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Charlotte, libérée de la masturbation grâce à saint Carlo Acutis

Voici le témoignage de Charlotte, libérée de son addiction à la masturbation par l’intercession de saint Carlo Acutis.

Un engrenage difficile à vivre

Je m’appelle Charlotte, j’ai 54 ans et j’étais victime de l’addiction à la masturbation. A Pâques 2023, je m’en étais confessée, mais j’étais retombée. Mai, juin, juillet passent sans que je trouve le courage de me confesser à nouveau. Invitée à un mariage dans le Poitou, je m’arrête en chemin à l’abbaye de Fontgombault. J’arrive au moment des Vêpres. Portée par la prière des moines et par le lieu, je reste prier à l’office. Je savais qu’on pouvait se confesser, j’avais vu les confessionnaux à l’entrée de l’église sans penser qu’il y avait une permanence au moment des Vêpres.

La prière à Carlo

Je me dirige vers la statue de Notre Dame du Bien Mourir pour la prier pour la maman d’une amie puis je reviens sur mes pas, au fond de l’église. Là, je tombe sur la prière de libération de Carlo, avec sa photo. Je prie Carlo en lisant au fond de mon cœur la prière : à ce moment-là, un confessionnal se libère. Je m’engouffre dedans, je dis mon péché. J’ai alors l’intime conviction que Carlo m’accompagne.

Pendant quelques mois, à chaque fois que je suis tentée, je prie Carlo parfois avec l’aide de la carte parfois en l’invoquant tout simplement. Carlo devient vraiment un allié dans ce combat, avec la confession. Et deux ans plus tard, je peux affirmer que grâce à l’intercession de Carlo, je suis totalement libérée ! Merci Seigneur et merci Carlo !

Ps : Cette carte de prière de Carlo me sert aussi de marque page dans mes lectures, je n’ai pas peur de la montrer dans les transports en commun d’autant qu’on lit SOSporno !

Et vous, parlez-vous de SOSporno.net autour de vous, pour rejoindre les personnes addictes à la masturbation et au porno ? Viens en discuter avec nous sur le chat’ ! (discussion anonyme et gratuite)

Pour aller plus loin : 

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Le porno accessible aux mineurs est un abus sexuel

La diffusion de contenus pornographiques accessibles aux mineurs est un abus sexuel, rappelle l’association Juristes pour l’enfance, et cela doit être reconnu juridiquement comme tel.  

Conseil des droits de l’homme

Mme Mama Fatima Singhateh, Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la vente, l’exploitation sexuelle et les abus sexuels des enfants, a adressé un appel à contributions . Pour alimenter son rapport final pour la 61e session du Conseil des droits de l’homme (février-mars 2026), sur les nouveaux modes de vente, d’exploitation sexuelle et d’abus sexuels d’enfants. Afin  d’élaborer des idées et des recommandations pour lutter efficacement contre ce phénomène.

Juristes pour l’enfance a donc répondu à l’appel de la Rapporteuse spéciale par une contribution détaillée . L’association demande que la diffusion de contenus pornographiques accessibles aux enfants mineurs soit juridiquement reconnue comme un abus sexuel sur mineur susceptible de condamnation pénale.

En effet, dans un précédent rapport du 9 août 2024 consacré aux abus sexuels sur mineurs, la Rapporteuse spéciale avait déjà visé l’exposition des mineurs à la pornographie (ici § 86).

Exposition massive des mineurs à la pornographie

Or l’exposition massive des mineurs à la pornographie en ligne est devenue un enjeu majeur de santé publique. En France, un mineur sur deux est exposé avant l’âge de 13 ans :

– L’exposition précoce des enfants à la pornographie influence fortement leurs comportements et leur rapport à la sexualité. Le rapport du Sénat de 2022  révèle une augmentation de près de 60 % des violences sexuelles de mineurs sur d’autres mineurs en cinq ans. Car beaucoup de jeunes auteurs déclarent alors, avoir reproduit ce qu’ils ont vu en ligne.

– Sur le plan médical et psychologique, les constats alarment : anxiété, isolement, culpabilité, troubles du sommeil. Et observent fréquemment des difficultés relationnelles. En effet, des psychologues parlent même de violences psychiques comparables à l’impact d’un abus sexuel. Selon Maria Hernandez Mora, psychologue clinicienne en charge d’une consultation hospitalière d’addictologie, le visionnage d’images pornographiques par les plus jeunes peut produire les effets d’abus sexuels ou de viols psychiques. Alors, avec des conséquences identiques aux abus « réels », à l’origine de comportements sexuels problématiques et de difficultés sexuelles futures.

Reconnaissance d’une forme d’abus sexuel sur mineur par le parlement Européen

Face à ces enjeux, la France sanctionne la diffusion de contenus pornographiques accessibles aux mineurs (article 227-24 du code pénal). Mais cette interdiction peine encore à être effective. Notamment du fait de l’absence d’homogénéité du droit européen sur cette question.

Toutefois, un changement majeur de paradigme semble se dessiner. Car, le 17 juin dernier, le Parlement européen a adopté un projet de directive en 1ère lecture. Elle reconnait que l’exposition d’un mineur à la pornographie est une forme d’abus sexuel sur mineur.

