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La vérification d’âge des sites porno européens rétablie par le Conseil d’Etat

Nouveau rebondissement : Le Conseil d’État vient d’annuler, ce 15 juillet,  la suspension d’un arrêté interministériel imposant cette obligation. Il avait conduit, le 21 juin, les principales plateformes de contenus pornographiques à rouvrir, après une courte période d’interruption. En effet, elles avaient préféré fermer entièrement leur plateforme, au nom d’une prétendue liberté, plutôt que de les restreindre aux mineurs. Un principe désormais imposé dans la loi, qu’elles ont du mal à accepter, les mineurs représentant jusqu’à 18% de leur trafic. 

Conseil d’Etat vient donc d’indiquer avoir invalidé une décision de suspension de l’arrêté interministériel, suspension que les plateformes avaient obtenu le 21 juin au tribunal administratif de Paris, en référé liberté. Les sites pornographiques installés dans l’UE et hors de France doivent donc à nouveau vérifier l’âge des utilisateurs, avec un véritable système de vérification de l’âge des internautes.

Communiqué du Conseil d’Etat (extrait)

Saisi après une décision du juge des référés du tribunal administratif de Paris, le Conseil d’État rejette, pour défaut d’urgence, la demande de suspension de l’obligation de vérification de l’âge des utilisateurs imposée à certains services de diffusion de contenus pornographiques établis dans d’autres États membres de l’Union européenne. En effet, la société qui demande sa suspension ne démontre pas que cette mesure porte une atteinte grave et immédiate à sa situation économique. Par ailleurs le dispositif imposé ne constitue pas une interdiction de diffuser du contenu pornographique à destination des personnes majeures. Enfin, il est bien susceptible de contribuer à atteindre l’objectif de protection des mineurs poursuivi par la loi du 21 mai 2024.

Afin de protéger les mineurs contre l’exposition à des contenus pornographiques, la loi du 21 mai 2024 visant à sécuriser et à réguler l’espace numérique a imposé à certains services diffusant ce type de contenus de mettre en place des systèmes de vérification de l’âge des utilisateurs, conformes à un référentiel établi par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). Par un arrêté du 26 février 2025, la ministre de la culture et la ministre déléguée chargée du numérique ont rendu cette obligation applicable à certains prestataires établis dans d’autres États membres de l’Union européenne.

A la demande de l’un de ces prestataires, la société Hammy Media Ltd, cet arrêté interministériel avait été suspendu par une ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Paris. Celui-ci avait jugé que les deux conditions prévues par la loi pour prononcer une telle suspension, à savoir l’urgence et l’existence d’un doute sérieux sur la légalité, étaient satisfaites. Saisi par la ministre de la culture et la ministre déléguée chargée du numérique, le Conseil d’État annule aujourd’hui cette ordonnance pour une erreur de raisonnement juridique et rejette, pour défaut d’urgence, la demande de suspension.

Le Conseil d’Etat relève que la société n’apporte aucun élément permettant d’établir que l’application de l’arrêté contesté porterait une atteinte grave à sa situation économique. Il constate également que l’arrêté n’interdit pas la diffusion de contenus pornographiques auprès des personnes majeures, mais qu’il impose seulement de mettre en place des systèmes de vérification de l’âge efficaces, dans le cadre des garanties prévues par la loi. Il n’y a donc pas d’atteinte à la liberté d’expression et à la protection de la vie privée.

Enfin, le Conseil d’État prend en compte, dans la mise en balance des différents intérêts en présence, l’intérêt public qui s’attache à la protection des mineurs contre l’exposition à des contenus à caractère pornographique et juge que le dispositif est susceptible de contribuer à atteindre cet objectif.

Constatant l’absence d’urgence, le Conseil d’État rejette la demande de suspension l’arrêté du 26 février 2025 sans avoir à se prononcer ni sur sa légalité, ni sur la question prioritaire de constitutionnalité soulevée à l’encontre de la loi par la société requérante.

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Pour aller plus loin :

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La première plateforme de porno fait face à des poursuites judiciaires pour agressions sexuelles

Comme le rapporte le 3 juillet cet article du Journal de Québec, la société montréalaise derrière Porn***, première plateforme mondiale de porno au monde, croule sous les poursuites judiciaires notamment pour agressions sexuelles, tant au Canada qu’aux États-Unis. Elle réclame près de 108 millions de dollars à sa compagnie d’assurance pour couvrir ses frais juridiques et indemniser des victimes alléguées.

L’entreprise ferait face à une quinzaine de poursuites judiciaires pour agressions sexuelles. « Ce dont il est question en filigrane, c’est la couverture d’assurance disponible pour indemniser ultimement des victimes d’actes à connotation sexuelle », explique d’emblée le juge Luc Morin dans un jugement intérimaire rendu la semaine dernière, à Montréal. Depuis une enquête journalistique du New York Times, la société Aylo (anciennement Mind- Geek) fait face à une quinzaine de poursuites judiciaires aux États-Unis et au Canada en lien avec du trafic humain, de l’exploitation de mineurs et de monétisation d’agressions sexuelles.

Le géant du porno regroupe notamment les populaires plateformes Porn***, ***Porn et Bra***. Aylo se tourne ainsi vers les tribunaux dans l’espoir ultimement que la compagnie Souveraine Assurance paie les frais juridiques à la hauteur de 108 millions de dollars de poursuites et leur règlement.

Des informations cachées ?

De son côté, l’assureur a refusé sous prétexte que la plateforme Porn*** a omis lors de la signature du contrat d’assurance de lui dévoiler l’existence d’un grand nombre de demandes de retrait de contenus formulées par des victimes alléguées.

« La responsabilité [de Aylo] en sa qualité de producteur et distributeur de matériel pornographique est attaquée de toute part », explique le juge Morin de la Cour supérieure. « Inutile de s’aventurer plus loin dans les détails scabreux qui parsèment ces actions en cours. Cependant, il convient de souligner que les [poursuites des victimes alléguées] dépassent de simples allégations, certaines actions ayant fait l’objet de reconnaissance formelle par [Aylo] », souligne-t-il. Le magistrat a scindé en deux la poursuite d’Aylo contre son assureur. Le tribunal devra déterminer si la société montréalaise était assurable et en deuxième lieu, quelles sont les obligations de remboursement de son assureur, le cas échéant.

