en tient à cela, nous sommes libres, ce qui n’est pas le cas partout dans le monde, reconnaissons-le. Je peux aussi concevoir aussi la liberté comme le fait de pouvoir faire ce que je veux : ainsi, je suis libre de donner une gifle à mon voisin si j’en ai envie… Le problème est qu’il n’a pas demandé à la recevoir. Donc nos actes peuvent entraver la liberté des autres. Faut-il donc être condamné à ne rien faire ? Bien évidemment non ! Cependant, il est important que notre liberté s’exerce en regard de celle des autres : c’est ce qu’on appelle le « bien commun ». Un exemple simple : j’ai la liberté de tondre ma pelouse toute la semaine, mais d’éviter de le faire le dimanche pour préserver la tranquillité de mes voisins.

2. Liberté et vérité

Il est impossible de séparer liberté et vérité. Nous avons la liberté d’accomplir le bien ou le mal : Hitler était libre d’accomplir le bien… Il ne l’a pas fait avec les conséquences terribles qu’on connaît. De même nous sommes libres de mentir ou dire la vérité. Le résultat est, hélas, toujours le même : quelles vont être les conséquences de l’exercice de notre liberté sur les autres ? Donc, il ne peut avoir de vraie liberté sans conscience. Nous sommes des êtres doués de raison. Mais il importe que notre raison soit formée de façon à reconnaître ce qui est bien ou mal. Ce ne sont pas là des notions subjectives, comme la société actuelle voudrait nous le faire croire.

3. Liberté au sens chrétien

Jésus a dit : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » En tant que chrétien, nous ne pouvons nous départir de la vérité. Et cette vérité, ce n’est pas nous qui la décidons, nous la recevons en demeurant fidèles à Dieu. Elle est toujours liée à l’amour : ce n’est pas un concept rigide qui classe définitivement d’un côté les bons et de l’autre les méchants. Donc, en faisant la vérité, nous sommes toujours plus libres, et, de ce fait, toujours plus heureux.

En conclusion, la vraie liberté est celle qui nous rend heureux. Et notre liberté individuelle ne peut pas s’exercer sans prendre en compte celle des autres. Donc la liberté se construit ensemble, jour après jour, patiemment. Et vous, comment concevez-vous la liberté ? Venez nous le dire sur le chat’ :

 

« C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés. Alors tenez bon, ne vous mettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage. » Galates 5,1

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Arcom : « Le bras de fer avec l’industrie pornographique est révélateur »

Actualité : « Le bras de fer avec l’industrie pornographique est révélateur ». C’est ce qu’explique cette semaine dans La Croix, le patron du gendarme des médias, l’ARCOM (ex CSA).

1) Un combat de longue haleine.

Depuis le 11 janvier, les sites pornographiques basés en France et hors de l’Union européenne doivent vérifier l’âge de leurs utilisateurs. Sous peine d’être bloqués par l’ARCOM (l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) . Roch-Olivier Maistre, qui achève son mandat à la tête de cette instance, revient sur ce combat de longue haleine.

Il rappelle notamment que pour les jeunes en ligne, une pièce d’identité est nécessaire pour vérifier que la personne est bien majeure, même si la CNIL n’en a pas voulu… Un premier filtre, avec la carte bancaire paiement zéro euros, sera viable dès le mois d’avril.

La Croix : Depuis le 11 janvier, l’ARCOM peut mettre en demeure puis bloquer les sites pornographiques qui ne s’assurent pas que leurs utilisateurs ont plus de 18 ans. Cela fait pourtant plus de trente ans que le code pénal interdit l’exposition des mineurs à ce type de contenus. Pourquoi cela a-t-il pris tant de temps ?

Roch-Olivier Maistre : Pendant longtemps, l’accès à la pornographie était circonscrit aux revues, du cinéma X… Puis l’offre s’est déplacée sur Internet et est devenue colossale, sans aucune barrière à l’entrée : vous déclarez que vous avez 18 ans et vous avez accès à ces contenus. Le législateur s’est saisi du problème avec la loi sur les violences familiales de 2020. Mais on s’est heurté à une bataille judiciaire sans fin, qui nous a fait prendre la mesure de la puissance de l’industrie pornographique. La multiplication des contentieux a poussé la France à revisiter sa législation. La loi pour sécuriser et réguler l’espace numérique (SREN) a été adoptée en mai 2024. Elle oblige les sites à déployer un dispositif permettant de s’assurer que la personne qui se connecte est bien majeure.

2) gain de temps en procédures

La Croix : L’ARCOM a-t-elle déjà commencé à bloquer certains sites ?

R.-O. M. : Depuis quelques jours, nos agents sont assermentés. Comme le prévoit la loi, la procédure sera la suivante : en fonction des constats qu’elle aura réalisés, l’Arcom enverra au site concerné une première lettre d’observations. Quinze jours après, si rien n’a bougé, ce sera une lettre de mise en demeure. Et si après un nouveau délai de quinze jours, le site ne se conforme toujours pas à la législation, l’Arcom pourra ordonner directement son blocage. Cette décision sera bien prise sous le contrôle du juge – elle pourra donc être contestée devant la justice –, mais le blocage pourra prendre effet immédiatement. On gagne donc beaucoup de temps en termes de procédure. Ces règles s’appliquent d’ores et déjà aux sites implantés en France et en dehors de l’UE. Pour les sites européens (pour beaucoup à Chypre et en République tchèque), la mécanique s’enclenchera en mai.