Juristes pour l’enfance sollicite la Rapporteure spéciale de l’ONU pour qu’elle qualifie officiellement la diffusion de pornographie aux mineurs d’abus sexuel, et qu’elle demande aux Etats d’adopter les législations harmonisées nécessaires pour protéger les enfants quel que soit le pays dans lequel sont implantés les acteurs de cette diffusion.

Informer, prévenir, protéger : l’enjeu est clair. La pornographie n’est pas seulement un sujet moral. En effet, c’est une question de santé publique et de protection des droits de l’enfant.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Venez en discuter avec nous sur le chat’

Pour aller plus loin :

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Actus

La France a contraint les principaux sites porno à bloquer l’accès aux mineurs

La maison mère du principal site pornographique en France, Porn***, a décidé de suspendre l’accès à ses plateformes depuis la France, pour ne pas se conformer à la décision de l’Arcom sur la vérification de l’âge, nous rapporte La Croix le 1er septembre.

Cinq sites pornographiques de plus ont pris des mesures de vérification d’âge, a annoncé jeudi 28 août l’Arcom, le gendarme des médias français, qui les avait mis en demeure deux semaines auparavant. À l’exception des sites du groupe Aylo (Porn***, You***), qui ont préféré suspendre l’accès à leurs contenus en France, les principales plateformes du secteur se sont désormais conformées à la loi française.

« On a dû se battre politiquement et juridiquement, mais on constate que cette insistance a porté ses fruits. » Sans pour autant crier victoire, le président de l’Arcom, Martin Ajdari, a dressé en cette fin d’été, auprès de La Croix, un premier bilan « très positif » de la démarche de mise en conformité de l’industrie pornographique, désormais contrainte par la loi de s’assurer que seuls les plus de 18 ans aient effectivement accès à ses contenus en ligne.

Les uns après les autres, sous la menace d’un blocage par l’Arcom, une dizaine de sites pornographiques parmi les plus populaires au monde ont fini par obtempérer depuis ce printemps, en consentant – rarement de bonne grâce – à mettre en place un outil numérique conforme aux exigences des autorités françaises pour vérifier la majorité de leurs utilisateurs. Exit le simple clic qui prétendait « certifier » jusque-là avoir plus de 18 ans et qui permettait à plus de la moitié des garçons de 12 ans de se rendre chaque mois sur ces plateformes pour adultes.

Derniers sites à s’être mis à vérifier l’âge de leurs utilisateurs en France : cinq plateformes, dont les deux géants gratuits X*** et ****ster, établis respectivement en République tchèque et à Chypre. Jeudi 28 août, plus de deux semaines après les avoir mis en demeure – le 4 août –, l’Arcom a annoncé dans un communiqué la mise en conformité de ces cinq sites, renonçant du même coup à engager une procédure de blocage.

Début mai, d’autres sites mis en demeure avaient échappé de peu à la sanction en se mettant in extremis à vérifier la majorité des internautes – des plateformes basées en France, celles-là. Chat***, par exemple, avait alors commencé à proposer à ses utilisateurs de faire un scan de leur visage via le logiciel Face Age. Pour l’heure, l’Arcom n’a mis ses menaces à exécution que pour une plateforme : ***chat, bloqué depuis le 6 mars dernier.

« Contrairement à ce que ces sites nous ont longtemps répliqué, il existe des solutions techniques sur le marché, et elles fonctionnent », soutient Martin Ajdari, qui affirme : « Aujourd’hui, les sites pornographiques les plus fréquentés installés en France et ailleurs se sont conformés à la loi, à l’exception de ceux du groupe Aylo qui a préféré se retirer. » Début juin, la maison mère de Porn***, ***Porn ou Red*** a en effet préféré suspendre l’accès à ses plateformes depuis la France plutôt que de se conformer aux exigences de l’Arcom. Elle invoque notamment des risques pour la vie privée de ses utilisateurs. La loi française exige pourtant que parmi les outils de vérification de l’âge installés sur ces sites, au moins un respecte le principe de double anonymat, qui permet de prouver sa majorité sans divulguer son identité.

Un « retard » dû à une bataille judiciaire

Au début de l’été, le bras de fer s’est exposé jusque dans des tribunaux. Le 16 juin, le tribunal administratif de Paris a suspendu l’arrêté qui imposait depuis février la vérification de l’âge aux sites basés dans l’Union européenne, et qui avait été contesté en justice par les plateformes concernées. Un mois plus tard, le 14 juillet, le Conseil d’État invalidait cette décision et rétablissait l’arrêté. Porn*** et You***, qui avaient brièvement fait le retour en France dans cet intervalle de temps, disparaissaient alors de nouveau des écrans.

Martin Ajdari déplore que cette bataille judiciaire ait fait « prendre du retard » à la démarche menée par l’Arcom, mais il se réjouit que la France ait été « pionnière » dans la « prise de conscience qu’il n’est plus possible pour ces sites ne pas vérifier l’âge de leurs utilisateurs ». Prise de conscience désormais partagée à l’échelle européenne, si l’on en croit les lignes directrices publiées à la mi-juillet par la Commission européenne pour la bonne application du règlement sur les services numériques (DSA) – auxquelles la France a d’ailleurs largement contribué.