Reconnaîtra-t-on enfin qu’une plateforme de porno comme celle-ci génère des agressions sexuelles ? Et vous, qu’en pensez-vous ? Venez en parler avec nous sur le chat’ :

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De l’addiction aux violences, les dangers du porno

Quels liens entre addiction au porno et violences ? En 2023, la France était le troisième pays consommateur de pornographie au monde. Une pratique banalisée qui a des conséquences sur la santé sexuelle et le comportement des utilisateurs. Morceaux choisis d’un article de Ouest-France paru en juin 2025.

Depuis plusieurs mois, le bras de fer se tend entre les principales plateformes et l’Etat au sujet de l’instauration d’une double vérification de l’âge des utilisateurs. Céline Piques, membre de l’association Osez le féminisme et rapporteuse d’un rapport sur la pornocriminalité, publié en 2023 par le Haut conseil à l’égalité
entre les femmes et les hommes, sonne l’alerte : « on est face à une industrie pornographique qui dit n’importe quoi, pleine de mauvaise foi et qui défend ses intérêts. Elle confirme par là que son business model repose sur l’illégalité. » Or le Code pénal est formel : il est interdit d’exposer des mineurs à un contenu pornographique (mais, comme nous le rappelons régulièrement sur SOSporno.net, les mineurs représentent jusqu’à 17% du trafic de ces plateformes !).

« Érotisation des violences »

La consultation régulière de ces sites n’est pas sans conséquences sur la santé et le comportement, en particulier chez les mineurs. « À l’enfance ou à l’adolescence, la différence entre ce qui relève de la réalité et de la fiction est floue, explique Agnès Verroust, psychologue clinicienne et sexologue à Paris. Le porno est susceptible de donner une image toxique de la sexualité, qu’on peut reproduire ensuite dans la vie. »

Selon les chiffres de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), 51 % des garçons âgés de 12 ans en France ont déjà regardé du porno, un chiffre qui grimpe à 65 % chez les 16-17 ans. Autant de jeunes exposés à des contenus souvent violents et dégradants pour les femmes.

« Il y a une érotisation des violences sexuelles dans le porno, martèle Céline Piques. Ces sites font l’apologie de la culture du viol, de la domination, de la soumission et de la haine des femmes. Avec des vidéos misogynes, racistes – il existe un tag negro sur certains sites – et même pédocriminelles, avec les catégories teenager ou daddy, qui renvoie à l’inceste. Des catégories tortures sont aussi faciles à trouver. »

Selon le rapport du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes sur la pornocriminalité, 90 % des vidéos en ligne sur les quatre principales plateformes contiennent des violences physiques et sexuelles. Et sont donc illégales au regard du droit français.

« Tout ce qu’on demande, c’est que l’État applique la loi et supprime les contenus illicites présents sur ces plateformes », poursuit la représentante d’Osez le féminisme. D’autant que les consommateurs intensifs de ces contenus seraient davantage susceptibles de commettre des violences sexuelles, selon plusieurs études. L’une d’elles, réalisée en 2011 sur 1 000 jeunes britanniques, a montré que 47 % des garçons estiment que les filles s’attendent à une agression physique pendant un rapport sexuel. Et les filles qui visionnent ce type d’images « sont plus susceptibles d’être victimes de violences sexuelles car moins capables de poser les limites, le porno brouillant leurs repères entre ce qui relève de la violence et du plaisir », précise Céline Piques.

Repères brouillés

La sexologue Agnès Verroust le constate lors des consultations dans son cabinet. « J’ai reçu des jeunes qui se disaient attirés par des rapports de domination et de soumission. (…) Une vision irréaliste des rapports sexuels peut poser problème dans la recherche d’une ou d’un partenaire. Le porno est fait pour être spectaculaire, ce n’est pas la réalité. »

En regarder trop peut aussi créer une accoutumance, voire une addiction, parfois handicapante. Aurélie Sohy, infirmière sexologue au Centres ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (Criavs) de Lorraine, y a déjà été confrontée. « J’avais un patient qui regardait du porno dès qu’il s’ennuyait au travail. Un autre avait besoin de le faire avant de dormir, sinon il était angoissé. C’est une souffrance qui peut isoler et avoir des répercussions
au quotidien. »

Dopamine et sidération

Pour Agnès Verroust, l’addiction au porno débute quand « on ne voudrait pas en regarder, mais on finit par craquer et ensuite on se sent coupable ». Elle est plus tenace si la personne a découvert tôt la pornographie. Le premier contact a un effet traumatisant. « Le porno provoque une sidération, car pleins d’émotions se mélangent, le dégoût, le plaisir, l’excitation… Ce sont des images qui marquent, on se souvient souvent de la première vidéo qu’on a vue ou du visage des actrices, même des années après. Quand on a 11 ou 12 ans, on n’a pas les clés pour comprendre ce qu’on regarde, donc y retourne pour dépasser cet effet traumatisant. »

Le porno perturbe le circuit de la récompense : au premier visionnage, la nouveauté suscite une forte décharge de dopamine. Au fil du temps, cette décharge est moins forte. « Pour retrouver le même niveau de dopamine, il faut augmenter la dose, comme avec une drogue classique,reprend la sexologue. C’est là qu’il peut y avoir une escalade vers du contenu plus trash. »

À l’adolescence, le risque de tomber dans l’addiction est plus grand. Le cerveau se transforme et le cortex préfrontal, impliqué dans le contrôle du comportement, est sous développé. À l’inverse, le système limbique, qui joue un rôle important dans les émotions (peur, plaisir, agressivité…) l’est davantage.

Des câlins plus fades

Troubles du désir, troubles de l’excitation, troubles érectiles… La pornographie peut laisser des traces et avoir des conséquences sur la santé sexuelle. Notamment dans le ressenti du plaisir avec son ou sa partenaire, les vidéos étant construites pour provoquer une excitation rapide.