La Croix : À quels critères techniques devront répondre ces outils de vérification d’âge ?

R.-O. M. : Nous les avons fixés dans un référentiel publié en octobre 2024 et bâti avec la Commission nationale de l’informatique et des libertés Martin Ajdari, prochain président de l’Arcom (Cnil). Le principe est celui du double anonymat : donner la garantie que l’utilisateur est majeur sans pour autant permettre au site de savoir qui il est et d’avoir accès à ses données. Pour les jeux en ligne, on peut fournir sa carte d’identité, mais la Cnil ne voulait pas que ce soit possible pour les sites pornographiques, par respect pour la vie privée. On le voit, l’imagination technique est là. Une start-up française installée à Montpellier arrive par exemple à garantir l’âge rien qu’en regardant les mouvements de la main ! Tout un marché de la vérification de l’âge s’est développé ces derniers mois. Les sites ne peuvent plus se retrancher derrière l’absence de solution technique. Jusqu’en avril, l’Arcom tolérera toutefois le recours à la carte bancaire, avec une transaction à 0 euro. Cela crée un premier filtre.

3) un défi colossal

La Croix : Cela va-t-il en rayer la consommation de pornographie chez les jeunes ?

R.-O. M. : C’est le but, même si on ne doute pas qu’il y aura de nouveaux contentieux. Nous sommes en tout cas en dialogue avec la Commission européenne. En effet, d’ici juin ou juillet, elle devrait aussi proposer une démarche de vérification d’âge pour le continent européen. Le dispositif devrait donc s’étendre progressivement aux autres pays de l’Union.

La Croix : Depuis 2023, l’Arcom est chargée de faire respecter, en France, le règlement européen sur les services numériques (DSA). Un texte parfois jugé inefficace, notamment pour protéger les jeunes des effets néfastes des réseaux sociaux…

R.-O. M.: Contrairement à la régulation des chaînes de télévision et de radio, qui existe depuis quarante ans, celle des grands acteurs du numérique est encore toute jeune. La télévision et la radio sont un monde fini. Or, si on signale un contenu problématique, l’Arcom le vérifie et intervient. Sur ces plateformes numériques, des centaines de millions de contenus sont véhiculées chaque seconde. La logique du DSA est donc différente. En effet,  on impose un objectif politique aux plateformes. Celle de lutter contre les contenus illicites. Ensuite, elles doivent  fournir des rapports de transparence et autoriser des signaleurs de confiance. L’an dernier, un premier beau succès a montré l’efficacité de cette réglementation. TikTok voulait déployer en Europe une application extrêmement addictive pour les jeunes. Car, TikTok Lite, avec un système de récompense, en fonction du temps passé sur la plateforme. Au vu des exigences de la Commission européenne, TikTok a préféré renoncer.

Concerné par cette addiction ? Ici l’écoute, la confiance et l’anonymat sont les maîtres-mots. N’hésite pas !

Pour aller plus loin :

Au sujet de l’industrie pornographique :

Chemsex-porno
Actus

L’influence du web et du porno sur la consommation de drogues

Dans son rapport d’octobre 2024, Chemsex, retour sur 15 ans d’usages de drogues en contexte sexuel, L’Observatoire français des drogues et des addictions (1) analyse l’usage des outils numériques et son influence sur les consommations de drogues, démontrant un lien avec la consommation de porno en ligne.

Par chemsex, on parle d’un ensemble de pratiques intriquant activité sexuelle et usage de produits psychoactifs, autrement dit, les drogues. De plus, les rencontres entre chemsexers s’appuient sur les réseaux sociaux et les applications de rencontres.

L’usage des outils numériques constitue une spécificité du chemsex en même temps qu’un facteur central de son développement. Celui-ci évolue toutefois depuis la fin des années 2000 où sont observés sur certains sites de rencontres les premiers profils divulguant des renseignements liés aux pratiques sexuelles et aux consommations de drogues (quelles substances consommées, à quelle fréquence, etc.) à côté d’autres informations personnelles (description physique, intérêts, etc.) (2).

À partir de cette période, les observateurs parisiens indiquent que les sites de rencontres favorisent l’accès aux substances de ceux qui ne fréquentent pas les lieux festifs gays (bar, club, backroom, etc.) et n’auraient, de ce fait, pas nécessairement consommé des substances psychoactives autrement (3).

Les références aux consommations de drogues restent toutefois discrètes et limitées du fait de la censure opérée par certains sites. Elles passent alors principalement par l’usage d’émoticônes et de messages codés mais suffisamment explicites pour les initiés (« plan planant », « plan perché », etc.).