Après s’être occupé des sites pornographiques aux plus grosses audiences, l’Arcom entend « s’attaquer à la strate suivante », en continuant d’établir des priorités en fonction de la popularité de chaque plateforme. « Nous continuons résolument l’action et ne resterons pas l’arme au pied », prévient Martin Ajdari.

Cependant, une question demeure : que faire pour la prévention et l’accompagnement des adultes, de plus en plus nombreux à être victimes de cette addiction au porno dont les effets sont dévastateurs ? Et toi, qu’en penses-tu ? Viens en discuter avec nous sur le chat’ ! (discussion anonyme et gratuite)

Pour aller plus loin :

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SOSPorno.net sur CNEWS : « on leur propose de prier via notre chat’ ! »  

Notre passage sur CNEWS au sujet de l’addiction au porno. Regardez cet extrait !

Quelques rappels utiles

Pour rappel, les chiffres sont inquiétants : dès 12 ans, PLUS DE LA MOITIÉ des garçons français se rendent sur des sites porno chaque mois :

  • 21% des garçons de 10-11 ans
  • 51% des 12-13 ans
  • 59% des 14-15 ans
  • 65% des 16-17 ans

L’addiction au porno est donc devenue un problème majeur de santé publique, comme l’a souligné un récent rapport sénatorial intitulé Porno, l’enfer du décors.  Les témoignages d’anciennes actrices du porno confirment un véritable esclavage moderne qui répand la culture du viol (lire ce témoignage d’une actrice X). On parle désormais de proxénétisme 2.0., qui enrichit les fondateurs des plateformes, comme par exemple celui du 1er réseau social pornographique, tristement célèbre. Parallèlement, les premières poursuites judiciaires éclatent contre ces plateformes pour agressions sexuelles. De plus, dans notre société, un lien est établi entre les agressions sexuelles perpétrées par des mineurs qui sont dues à 50% à cette addiction, selon les chiffres des gouvernements espagnols et britanniques. En Europe et spécialement en France, un bras de fer a démarré entre les politiques soucieux de protéger les mineurs, l’Arcom, le gendarme des médias, et les principales plateformes de porno, qui espèrent ne pas perdre ainsi jusqu’à 20% de leur trafic. En effet, le marché des adolescents et mineurs est lucratif pour l’industrie du porno. Elle lui assure même un avenir.

Pourtant, il y a une bonne nouvelle : on peut en sortir !

Pourtant, il y a une bonne nouvelle : on peut en sortir ! Ce dont témoignent de nombreuses personnes sur notre plateforme, souvent avec l’aide d’un certain Carlo Acutis – dont il est aussi question dans cette émission – qui sera canonisé le 7 septembre prochain par le pape Léon XIV, pile le jour des 10 ans de notre association-mère ! Ainsi, par exemple, Agathe, Pierre, François, addict depuis plus de 25 ans… d’autres encore !

Et toi, qu’en penses-tu ? Viens en parler avec nous sur le chat’ ! 

Pour aller plus loin, découvre notre livre “Dire NON au porno” (version papier ou version numérique) 👉 Dire non au porno : conseils pratiques et spirituels

Prier pour être libéré du porno (vous pouvez demander de l’aide à un bénévole, s’ils sont disponibles sur le chat’) :

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La vérification d’âge des sites porno européens rétablie par le Conseil d’Etat

Nouveau rebondissement : Le Conseil d’État vient d’annuler, ce 15 juillet,  la suspension d’un arrêté interministériel imposant cette obligation. Il avait conduit, le 21 juin, les principales plateformes de contenus pornographiques à rouvrir, après une courte période d’interruption. En effet, elles avaient préféré fermer entièrement leur plateforme, au nom d’une prétendue liberté, plutôt que de les restreindre aux mineurs. Un principe désormais imposé dans la loi, qu’elles ont du mal à accepter, les mineurs représentant jusqu’à 18% de leur trafic. 

Conseil d’Etat vient donc d’indiquer avoir invalidé une décision de suspension de l’arrêté interministériel, suspension que les plateformes avaient obtenu le 21 juin au tribunal administratif de Paris, en référé liberté. Les sites pornographiques installés dans l’UE et hors de France doivent donc à nouveau vérifier l’âge des utilisateurs, avec un véritable système de vérification de l’âge des internautes.

Communiqué du Conseil d’Etat (extrait)

Saisi après une décision du juge des référés du tribunal administratif de Paris, le Conseil d’État rejette, pour défaut d’urgence, la demande de suspension de l’obligation de vérification de l’âge des utilisateurs imposée à certains services de diffusion de contenus pornographiques établis dans d’autres États membres de l’Union européenne. En effet, la société qui demande sa suspension ne démontre pas que cette mesure porte une atteinte grave et immédiate à sa situation économique. Par ailleurs le dispositif imposé ne constitue pas une interdiction de diffuser du contenu pornographique à destination des personnes majeures. Enfin, il est bien susceptible de contribuer à atteindre l’objectif de protection des mineurs poursuivi par la loi du 21 mai 2024.

Afin de protéger les mineurs contre l’exposition à des contenus pornographiques, la loi du 21 mai 2024 visant à sécuriser et à réguler l’espace numérique a imposé à certains services diffusant ce type de contenus de mettre en place des systèmes de vérification de l’âge des utilisateurs, conformes à un référentiel établi par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). Par un arrêté du 26 février 2025, la ministre de la culture et la ministre déléguée chargée du numérique ont rendu cette obligation applicable à certains prestataires établis dans d’autres États membres de l’Union européenne.