« Quand on regarde des vidéos de plus en plus excitantes ou violentes, faire un câlin à sa copine le soir peut paraître fade, résume Agnès Verroust. Dans un rapport sexuel, tous nos sens sont mobilisés, on ressent des choses, le corps de l’autre. En regardant un porno, on est seulement obsédé par l’image. Cela peut nous faire perdre le contrôle de notre corps. Le porno sert plus à un besoin de soulagement, à arrêter une pulsion, une situation d’inconfort, un stress. Si on n’a pas d’autres références, on peut confondre ça avec du plaisir. » Un travail de restauration de la confiance en soi, de reconnexion avec son corps et de réapprentissage de la gestion de ses émotions peut alors être entrepris avec un professionnel de santé. (…)

Ultime précision : pour Céline Piques, il n’existe pas de « porno éthique ». « Cela fait cinq ans que je le cherche… C’est un moyen aussi pour l’industrie de faire diversion. Qu’on commence par supprimer tout ce qui est illégal, on verra bien ce qu’il reste ! ».

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Pour aller plus loin :

 

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L’industrie du porno initie des procédures partout en Europe afin de faire tomber tout obstacle à son expansion

Vendredi 19 juin, par suite d’une ordonnance suspendant un arrêté interministériel leur imposant de vérifier l’âge de leurs utilisateurs, plusieurs sites pornographiques ont fait leur retour en France. Leurs propriétaires s’engouffrent habilement dans les failles de notre droit, alerte le juriste Nicolas Bauer dans Le Figaro. La loi du 30 juillet 2020 a pourtant précisé, à destination des sites pornographiques, que cocher une case ’’J’ai 18 ans’’ ou entrer une date de naissance ne suffit pas.

Nicolas Bauer est chercheur associé au European Centre for Law and Justice (ECLJ), organisation non gouvernementale qui est intervenue en tant que tierce partie dans une centaine d’affaires à la CEDH.

Le Figaro : Vendredi 20 juin, à la suite d’une décision favorable du tribunal administratif, le groupe Aylo annonçait que ses sites (You***, Porn*** et Red***) seraient de nouveau accessibles en France. Pouvez-vous nous rappeler la chronologie et les raisons de ce retrait très temporaire ?

Nicolas Bauer : La loi française interdit de diffuser de la pornographie lorsque celle-ci est susceptible d’être vue par un mineur (article 227-24 du Code pénal). Or, non seulement la pornographie est très facilement accessible, mais la première exposition à la pornographie est accidentelle pour 40 à 70% des adolescents. Par conséquent, selon l’ARCOM, 40% des mineurs accèdent à des sites pornographiques chaque mois. Les mineurs représentent en moyenne 12% de l’audience de ces sites, et 17% pour une plateforme comme Porn***, puis restent généralement consommateurs une fois devenus adultes. Ces réalités montrent que l’interdiction de diffuser de la pornographie aux mineurs n’est pas appliquée.

La loi du 30 juillet 2020 a confié à l’ARCOM le pouvoir de faire appliquer cette interdiction. Elle a aussi précisé, à destination des sites pornographiques, que cocher une case « J’ai 18 ans » ou entrer une date de naissance ne suffit pas. La loi exige un véritable système de contrôle de l’âge. Cinq sites, dont Porn***, ont été mis en demeure fin 2021 par le régulateur de l’audiovisuel. Face à leur inertie, le président de l’ARCOM a saisi le tribunal judiciaire de Paris en mars 2022 en vue de leur blocage par les fournisseurs d’accès à internet. Cela n’a pas abouti.

La loi du 21 mai 2024, dite SREN, a doté l’ARCOM d’un pouvoir supplémentaire : celui de sanctionner et de bloquer les sites qui ne se conforment pas à l’obligation de vérification d’âge. Dès les mois suivants, le régulateur de l’audiovisuel a ordonné le blocage de plusieurs sites récalcitrants. Un arrêté ministériel, entré en vigueur le 7 juin 2025, a ensuite étendu les pouvoirs de l’ARCOM aux sites hébergés dans un autre pays de l’Union européenne. C’est le cas notamment des sites du groupe Aylo, basé au Luxembourg et qui revendique sept millions de visiteurs quotidiens en France.

“Le juge a préféré protéger l’activité des sites pornographiques, dans l’attente d’une future décision sur le fond”
Nicolas Bauer

Le 4 juin 2025, protestant contre l’arrêté qui allait entrer en vigueur, le groupe Aylo a annoncé la suspension en France de ses trois sites pornographiques. Cette décision a été saluée par les associations de protection de l’enfance ainsi que par celles luttant contre les violences sexuelles contre les femmes. Le 16 juin, le tribunal administratif de Paris a suspendu l’arrêté en cause, par une ordonnance en référé-liberté, c’est-à-dire prononcée en urgence. Le juge a préféré protéger l’activité des sites pornographiques, dans l’attente d’une future décision sur le fond. Le groupe Aylo a donc pu légalement remettre en ligne You***, Porn*** et Red***.

Le gouvernement va se pourvoir en cassation pour faire annuler la décision du TA. Ce pourvoi vous semble-t-il avoir des chances de succès ? Quoi que dise le Conseil d’État, cette situation n’est-elle pas cruellement révélatrice de l’impuissance publique à lutter contre l’exposition des jeunes à la pornographie ?

L’ordonnance du tribunal administratif prête à discussion. D’une part, le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant protège tous les mineurs, jusqu’à 18 ans, et s’applique pour toute décision qui les concerne. D’autre part, il existe des solutions techniques permettant de concilier l’intérêt supérieur de l’enfant avec les « libertés des adultes ».

Il est ainsi possible de recourir au système de la vérification « en double anonymat », selon lequel l’attestation de majorité est délivrée par un tiers, qui ne sait pas ce pour quoi elle va être utilisée, tandis que le site pornographique reçoit uniquement l’attestation, sans accéder à l’identité de l’utilisateur. Un tel système est compatible avec la protection des données et le respect dû à la vie privée, mais le tribunal administratif ne s’est pas prononcé sur ce point précis. Plusieurs solutions existent, qui présentent des avantages et des inconvénients documentés (Priscille Kulczyk, rapport Mieux réglementer l’accès à la pornographie, 2023).

L’objectif de protection des mineurs se heurte aux intérêts de l’industrie de la pornographie. Celle-ci tire profit du fait qu’une partie des consommateurs parvient aisément à contourner les restrictions imposées par les pouvoirs publics, notamment en utilisant des VPN, qui permettent de se connecter comme si l’on se trouvait à l’étranger.