À partir de 2012, le développement des applications de rencontres pour smartphone s’accompagne d’un affichage plus ostensible des références aux consommations de drogues. Les utilisateurs introduisent alors les expressions de « chems triage » puis « slam triage » pour désigner le choix du ou des partenaires en fonction des produits que l’on projette de consommer et/ou du mode de consommation privilégié (« slam triage » faisant référence à la recherche de pratiques d’injections mutuelles de produits).

La géolocalisation, facteur accélérant

La géolocalisation permise par ces applications favorise de surcroît l’immédiateté de la rencontre (4). Le choix des applications peut varier en fonction des intentions des chemsexers : certaines sont réputées spécialisées dans une série de pratiques sexuelles, d’autres plus indiquées pour la recherche de rencontres couplées à des consommations de drogues (5), quand d’autres encore apparaissent plus généralistes (6). Ces dernières années, la présence récurrente d’informations et d’échanges relatifs aux produits psychoactifs sur les applications de rencontre amène un nombre croissant d’utilisateurs à stipuler explicitement leur refus d’associer rencontres sexuelles et usages de substances et à afficher leur volonté de ne pas avoir affaire à des personnes consommatrices (en témoigne la multiplication des mentions « no drugs », « no chems », « no tox », « pas de toxico », etc.). Des réseaux sociaux comme Instagram ou X (anciennement Twitter) ou des systèmes de messagerie instantanée comme Messenger sont également investis par les chemsexers pour favoriser les rencontres ou, par exemple, partager des vidéos de sex parties.

Le chemsex à distance se développe

Le développement des pratiques de chemsex à distance, c’est-à-dire des personnes consommant des drogues, parfois par injection, et ayant des activités sexuelles par écran interposé, constitue une évolution marquante observée depuis 2015 et qui s’est développée durant les confinements et couvre-feux de 2020 et 2021 (8). Ces rencontres entre chemsexers interconnectés (qui peuvent n’être que deux ou plusieurs dizaines) s’effectuent souvent par le biais de plateformes de téléconférences (zoom, Skype notamment) ou de sites spécialisés. Certains d’entre eux intègrent des fonctions type slamtime où chaque personne souhaitant s’injecter en même temps que d’autres, ou souhaitant observer des pratiques d’injection, est informée du moment propice. En fonction des pays d’où sont originaires les participants, certains produits seront plus particulièrement consommés (par exemple l’injection de méthamphétamine chez les usagers américains ou allemands, alors que les cathinones n’y apparaîtront que rarement, contrairement aux usagers français) (9).

Chemsex et films porno

Des usagers rapportent également consommer des produits tout en visionnant des films pornographiques dans lesquels les acteurs sont également en train de faire usage de produits et parfois de les injecter. Les pratiques de chemsex à distance ont perduré chez une partie des chemsexers au-delà des périodes de confinement, soit parce qu’ils résident dans des zones éloignées des villes où s’organisent les sessions chemsex et/ou ne trouvent pas toujours de partenaires à proximité de leur lieu de vie, soit parce qu’ils y ont trouvé un intérêt spécifique comme le fait de ne pas avoir à « gérer » des interactions sociales. Pour certains, cette modalité du chemsex leur permet de maintenir des relations sexuelles en se préservant du rejet auquel ils redoutent d’être exposés sur les applications de rencontres en raison de leur âge avancé, par exemple.

Chemsex à distance : de nombreux risques aussi

Ces pratiques de chemsex à distance (parfois appelé « plan cam ») permettent une meilleure gestion de certains risques et préservent d’une partie des dommages. Elles permettent parfois de mieux maîtriser les consommations (gérer soi-même les moments de prises, les doses, etc.), d’annihiler les risques de contaminations d’infections sexuellement transmissibles (par partage de matériel ou par voie sexuelle) et les risques d’agressions ou de vol (10).

À l’inverse, le chemsex à distance peut renforcer les risques liés à l’usage solitaire de drogues, par exemple en cas de surdose, ainsi que le caractère compulsif des consommations qui ne s’arrêtent plus avec le départ des partenaires (les sites Internet sont fréquentés en permanence). Le coût financier de ces plateformes peut aussi mettre en difficulté des usagers précaires, d’autant plus lorsque les abonnements sont souscrits dans des moments de désinhibition importante et que certains oublient de les résilier par la suite.

Et toi, qu’en penses-tu ? Sais-tu qu’on peut en sortir ? Viens en discuter avec nous sur le chat’ ! (discussion anonyme et gratuite) :

Pour aller plus loin :


Notes

(1) Groupement d’intérêt public créé en 1983 pour permettre le recueil, l’analyse, la diffusion, et la valorisation des données et des connaissances dans le domaine des addictions, y compris sur écran, ou des jeux.

(2) Fournier et Escots, 2010

(3) Halfen et Gremy, 2009

(4) Pfau, 2014 ; Tissot, 2018

(5) Recon et Scruff

(6) Grindr, Hornet et GayRomeo

(7) Gérome et al., 2019

(8) Juszczak et al., 2022

(9) Tissot, 2023

(10) Tissot, 2024.