A la demande de l’un de ces prestataires, la société Hammy Media Ltd, cet arrêté interministériel avait été suspendu par une ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Paris. Celui-ci avait jugé que les deux conditions prévues par la loi pour prononcer une telle suspension, à savoir l’urgence et l’existence d’un doute sérieux sur la légalité, étaient satisfaites. Saisi par la ministre de la culture et la ministre déléguée chargée du numérique, le Conseil d’État annule aujourd’hui cette ordonnance pour une erreur de raisonnement juridique et rejette, pour défaut d’urgence, la demande de suspension.

Le Conseil d’Etat relève que la société n’apporte aucun élément permettant d’établir que l’application de l’arrêté contesté porterait une atteinte grave à sa situation économique. Il constate également que l’arrêté n’interdit pas la diffusion de contenus pornographiques auprès des personnes majeures, mais qu’il impose seulement de mettre en place des systèmes de vérification de l’âge efficaces, dans le cadre des garanties prévues par la loi. Il n’y a donc pas d’atteinte à la liberté d’expression et à la protection de la vie privée.

Enfin, le Conseil d’État prend en compte, dans la mise en balance des différents intérêts en présence, l’intérêt public qui s’attache à la protection des mineurs contre l’exposition à des contenus à caractère pornographique et juge que le dispositif est susceptible de contribuer à atteindre cet objectif.

Constatant l’absence d’urgence, le Conseil d’État rejette la demande de suspension l’arrêté du 26 février 2025 sans avoir à se prononcer ni sur sa légalité, ni sur la question prioritaire de constitutionnalité soulevée à l’encontre de la loi par la société requérante.

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Pour aller plus loin :

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Qui est le milliardaire derrière le 1er réseau social porno ?

Le 7 juillet, le Journal de Québec se penche sur l’énigmatique milliardaire propriétaire du premier réseau social ponorgraphique. Extraits.

Leonid Radvinsky

L’énigmatique milliardaire derrière la plateforme controversée Only***, s’apprêterait à la vendre pour 11 milliards de dollars. Le Journal de Québec s’est penché sur ce géant du web aussi puissant que discret. « Il a vu le marché avant d’autres. C’est comme ça que ces gens-là font fortune », lance Philippe Gendreau, auteur de GAFAM, le monstre à cinq têtes et de Mode jetable, qui se penchent sur les grandes corporations internationales. Celui dont il parle, c’est Leonid Radvinsky, 43 ans, derrière l’empire d’Only***. L’homme d’origine ukrainienne vit aujourd’hui sous le soleil de la Floride, à Miami. Leonid Radvinsky a fait mousser Only*** après en être devenu actionnaire majoritaire en 2018. Sa plateforme permet de publier en un clic des vidéos porno, contre de l’argent.

« Business des fantasmes »

Avec cette plateforme, on est passé « d’une économie du sexe à une économie de l’intime, qui vise à nourrir l’authenticité de la relation entre le créateur et l’abonné », écrit Eva Le Moine dans son mémoire de maîtrise. Le chercheur Mathieu Trachman parle, quant à lui, d’une « économie des fantasmes ». L’intimité,
avec ses fétichismes sexuels ou non, est devenue la norme. Carla Bellucci a poussé l’idée au maximum, jusqu’à vouloir vendre des billets de la diffusion en direct de son accouchement pour 17 000 $.

Des Québécoises, comme l’actrice porno Hélène Boudreau ou encore l’influenceuse Lysandre Nadeau, sont connues sur Only***. « Les créateurs d’Only*** possèdent 100 % de leur contenu et conservent 80 % de tous les revenus », annonce à gros traits la société, qui a son siège social à Londres. Abonnements
payants, messages payants, publications payantes, diffusions vidéo payantes, pourboires, dons à des organismes… Only*** sait comment s’y prendre.

Combien d’abonnées au Québec ? Combien de personnes qui en font ? Combien de ventes ? Only*** est pudique dans ses réponses.

« Nous ne partageons pas les répartitions des utilisateurs ou des revenus par emplacement », a-t-on communiqué au Journal de Québec, de façon lapidaire.

Arrosés de milliards de dollars

À ce jour, plus de 28 milliards $ ont été versés à ces créateurs de contenu, jure-ton. Or, le propriétaire d’Only***, Leonid Radvinsky, est un personnage aussi puissant qu’énigmatique, comme l’a rapporté le Wall Street Journal, fin juin.  Le très discret Leonid Radvinsky s’apprêterait à vendre la plateforme aux 400 millions d’utilisateurs pour 11 G$. Le Journal a tenté de le joindre, sans succès. Sur sa page web, il se décrit comme quelqu’un qui veut « créer des outils qui permettent aux individus de posséder et de contrôler leur identité numérique ».