Par ailleurs, cette industrie initie de multiples procédures partout en Europe, afin de faire tomber tout obstacle à son expansion. Cela vaut même pour les groupes qui collaborent avec les pouvoirs publics et s’efforcent de projeter une image « propre » et éthique. J’en ai personnellement fait l’expérience après avoir mentionné la société Dorcel dans quatre médias, dont Le Figaro. L’avocat de Dorcel a alors mis en demeure ces rédactions de retirer le contenu publié, et m’a adressé un courriel me menaçant de poursuites pour diffamation. Seul Le Figaro a résisté à cette tentative d’intimidation, en maintenant l’article en ligne – aucune procédure judiciaire n’ayant finalement été engagée.

Le Figaro : La loi française permet à l’ARCOM d’agir contre les sites pornographiques domiciliés en France ou hors de l’Union européenne, mais la décision du tribunal administratif montre que cela est plus complexe pour les sites établis dans un pays de l’UE. D’où vient l’inertie de l’Europe sur ce sujet majeur ?

L’inertie n’est pas complète. D’autres plateformes pornographiques ont pu être bloquées du fait de l’absence de dispositif efficace de vérification d’âge. C’est par exemple le cas de Cams***, bloquée à la suite d’une décision de l’ARCOM le 6 mars 2025, cette fois validée par un jugement du tribunal administratif de Paris.

Au niveau de l’Union européenne, le Digital Service Act (DSA) soumet les plus grandes plateformes pornographiques, dont Porn*** à des obligations renforcées en matière de protection des mineurs. Le 27 mai 2025, la Commission européenne s’est fondée sur le DSA pour ouvrir une enquête contre quatre plateformes pornographiques, dont Porn***, après avoir conclu à titre préliminaire qu’elles ne prenaient pas des mesures appropriées pour mettre l’intérêt supérieur des enfants au cœur de leur fonctionnement, notamment par un contrôle approprié de l’âge des utilisateurs. La Commission développe en parallèle une application de vérification de l’âge qui devrait être disponible dans tous les États membres dès cet été.

“La pornographie a un caractère addictif et altère le contrôle des impulsions et des pulsions. Elle nuit également à l’image de la femme, réduite à un objet sexuel et donc trop souvent à un objet de violences sexuelles”
Nicolas Bauer

Cela dit, l’ordonnance du 16 juin 2025 du tribunal administratif de Paris montre que le législateur continue de se heurter à la clause européenne du « pays d’origine » (directive e-commerce), qui impose qu’un service numérique soit uniquement soumis aux lois du pays européen dans lequel il est établi. Cette clause a pour conséquence que les plateformes pornographiques s’installent dans les pays dont la réglementation est la plus souple. Le DSA ne fait qu’atténuer cette clause, ce qui n’est pas suffisant pour lutter contre le fléau de la pornographie chez les jeunes.

Le Figaro : Quelles conséquences concrètes l’accès des mineurs à la pornographie implique-t-il ?

Il faut d’abord rappeler que la pornographie entraîne des conséquences sur tous les consommateurs. Ceux-ci, y compris après 18 ans, se déclarent moins satisfaits de leur relation de couple et de leur vie sexuelle. La pornographie a aussi un caractère addictif et altère le contrôle des impulsions et des pulsions. Elle nuit également à l’image de la femme, réduite à un objet sexuel et donc trop souvent à un objet de violences sexuelles.

Chez les enfants et les adolescents, ces conséquences prennent une ampleur accrue, car leur cerveau est en pleine construction. D’après un rapport de 2022 du Conseil de l’Europe, plus la consommation intervient tôt, plus elle « augmente les risques de construction de stéréotypes sexistes nuisibles, d’addiction à la pornographie et de relations sexuelles précoces et malsaines ». Cette vulnérabilité des plus jeunes impose la mise en œuvre d’une véritable politique de prévention face à la pornographie, pour éviter qu’elle se substitue à une véritable éducation affective, relationnelle et sexuelle. À défaut, c’est l’instinct brut et sans frein qui prend le dessus sur la civilisation des mœurs.

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Pour aller plus loin :

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Pourquoi restreindre l’accès des plateformes porno aux mineurs ? La réponse de Chat GPT

Pourquoi restreindre l’accès des plateformes porno aux mineurs ? Ces mesures sont-elles efficaces ? Nous avons posé la question à Chat’ GPT, voici sa réponse.

Restreindre l’accès des principales plateformes de pornographie aux mineurs présente un intérêt majeur sous l’angle de la santé publique, car l’exposition précoce à des contenus sexuels explicites peut avoir des conséquences psychologiques, affectives et comportementales importantes.

D’abord, du point de vue du développement psychosexuel, les adolescents ne disposent pas toujours de la maturité cognitive et affective pour comprendre et interpréter correctement les contenus pornographiques. Ceux-ci véhiculent souvent des représentations irréalistes, stéréotypées et violentes des relations sexuelles et des rôles de genre. Cela peut fausser leur perception des rapports humains, encourager des comportements à risque ou influencer négativement la construction de leur sexualité.

Ensuite, plusieurs études mettent en évidence un lien entre une consommation précoce et régulière de pornographie et divers troubles : hypersexualisation, troubles de l’image corporelle, anxiété de performance, voire addiction. Sur le plan comportemental, cela peut aussi banaliser des attitudes sexistes ou agressives, ou induire une pression à la conformité à des pratiques vues en ligne.

Limiter l’accès des mineurs au porno s’inscrit donc dans une logique de prévention des risques en santé mentale, sexuelle et relationnelle. Cela contribue à créer un environnement plus protecteur pour leur développement.

Quant à l’efficacité des mesures, les dispositifs actuels de vérification d’âge (déclarations sur l’honneur, cookies) sont largement contournés. Certaines initiatives plus strictes, comme l’obligation de preuve d’identité numérique, sont plus efficaces mais soulèvent des questions de protection de la vie privée. La technologie seule ne suffit pas : ces mesures doivent s’accompagner d’une éducation à la sexualité complète, fondée sur le respect, l’information et le dialogue.

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Pour aller plus loin :

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Foire aux questions

Quelles violences engendre le porno ?

Le porno peut engendrer ou amplifier des violences sur plusieurs niveaux, à la fois sur le plan individuel, relationnel et sociétal. Voici donc une analyse des principales formes de violences associées à la pornographie.

1. Violence physique dans l’industrie

L’industrie pornographique est souvent marquée par des conditions de travail précaires, si toutefois on peut encore parler de travail, étant donné qu’il s’agit en réalité plutôt d’un genre de prostitution, et donc, bien souvent, d’un esclavage moderne. De nombreuses actrices et acteurs porno subissent des abus physiques sur les plateaux, allant de pratiques forcées à des comportements dangereux pour leur santé physique ou mentale, en matière de maladies ou d’infections sexuellement transmissibles, mais aussi en cas de viols. En effet, les scènes explicites peuvent inclure des actes de violence, parfois sans consentement clair ou sous contrainte économique. Payer une personne pour des actes sexuels n’empêche pas, bien au contraire, de respecter sa dignité humaine. Tout est souvent permis, même le pire !

2. Objectivation et déshumanisation

La pornographie repose souvent sur l’objectivation des corps (rendus à des objets), en particulier ceux des femmes. Cela peut promouvoir une vision déshumanisante, où les individus sont réduits à des objets de plaisir, renforçant ainsi des attitudes sexistes et violentes. En effet, réduire la femme à un objet la prive du respect de sa dignité humaine, intrinsèque à toute personne.

3. Violences sexuelles dans la société

Une consommation excessive de pornographie peut banaliser les comportements violents ou non consensuels. Cela peut influencer certains consommateurs à reproduire ces actes dans leur vie réelle, en couple ou sinon conduisant à une augmentation des agressions ou abus sexuels. Or l’amour vrai, l’amour véritable, don échangé entre deux personnes qui s’aiment, dans le secret de l’union des cœurs, de l’âme et du corps, n’a rien à voir avec les scènes pornographiques, dans lesquelles l’accent est bien souvent porté sur le seul acte sexuel et les organes génitaux.

4. Renforcement de la culture du viol

La pornographie mainstream met souvent en scène des rapports où les notions de consentement sont floues, voire absentes. Elle peut légitimer l’idée que la violence ou la domination sont des composantes normales des relations sexuelles, contribuant ainsi à une culture qui minimise les violences sexuelles. Pourtant là encore, c’est tout le contraire d’une véritable relation sexuelle vécue dans le don partagé de soi-même et la tendresse. Il est à noter également que 50% des agressions sexuelles sont dues à l’addiction au porno.

5. Exploitation des personnes vulnérables

L’industrie pornographique exploite fréquemment des personnes en situation de vulnérabilité : précarité économique, manipulation psychologique ou dépendance. Cela conduit à un esclave moderne. Des cas de trafic humain sont également courants, où des individus non consentants sont contraints de participer à des tournages. Il peut même s’agir d’enfants.

6. Impact sur les relations intimes

La consommation de pornographie peut entraîner des attentes irréalistes, ce qui peut se traduire par des demandes coercitives ou violentes dans les relations intimes. Certaines personnes, influencées par des contenus explicites, peuvent insister pour reproduire des actes violents ou dégradants sans tenir compte du consentement de leur partenaire. Tous les fantasmes ne sont pas bons à reproduire !

7. Violence psychologique

La pornographie peut engendrer une pression psychologique, notamment pour les jeunes, en véhiculant des idéaux inatteignables en termes de performance, d’apparence physique ou de pratiques sexuelles. Cette pression peut être vécue comme une forme de violence intérieure, affectant l’estime de soi.

8. Normalisation de la violence sexuelle

Certaines catégories pornographiques popularisent des scénarios violents, tels que le viol simulé ou la domination extrême. Ces contenus de porno hard, bien que fictifs, peuvent influencer les spectateurs à percevoir ces comportements comme acceptables ou séduisants. Les regarder, c’est contribuer à leur succès par leur nombre de vues, et donc les cautionner. D’autres part,

9. Diffusion de contenus non consensuels

Avec l’émergence des nouvelles technologies, la pornographie inclut de plus en plus des vidéos non consenties, comme la diffusion de revenge porn ou de contenus capturés à l’insu des individus. Ces pratiques constituent une forme de violence grave, avec des répercussions psychologiques et sociales importantes, notamment en cas de chantage et/ou de harcèlement.

10. Violence liée au chemsex et à la consommation de porno

Le porno peut aussi conduire à la consommation de drogues et à toutes les violences qui en découlent, pour soi, pour les autres, pour sa santé physique et mentale, comportements coercitifs notamment en milieu collectif, etc.

12. Violences conjugales, divorces, séparations

La consommation de porno peut également engendrer des pressions sur un membre du couple, liées aux pratiques sexuelles, réduire l’autre à un objet, des frustrations et de la colère. De fait, l’impact psychologique sur le couple est potentiellement explosif : blessures affectives (il s’agit après tout d’une forme d’infidélité), érosion de la confiance, détachement émotionnel, comparaisons dévalorisantes, etc. Rappelons ici que 50% des divorces ou des séparations sont dues à une addiction à la pornographie.

Conclusion : le porno engendre de multiples violences

Le porno peut engendrer des violences multiples : physiques, psychologiques et structurelles. Cela met en lumière la nécessité de régulations dans l’industrie, ainsi que d’une éducation sexuelle adaptée, pour déconstruire ces dynamiques et promouvoir des relations fondées sur le consentement et le respect mutuel, l’amour vrai, la relation fondée sur le don réciproque.

Et toi, qu’en penses-tu ? Sais-tu qu’on peut sortir du porno ? Viens en discuter avec nous sur le chat’ ! (discussion anonyme et gratuite) :

 

Pour aller plus loin :

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Pape François : “Le porno sape le plaisir sexuel”

Selon le pape François, le porno sape le plaisir sexuel : c’est une satisfaction sans relation qui peut engendrer des formes d’addiction.

A Rome lors de l’Audience générale du mercredi 17 janvier 2024, le Pape François a poursuivi son cycle de catéchèse sur les “vices et les vertus”, en mettant l’accent sur la luxure, “un vice particulièrement odieux” qui peut selon lui dévaster la relation entre les personnes. Le pape a ainsi qualifié le vice de la gourmandise de “démon toujours tapi à la porte du cœur” et de “sorte de voracité envers une autre personne”, c’est-à-dire “le lien empoisonné entre les êtres humains, surtout dans le domaine de la sexualité”.