Une fortune de 5,2 milliards

Sa fortune ? 5,2 milliards $, selon Forbes. Un joli magot qui pourrait bientôt exploser, car le principal intéressé veut vendre l’entreprise. Son prix ? 11 milliards $. La maison mère d’Only***, Fenix International, discuterait avec le fonds d’investissement Forest Road Company, selon Reuters. « Qui pourrait être intéressé à acheter Only*** ? Les conditions des archives et des données pourraient basculer en changeant de mains », prévient Philippe Gendreau.

En France, l’émission Envoyé spécial a aussi montré les dessous d’un système bien huilé. « Une promesse d’argent facile qui attire des filles et des garçons beaucoup trop jeunes. Des mineurs s’inscrivent sur ces plateformes et y vendent leur corps », souligne l’émission diffusée sur France 2. Car les jeunes connaissent la plateforme. « Elle nourrit les gens qui sont pris dans des spirales de solitude et qui pensent créer un lien privilégié parce qu’ils payent. Mes élèves m’en parlent », conclut M. Gendreau, qui enseigne au secondaire.

Son réseau social en chiffres 

  • consommateurs : 400 millions
  • créateurs de contenus pornographiques : 4 millions
  • créateurs avec des revenus réguliers de plus de 1,5 millions de dollars : 4500
  • argent versé aux créateurs : 28 milliards de dollars

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Pour aller plus loin : 

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La première plateforme de porno fait face à des poursuites judiciaires pour agressions sexuelles

Comme le rapporte le 3 juillet cet article du Journal de Québec, la société montréalaise derrière Porn***, première plateforme mondiale de porno au monde, croule sous les poursuites judiciaires notamment pour agressions sexuelles, tant au Canada qu’aux États-Unis. Elle réclame près de 108 millions de dollars à sa compagnie d’assurance pour couvrir ses frais juridiques et indemniser des victimes alléguées.

L’entreprise ferait face à une quinzaine de poursuites judiciaires pour agressions sexuelles. « Ce dont il est question en filigrane, c’est la couverture d’assurance disponible pour indemniser ultimement des victimes d’actes à connotation sexuelle », explique d’emblée le juge Luc Morin dans un jugement intérimaire rendu la semaine dernière, à Montréal. Depuis une enquête journalistique du New York Times, la société Aylo (anciennement Mind- Geek) fait face à une quinzaine de poursuites judiciaires aux États-Unis et au Canada en lien avec du trafic humain, de l’exploitation de mineurs et de monétisation d’agressions sexuelles.

Le géant du porno regroupe notamment les populaires plateformes Porn***, ***Porn et Bra***. Aylo se tourne ainsi vers les tribunaux dans l’espoir ultimement que la compagnie Souveraine Assurance paie les frais juridiques à la hauteur de 108 millions de dollars de poursuites et leur règlement.

Des informations cachées ?

De son côté, l’assureur a refusé sous prétexte que la plateforme Porn*** a omis lors de la signature du contrat d’assurance de lui dévoiler l’existence d’un grand nombre de demandes de retrait de contenus formulées par des victimes alléguées.

« La responsabilité [de Aylo] en sa qualité de producteur et distributeur de matériel pornographique est attaquée de toute part », explique le juge Morin de la Cour supérieure. « Inutile de s’aventurer plus loin dans les détails scabreux qui parsèment ces actions en cours. Cependant, il convient de souligner que les [poursuites des victimes alléguées] dépassent de simples allégations, certaines actions ayant fait l’objet de reconnaissance formelle par [Aylo] », souligne-t-il. Le magistrat a scindé en deux la poursuite d’Aylo contre son assureur. Le tribunal devra déterminer si la société montréalaise était assurable et en deuxième lieu, quelles sont les obligations de remboursement de son assureur, le cas échéant.

Reconnaîtra-t-on enfin qu’une plateforme de porno comme celle-ci génère des agressions sexuelles ? Et vous, qu’en pensez-vous ? Venez en parler avec nous sur le chat’ :

Sur le même thème : 

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De l’addiction aux violences, les dangers du porno

Quels liens entre addiction au porno et violences ? En 2023, la France était le troisième pays consommateur de pornographie au monde. Une pratique banalisée qui a des conséquences sur la santé sexuelle et le comportement des utilisateurs. Morceaux choisis d’un article de Ouest-France paru en juin 2025.

Depuis plusieurs mois, le bras de fer se tend entre les principales plateformes et l’Etat au sujet de l’instauration d’une double vérification de l’âge des utilisateurs. Céline Piques, membre de l’association Osez le féminisme et rapporteuse d’un rapport sur la pornocriminalité, publié en 2023 par le Haut conseil à l’égalité
entre les femmes et les hommes, sonne l’alerte : « on est face à une industrie pornographique qui dit n’importe quoi, pleine de mauvaise foi et qui défend ses intérêts. Elle confirme par là que son business model repose sur l’illégalité. » Or le Code pénal est formel : il est interdit d’exposer des mineurs à un contenu pornographique (mais, comme nous le rappelons régulièrement sur SOSporno.net, les mineurs représentent jusqu’à 17% du trafic de ces plateformes !).