“Le christianisme ne condamne pas l’instinct sexuel”

Le pape a expliqué que dans le christianisme, “l’instinct sexuel n’est pas condamné”, tout en mettant en garde contre les dangers, alors qu’il demeure une “belle dimension sexuelle et de l’amour”. Le  pape François a qualifié l’expérience amoureuse de “mystère” et l’une des “réalités les plus étonnantes de l’existence”. Il a ensuite souligné que “si l’amour n’est pas contaminé par le vice, l’amour est l’un des sentiments les plus purs”, car la personne amoureuse “cesse de penser à elle-même pour se projeter complètement vers l’autre”, devenant ainsi “un amour inconditionnel et sans raison”.

“Patience si cet amour, aussi puissant soit-il, est aussi un peu naïf : l’amoureux ne connaît pas vraiment le visage de l’autre, il a tendance à l’idéaliser, il est prêt à faire des promesses dont il ne comprend pas immédiatement le poids”.

L’amour contaminé par le démon de la luxure : le manque de chasteté

“Cette ‘jungle’ où se multiplient les merveilles n’est cependant pas à l’abri du mal. Elle est contaminée par le démon de la luxure, et ce vice est particulièrement odieux”, a précisé le pape. Plus tard, le Saint-Père a expliqué que cette “contamination” détruit les relations entre les personnes : “Combien de relations qui ont commencé de la meilleure manière se sont ensuite transformées en relations toxiques, de possession de l’autre, dépourvues de respect et de sens des limites ?”, s’est-il demandé.

“Il s’agit d’amours où la chasteté a fait défaut : une vertu à ne pas confondre avec l’abstinence sexuelle. La chasteté est autre chose que l’abstinence sexuelle, elle est liée à la volonté de ne jamais posséder l’autre”. Pour François, “aimer, c’est respecter l’autre, chercher son bonheur, cultiver l’empathie pour ses sentiments, se mettre à connaître un corps, une psychologie et une âme qui ne sont pas les nôtres, et qu’il faut contempler pour leur beauté”. Cependant, le locataire n °1 du Vatican a précisé que “la luxure se moque de tout cela : elle pille, vole, consomme rapidement, ne veut pas écouter l’autre, mais seulement satisfaire ses propres besoins et plaisirs ; la luxure considère toute courtoisie comme ennuyeuse, ne recherche pas cette synthèse entre raison, pulsion et sentiment qui nous aiderait à mener sagement notre existence”.

Et de souligner : “Le luxurieux ne cherche que des raccourcis : il ne comprend pas que le chemin de l’amour doit être parcouru lentement, et cette patience, loin d’être synonyme d’ennui, nous permet de rendre nos relations amoureuses heureuses”.

Le don du plaisir sexuel sapé par la pornographie

Le pape a souligné que “parmi tous les plaisirs de l’homme, la sexualité a une voix puissante”, car “elle implique tous les sens ; elle habite à la fois le corps et l’esprit”. “C’est magnifique, mais s’il n’est pas discipliné avec patience, s’il n’est pas inscrit dans une relation et une histoire où deux individus le transforment en une danse amoureuse, il devient une chaîne qui prive l’homme de sa liberté”.

Il a également souligné que “le plaisir sexuel, qui est un don de Dieu, est sapé par la pornographie : une satisfaction sans relation qui peut engendrer des formes d’addiction”. À cet égard, il a affirmé que “nous devons défendre l’amour de l’esprit, du corps, l’amour pur de se donner l’un à l’autre, et c’est la beauté de la relation sexuelle”.

Gagner la bataille contre la luxure et la déshumanisation de l’autre

À la fin de sa catéchèse, le Saint Père a souligné que “gagner la bataille contre la luxure, contre la déshumanisation de l’autre, peut être un engagement qui dure toute la vie”. Enfin, le pape François a assuré que “le prix de cette bataille est le plus important de tous, car il s’agit de préserver la beauté que Dieu a inscrite dans sa création lorsque l’amour entre l’homme et la femme a été imaginé, non pas pour s’utiliser mutuellement, mais pour s’aimer”.

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Pour aller plus loin :


Source : texte d’origine sur Vatican.va

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L’explosion de la pornographie chez les mineurs

Depuis un an environ, plusieurs rapports officiels pointent du doigt un phénomène alarmant : l’explosion de la pornographie chez les mineurs. Etat des lieux.

Les chiffres alarmants de l’explosion de la pornographie chez les mineurs

L’addiction au porno est, de manière effrayante, en pleine explosion chez les mineurs. Ainsi, selon le rapport de l’Arcom (ex-CSA) de mai 2023 :

  • Ces sites sont fréquentés par 10% des internautes, quel que soit l’âge
  • 2,3 millions de mineurs fréquentent des sites pornos, un chiffre en croissance rapide ces dernières années (+36% en 4 ans)
  • 30% des mineurs se rendent (chaque mois) sur un site pour adultes (contre 37% pour les adultes) et 9% quotidiennement
  • 51% des garçons de 12-13 ans sont touchés.

D’autres rapports pointent les nombreux dangers de la pornographie pour la santé et la société comme celui de l’Académie de médecine de janvier 2023 ou celui du Sénat, « l’Enfer du décor », sur le proxénétisme 2.0 et le business vertigineux de l’industrie pornographique. Ce rapport montre notamment l’importance des réseaux sociaux dans le développement du porno chez les mineurs : Réseaux sociaux et messageries privées, nouveaux vecteurs du porno.

L’addiction au porno chez les mineurs entraîne d’autres dérives : agressions sexuelles, drogues…

Plusieurs pays européens, en particulier l’Espagne ou la Grande-Bretagne, montrent aussi, chiffres à l’appui, que l’addiction à la pornographie, chez les mineurs notamment, est la cause de 50% des agressions sexuelles :”’

Ces rapports ne sont pas, pour l’instant, suivis d’effets bien qu’ils pointent les graves dérives de l’addiction à la pornographie (56% des divorces, fuite en avant vers la consommation de stupéfiants, etc.). Depuis près de trois ans, SOSPorno.net apporte une solution à ce « scandale de santé publique ».En particulier, nous sommes de plus en plus sollicités pour intervenir dans les écoles. Nous voulons donc lancer un programme d’intervention réplicable dans toute la France, en recrutant un chef de projet et en formant des parents bénévoles localement.