« Érotisation des violences »

La consultation régulière de ces sites n’est pas sans conséquences sur la santé et le comportement, en particulier chez les mineurs. « À l’enfance ou à l’adolescence, la différence entre ce qui relève de la réalité et de la fiction est floue, explique Agnès Verroust, psychologue clinicienne et sexologue à Paris. Le porno est susceptible de donner une image toxique de la sexualité, qu’on peut reproduire ensuite dans la vie. »

Selon les chiffres de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), 51 % des garçons âgés de 12 ans en France ont déjà regardé du porno, un chiffre qui grimpe à 65 % chez les 16-17 ans. Autant de jeunes exposés à des contenus souvent violents et dégradants pour les femmes.

« Il y a une érotisation des violences sexuelles dans le porno, martèle Céline Piques. Ces sites font l’apologie de la culture du viol, de la domination, de la soumission et de la haine des femmes. Avec des vidéos misogynes, racistes – il existe un tag negro sur certains sites – et même pédocriminelles, avec les catégories teenager ou daddy, qui renvoie à l’inceste. Des catégories tortures sont aussi faciles à trouver. »

Selon le rapport du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes sur la pornocriminalité, 90 % des vidéos en ligne sur les quatre principales plateformes contiennent des violences physiques et sexuelles. Et sont donc illégales au regard du droit français.

« Tout ce qu’on demande, c’est que l’État applique la loi et supprime les contenus illicites présents sur ces plateformes », poursuit la représentante d’Osez le féminisme. D’autant que les consommateurs intensifs de ces contenus seraient davantage susceptibles de commettre des violences sexuelles, selon plusieurs études. L’une d’elles, réalisée en 2011 sur 1 000 jeunes britanniques, a montré que 47 % des garçons estiment que les filles s’attendent à une agression physique pendant un rapport sexuel. Et les filles qui visionnent ce type d’images « sont plus susceptibles d’être victimes de violences sexuelles car moins capables de poser les limites, le porno brouillant leurs repères entre ce qui relève de la violence et du plaisir », précise Céline Piques.

Repères brouillés

La sexologue Agnès Verroust le constate lors des consultations dans son cabinet. « J’ai reçu des jeunes qui se disaient attirés par des rapports de domination et de soumission. (…) Une vision irréaliste des rapports sexuels peut poser problème dans la recherche d’une ou d’un partenaire. Le porno est fait pour être spectaculaire, ce n’est pas la réalité. »

En regarder trop peut aussi créer une accoutumance, voire une addiction, parfois handicapante. Aurélie Sohy, infirmière sexologue au Centres ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (Criavs) de Lorraine, y a déjà été confrontée. « J’avais un patient qui regardait du porno dès qu’il s’ennuyait au travail. Un autre avait besoin de le faire avant de dormir, sinon il était angoissé. C’est une souffrance qui peut isoler et avoir des répercussions
au quotidien. »

Dopamine et sidération

Pour Agnès Verroust, l’addiction au porno débute quand « on ne voudrait pas en regarder, mais on finit par craquer et ensuite on se sent coupable ». Elle est plus tenace si la personne a découvert tôt la pornographie. Le premier contact a un effet traumatisant. « Le porno provoque une sidération, car pleins d’émotions se mélangent, le dégoût, le plaisir, l’excitation… Ce sont des images qui marquent, on se souvient souvent de la première vidéo qu’on a vue ou du visage des actrices, même des années après. Quand on a 11 ou 12 ans, on n’a pas les clés pour comprendre ce qu’on regarde, donc y retourne pour dépasser cet effet traumatisant. »

Le porno perturbe le circuit de la récompense : au premier visionnage, la nouveauté suscite une forte décharge de dopamine. Au fil du temps, cette décharge est moins forte. « Pour retrouver le même niveau de dopamine, il faut augmenter la dose, comme avec une drogue classique,reprend la sexologue. C’est là qu’il peut y avoir une escalade vers du contenu plus trash. »

À l’adolescence, le risque de tomber dans l’addiction est plus grand. Le cerveau se transforme et le cortex préfrontal, impliqué dans le contrôle du comportement, est sous développé. À l’inverse, le système limbique, qui joue un rôle important dans les émotions (peur, plaisir, agressivité…) l’est davantage.

Des câlins plus fades

Troubles du désir, troubles de l’excitation, troubles érectiles… La pornographie peut laisser des traces et avoir des conséquences sur la santé sexuelle. Notamment dans le ressenti du plaisir avec son ou sa partenaire, les vidéos étant construites pour provoquer une excitation rapide.

« Quand on regarde des vidéos de plus en plus excitantes ou violentes, faire un câlin à sa copine le soir peut paraître fade, résume Agnès Verroust. Dans un rapport sexuel, tous nos sens sont mobilisés, on ressent des choses, le corps de l’autre. En regardant un porno, on est seulement obsédé par l’image. Cela peut nous faire perdre le contrôle de notre corps. Le porno sert plus à un besoin de soulagement, à arrêter une pulsion, une situation d’inconfort, un stress. Si on n’a pas d’autres références, on peut confondre ça avec du plaisir. » Un travail de restauration de la confiance en soi, de reconnexion avec son corps et de réapprentissage de la gestion de ses émotions peut alors être entrepris avec un professionnel de santé. (…)

Ultime précision : pour Céline Piques, il n’existe pas de « porno éthique ». « Cela fait cinq ans que je le cherche… C’est un moyen aussi pour l’industrie de faire diversion. Qu’on commence par supprimer tout ce qui est illégal, on verra bien ce qu’il reste ! ».