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Pour aller plus loin :

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Hausse des crimes sexuels liés au porno : les Espagnols inquiets

En Espagne, les autorités s’inquiètent de la hausse des crimes sexuels commis par des mineurs guidés par la porno, nous rapportent aujourd’hui L’Obs avec l’Afp. Comme au Royaume-Uni, où la Commissaire à l’Enfance a estimé en mai dernier que 50% des agressions sexuelles sont dues à l’addiction à la pornographie.

Autorités et associations dénoncent l’impact de l’accès de plus en plus jeune au porno

En 2023, rapportent donc L’Obs et l’AFP, deux viols de fillettes, âgées de 13 et 11 ans, commis à chaque fois par des mineurs ont suscité l’indignation. En Espagne, la hausse récente de violences sexuelles commises par des mineurs inquiète autorités et associations, qui dénoncent l’impact de l’accès de plus en plus jeune à la pornographie. « Depuis quelques années », on « assiste à une augmentation progressive », à défaut d’être « spectaculaire », du « nombre de crimes sexuels commis par des mineurs », souligne Eduardo Esteban, procureur chargé de coordonner la politique pénale envers les mineurs dans ce pays. Cette hausse, « légèrement plus marquée l’an dernier » que les années précédentes, selon le magistrat, a fini par placer ce problème sous le feu des projecteurs en raison de plusieurs affaires relayées ces derniers mois.

En France, l’explosion de l’accès des mineurs à la pornographie a fait fin mai l’objet d’un rapport de l’ARCOM, autorité chargé de réguler les médias  et Internet (ex-CSA).

Des fillettes de 11 et 13 ans violées par d’autres mineurs

Parmi les victimes, le viol présumé fin 2022 par un groupe de mineurs d’une fillette de 11 ans dans les toilettes d’un centre commercial de la région de Barcelone. Parmi les accusés, seuls deux avaient plus de 14 ans, âge minimum pour être inculpé en Espagne, et un seul a été admis temporairement dans un centre pour mineurs.

En juin 2023, un cas similaire a été signalé dans la même région, la Catalogne, où le nombre de mineurs de moins de 14 ans impliqués dans des délits ou crimes sexuels a doublé entre 2015 et 2022, passant de 53 à 103, et où 12,3 % des personnes arrêtées entre janvier et avril 2023 dans de telles affaires étaient des mineurs, selon l’exécutif régional et la police.

Autre signe de la préoccupation des autorités espagnoles, le Défenseur du peuple, équivalent espagnol du Défenseur des droits en France, a ouvert début juin une enquête sur l’agression sexuelle présumée d’une jeune fille de 13 ans par deux élèves de son collège madrilène.

L’accès incontrôlé au porno de plus en plus d’enfants pointé du doigt

Ces affaires ont suscité l’indignation dans le pays, où la lutte contre les violences sexuelles est une cause nationale. En pleine campagne électorale pour les législatives du 23 juillet, l’extrême droite n’a, elle, pas tardé à réclamer un abaissement de l’âge de responsabilité pénale. Mais selon des experts comme Carmela del Moral, de l’ONG Save the Children, « il n’y a pas de solution miracle, comme abaisser l’âge de la responsabilité pénale et envoyer tout le monde en prison », pour enrayer cette hausse.

L’accès incontrôlé de plus en plus d’enfants à la pornographie est, selon les spécialistes, l’un des principaux facteurs de passage à l’acte. « Les jeunes, les enfants, se tournent de plus en plus tôt vers ces contenus », dont ils se servent comme de « tutoriels », « comme lorsqu’on va sur YouTube voir comment réparer un pneu de vélo crevé », explique le procureur Esteban.

En France, ce vendredi, est justement attendu une décision du tribunal judiciaire de Paris sur le blocage de cinq plateformes pornographiques d’envergure auxquelles l’ARCOM reproche de ne pas respecter l’obligation légale de mise en place d’outils permettant d’en interdire l’accès aux mineurs, qui sont de plus en nombreux à les consulter.

Près de 20 % des enfants de 9 ans ont déjà regardé du porno

Selon Lluís Ballester, professeur à l’université des îles Baléares, l’âge du premier contact avec ces contenus diminue progressivement : actuellement, 15 à 20 % des enfants espagnols de 8 à 9 ans assurent ainsi avoir déjà été confrontés à la pornographie en ligne.

En France, 30% des mineurs se rendent chaque mois sur un site porno.

Une étude menée en 2020 par Save The Children montrait que près de sept adolescents sur dix consommaient fréquemment de la pornographie et que plus de la moitié d’entre eux s’en inspiraient dans leurs expériences sexuelles.

Or, cette pornographie est souvent « violente, avec des femmes soumises, qui ne contredisent ni ne contrarient jamais le désir masculin, qui acceptent n’importe quelle pratique, même si elle est folle », insiste Lluís Ballester. De plus, le porno normalise les agressions en groupe, souvent filmées, avertit Carmela Del Moral.
Les jeunes “apprennent la sexualité à travers la pornographie et c’est comme s’ils apprenaient à conduire en regardant “Fast and Furious”.”

Contrôle inefficace

Si l’accès aux contenus pornographiques est en théorie interdit aux moins de 18 ans, le contrôle fait en général défaut, amenant le procureur Esteban à appeler de ses vœux un « contrôle parental […] avec la coopération des réseaux sociaux » et des plateformes.

Cet accès sans contrôle réel préoccupe dans de nombreux pays, comme en France, où le gouvernement a annoncé en mai qu’il voulait parvenir avant la fin de l’année à une vérification d’âge effective sur les sites pornos.

Face à cet impact du porno, les experts s’accordent aussi sur la nécessité de renforcer l’éducation sexuelle des adolescents. « Les mesures adoptées avec les mineurs ont leur effet et il y a très peu de récidives », insiste le procureur Esteban. Mais « avec une éducation sexuelle plus adéquate, il y aurait beaucoup moins de délits ».

Et vous, qu’en pensez-vous ? Agressions sexuelles et pornographie sont-elles liées, selon vous ? Venez en discuter avec nous sur le live chat’ ! (discussion anonyme et gratuite)

Pour aller plus loin, lire aussi :

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74% des Français d’accord pour restreindre le porno aux mineurs

Selon ce sondage Ifop pour 01net, 74% des Français sont d’accord avec les mesures instaurées pour restreindre l’accès du porno aux mineurs.