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Pour aller plus loin :

 

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Les principales plateformes de porno réactivées en France

Les sites You***, Porn*** et ***tube ont été réactivés en France par leur propriétaire, après la suspension, par la justice française, de l’arrêté imposant aux plateformes pornographiques situées dans l’union européenne de vérifier l’âge de leurs utilisateurs.

La décision du tribunal administratif de Paris, qui a suspendu, lundi, l’arrêté dans l’attente de voir s’il était compatible avec le droit européen, « offre l’occasion de reconsidérer des approches plus efficaces », explique un message sur la page d’accueil des trois sites, qui appartiennent à l’entreprise Aylo. Le gouvernement français a, pour sa part, annoncé son souhait de se pourvoir en cassation devant le Conseil d’état.

Plus efficaces ? Aux Etats-Unis, l’accès restreint aux sites pornos porte du fruit !

Le bras de fer continue…

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Pour aller plus loin :

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L’industrie du porno initie des procédures partout en Europe afin de faire tomber tout obstacle à son expansion

Vendredi 19 juin, par suite d’une ordonnance suspendant un arrêté interministériel leur imposant de vérifier l’âge de leurs utilisateurs, plusieurs sites pornographiques ont fait leur retour en France. Leurs propriétaires s’engouffrent habilement dans les failles de notre droit, alerte le juriste Nicolas Bauer dans Le Figaro. La loi du 30 juillet 2020 a pourtant précisé, à destination des sites pornographiques, que cocher une case ’’J’ai 18 ans’’ ou entrer une date de naissance ne suffit pas.

Nicolas Bauer est chercheur associé au European Centre for Law and Justice (ECLJ), organisation non gouvernementale qui est intervenue en tant que tierce partie dans une centaine d’affaires à la CEDH.

Le Figaro : Vendredi 20 juin, à la suite d’une décision favorable du tribunal administratif, le groupe Aylo annonçait que ses sites (You***, Porn*** et Red***) seraient de nouveau accessibles en France. Pouvez-vous nous rappeler la chronologie et les raisons de ce retrait très temporaire ?

Nicolas Bauer : La loi française interdit de diffuser de la pornographie lorsque celle-ci est susceptible d’être vue par un mineur (article 227-24 du Code pénal). Or, non seulement la pornographie est très facilement accessible, mais la première exposition à la pornographie est accidentelle pour 40 à 70% des adolescents. Par conséquent, selon l’ARCOM, 40% des mineurs accèdent à des sites pornographiques chaque mois. Les mineurs représentent en moyenne 12% de l’audience de ces sites, et 17% pour une plateforme comme Porn***, puis restent généralement consommateurs une fois devenus adultes. Ces réalités montrent que l’interdiction de diffuser de la pornographie aux mineurs n’est pas appliquée.

La loi du 30 juillet 2020 a confié à l’ARCOM le pouvoir de faire appliquer cette interdiction. Elle a aussi précisé, à destination des sites pornographiques, que cocher une case « J’ai 18 ans » ou entrer une date de naissance ne suffit pas. La loi exige un véritable système de contrôle de l’âge. Cinq sites, dont Porn***, ont été mis en demeure fin 2021 par le régulateur de l’audiovisuel. Face à leur inertie, le président de l’ARCOM a saisi le tribunal judiciaire de Paris en mars 2022 en vue de leur blocage par les fournisseurs d’accès à internet. Cela n’a pas abouti.

La loi du 21 mai 2024, dite SREN, a doté l’ARCOM d’un pouvoir supplémentaire : celui de sanctionner et de bloquer les sites qui ne se conforment pas à l’obligation de vérification d’âge. Dès les mois suivants, le régulateur de l’audiovisuel a ordonné le blocage de plusieurs sites récalcitrants. Un arrêté ministériel, entré en vigueur le 7 juin 2025, a ensuite étendu les pouvoirs de l’ARCOM aux sites hébergés dans un autre pays de l’Union européenne. C’est le cas notamment des sites du groupe Aylo, basé au Luxembourg et qui revendique sept millions de visiteurs quotidiens en France.

“Le juge a préféré protéger l’activité des sites pornographiques, dans l’attente d’une future décision sur le fond”
Nicolas Bauer

Le 4 juin 2025, protestant contre l’arrêté qui allait entrer en vigueur, le groupe Aylo a annoncé la suspension en France de ses trois sites pornographiques. Cette décision a été saluée par les associations de protection de l’enfance ainsi que par celles luttant contre les violences sexuelles contre les femmes. Le 16 juin, le tribunal administratif de Paris a suspendu l’arrêté en cause, par une ordonnance en référé-liberté, c’est-à-dire prononcée en urgence. Le juge a préféré protéger l’activité des sites pornographiques, dans l’attente d’une future décision sur le fond. Le groupe Aylo a donc pu légalement remettre en ligne You***, Porn*** et Red***.

Le gouvernement va se pourvoir en cassation pour faire annuler la décision du TA. Ce pourvoi vous semble-t-il avoir des chances de succès ? Quoi que dise le Conseil d’État, cette situation n’est-elle pas cruellement révélatrice de l’impuissance publique à lutter contre l’exposition des jeunes à la pornographie ?

L’ordonnance du tribunal administratif prête à discussion. D’une part, le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant protège tous les mineurs, jusqu’à 18 ans, et s’applique pour toute décision qui les concerne. D’autre part, il existe des solutions techniques permettant de concilier l’intérêt supérieur de l’enfant avec les « libertés des adultes ».

Il est ainsi possible de recourir au système de la vérification « en double anonymat », selon lequel l’attestation de majorité est délivrée par un tiers, qui ne sait pas ce pour quoi elle va être utilisée, tandis que le site pornographique reçoit uniquement l’attestation, sans accéder à l’identité de l’utilisateur. Un tel système est compatible avec la protection des données et le respect dû à la vie privée, mais le tribunal administratif ne s’est pas prononcé sur ce point précis. Plusieurs solutions existent, qui présentent des avantages et des inconvénients documentés (Priscille Kulczyk, rapport Mieux réglementer l’accès à la pornographie, 2023).

L’objectif de protection des mineurs se heurte aux intérêts de l’industrie de la pornographie. Celle-ci tire profit du fait qu’une partie des consommateurs parvient aisément à contourner les restrictions imposées par les pouvoirs publics, notamment en utilisant des VPN, qui permettent de se connecter comme si l’on se trouvait à l’étranger.

Par ailleurs, cette industrie initie de multiples procédures partout en Europe, afin de faire tomber tout obstacle à son expansion. Cela vaut même pour les groupes qui collaborent avec les pouvoirs publics et s’efforcent de projeter une image « propre » et éthique. J’en ai personnellement fait l’expérience après avoir mentionné la société Dorcel dans quatre médias, dont Le Figaro. L’avocat de Dorcel a alors mis en demeure ces rédactions de retirer le contenu publié, et m’a adressé un courriel me menaçant de poursuites pour diffamation. Seul Le Figaro a résisté à cette tentative d’intimidation, en maintenant l’article en ligne – aucune procédure judiciaire n’ayant finalement été engagée.

Le Figaro : La loi française permet à l’ARCOM d’agir contre les sites pornographiques domiciliés en France ou hors de l’Union européenne, mais la décision du tribunal administratif montre que cela est plus complexe pour les sites établis dans un pays de l’UE. D’où vient l’inertie de l’Europe sur ce sujet majeur ?

L’inertie n’est pas complète. D’autres plateformes pornographiques ont pu être bloquées du fait de l’absence de dispositif efficace de vérification d’âge. C’est par exemple le cas de Cams***, bloquée à la suite d’une décision de l’ARCOM le 6 mars 2025, cette fois validée par un jugement du tribunal administratif de Paris.

Au niveau de l’Union européenne, le Digital Service Act (DSA) soumet les plus grandes plateformes pornographiques, dont Porn*** à des obligations renforcées en matière de protection des mineurs. Le 27 mai 2025, la Commission européenne s’est fondée sur le DSA pour ouvrir une enquête contre quatre plateformes pornographiques, dont Porn***, après avoir conclu à titre préliminaire qu’elles ne prenaient pas des mesures appropriées pour mettre l’intérêt supérieur des enfants au cœur de leur fonctionnement, notamment par un contrôle approprié de l’âge des utilisateurs. La Commission développe en parallèle une application de vérification de l’âge qui devrait être disponible dans tous les États membres dès cet été.

“La pornographie a un caractère addictif et altère le contrôle des impulsions et des pulsions. Elle nuit également à l’image de la femme, réduite à un objet sexuel et donc trop souvent à un objet de violences sexuelles”
Nicolas Bauer

Cela dit, l’ordonnance du 16 juin 2025 du tribunal administratif de Paris montre que le législateur continue de se heurter à la clause européenne du « pays d’origine » (directive e-commerce), qui impose qu’un service numérique soit uniquement soumis aux lois du pays européen dans lequel il est établi. Cette clause a pour conséquence que les plateformes pornographiques s’installent dans les pays dont la réglementation est la plus souple. Le DSA ne fait qu’atténuer cette clause, ce qui n’est pas suffisant pour lutter contre le fléau de la pornographie chez les jeunes.

Le Figaro : Quelles conséquences concrètes l’accès des mineurs à la pornographie implique-t-il ?

Il faut d’abord rappeler que la pornographie entraîne des conséquences sur tous les consommateurs. Ceux-ci, y compris après 18 ans, se déclarent moins satisfaits de leur relation de couple et de leur vie sexuelle. La pornographie a aussi un caractère addictif et altère le contrôle des impulsions et des pulsions. Elle nuit également à l’image de la femme, réduite à un objet sexuel et donc trop souvent à un objet de violences sexuelles.

Chez les enfants et les adolescents, ces conséquences prennent une ampleur accrue, car leur cerveau est en pleine construction. D’après un rapport de 2022 du Conseil de l’Europe, plus la consommation intervient tôt, plus elle « augmente les risques de construction de stéréotypes sexistes nuisibles, d’addiction à la pornographie et de relations sexuelles précoces et malsaines ». Cette vulnérabilité des plus jeunes impose la mise en œuvre d’une véritable politique de prévention face à la pornographie, pour éviter qu’elle se substitue à une véritable éducation affective, relationnelle et sexuelle. À défaut, c’est l’instinct brut et sans frein qui prend le dessus sur la civilisation des mœurs.

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