Le tribunal judiciaire de Paris va rendre ce vendredi sa décision sur le blocage de cinq sites pornographiques auxquels l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, ex-CSA) reproche de ne pas respecter l’obligation légale de mise en place d’outils permettant d’en interdire l’accès aux mineurs, qui sont de plus en nombreux à les consulter.

A cette occasion, le magazine de l’informatique 01net a commandé un sondage à l’IFOP auprès plus de 2 000 Français sur leur rapport actuel à la pornographie.

Si tous adhèrent majoritairement aux mesures qui permettraient de restreindre la possibilité aux mineurs de visionner des contenus pornographiques et sont même prêts pour un nombre non négligeable de clients à s’y soumettre, ils doutent fortement de leur efficacité.

La pornographie, un apprentissage biaisé de la sexualité

Pourtant, comme le confirme ce sondage, il s’agit là d’un enjeu d’importance : exposés de plus en plus tôt aux images pornographiques, les jeunes y font un apprentissage biaisé de la sexualité, conjuguant reproduction de pratiques à risques et de comparaisons anatomiques, source de complexe, mais aussi à des problèmes de santé.

De plus, notre plateforme SOSporno, qui vient en aide aux personnes accros au porno, est bien placée pour savoir que cette consommation entraîne une addiction dont il est difficile de se sortir sans l’aide de professionnels et qui peut durer parfois plusieurs dizaines années, en commençant souvent à l’adolescence.

74% des Français favorables à un double système d’authentification

La perspective de restreindre l’accès des sites pornographiques aux mineurs via un double système d’authentification est largement approuvée par les Français. Les trois quarts d’entre eux (74%) y sont favorables. Moins consommatrices de ce type de contenus, plus protectrices à l’égard de leurs enfants, les femmes sont plus nombreuses (79%) que les hommes (68%) à adhérer à la mise en place d’une telle mesure. Plus réservés que celles et ceux qui n’en regardent pas, les consommateurs de pornographie acquiescent également majoritairement (63%) à cette volonté.

…mais dubitatifs sur l’efficacité d’un tel contrôle

S’ils sont favorables à un meilleur contrôle de l’accès aux sites pornographiques, les Français sont toutefois dubitatifs sur son efficacité. Plus de 8 sur 10 (81%) pensent en effet que les jeunes trouveront les moyens de contourner le nouveau système, et près de 2 sur 3 (62%) estiment qu’il sera impossible à appliquer techniquement. Cependant, à SOSporno nous penons qu’un système unique avec paiement par carte bancaire à un euro symbolique serait très efficace.

Par ailleurs, 78% craignent que les plus jeunes soient incités à visiter des plateformes moins réglementées et diffusant potentiellement des contenus plus choquants. Ce qui étonnant, car les contenus de ces plateformes sont déjà très avilissantes et souvent sources de violences pour les femmes, comme pour les hommes.

Une courte majorité des répondants (52%) voit dans cette mesure une atteinte à la vie privée. Un sentiment que les hommes partagent plus largement que les femmes (61% contre 44%). Enfin, près d’1 Français sur 2 (47%) redoute une recrudescence d’agressions sexuelles de la part d’amateurs de pornographie éventuellement privés de photos et vidéos. Ce qui là aussi est étonnant : le porno produit déjà viols et traite des êtres humains.

Interrogées plus spécifiquement par l’IFOP, les personnes ayant déjà visionné un film X au cours de leur vie sont 18% à dire qu’elles pourraient certainement s’engager dans une procédure exigeant un certificat de majorité afin de continuer à se rendre sur des plateformes porno. Une perspective partagée par 21% des femmes et 16% des hommes. C’est sans surprise chez celles et ceux qui visionnent quotidiennement des contenus pornographiques que l’on retrouve le plus de répondants (43%) certains de souscrire à l’obligation de prouver qu’ils sont majeurs.

Et un sur quatre prêt à renoncer aux sites porno

Point positif, la mise en œuvre d’un système contraignant de contrôle d’accès rebuterait un nombre non négligeable des personnes s’étant déjà rendues sur un site pornographique : 27% d’entre elles indiquent en effet qu’elles préféreraient s’abstenir d’en consulter à l’avenir. Parmi elles, les femmes (41%) sont beaucoup plus nombreuses que les hommes (19%) à dire qu’elles renonceraient dans cette hypothèse.

D’autres envisagent différentes de manières de continuer à consulter des sites X sans pour autant souscrire à un processus d’authentification. Ainsi, 21% chercheraient un site ne disposant pas de ce mode de contrôle, 11% contourneraient le système via un VPN ou un changement de DNS, ce qui n’est pourtant pas possible avec un paiement à un euro symbolique la visite, tel que SOSporno le préconise. Près d’1 utilisateur sur 10 n’hésiterait pas à usurper l’identité d’une personne majeure, qu’elle fasse partie de ses connaissances (9%) ou en se procurant ses données sur le net (idem).

Le point de vue de François Kraus, directeur du pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » à l’IFOP

« Il aura fallu attendre une quinzaine d’années depuis l’apparition des premiers sites pornographiques en ligne pour que les pouvoirs publics s’attellent réellement à en interdire l’accès aux mineurs.

Notre étude montre que les politiques de restriction envisagées rencontrent un assentiment massif dans la population, y compris chez les amateurs de pornographie qui consultent régulièrement ce type de plateformes. Si des écarts logiques existent selon les tranches d’âges, on ne constate pas de réelle dissonance dans l’approbation à la mise en œuvre de ce système.

Face au renforcement du contrôle de l’âge, ceux qui fréquentent les sites X seront amenés à adopter des stratégies différentes. Un cinquième environ, composé notamment des amateurs quotidiens, des jeunes et des catégories modestes, semble enclin à se plier aux nouvelles règles afin de continuer à visionner leurs contenus de manière légale. À l’inverse, un tiers tentera de contourner l’authentification par divers moyens. Enfin, et c’est loin d’être négligeable, un quart, notamment les femmes, cessera de consulter les sites en question.

Si la volonté d’imposer une telle politique restrictive n’est pas un vœu pieux, elle est annonciatrice d’une révolution chez les clients de pornographie – et donc pour les sites eux-mêmes – dans les années à venir. Révolution déjà à l’œuvre chez jeunes hommes notamment qui s’orientent aujourd’hui vers des formes de consommation plus interactives via des sites de webcam ou des plateformes de réseaux sociaux dédiée à la consommation de pornographie ».

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