Porno : le lucratif marché des adolescents et mineurs ? Dans son édition du 16 juin, le Journal de Québec rappelle que plus de la moitié des adolescents québécois de 14 ans sont des consommateurs de pornographie (comme en France) : une clientèle trop importante pour que les sites pour adultes s’en privent.
Site dominant de l’industrie du X, Porn*** prétend que la moyenne d’âge de sa clientèle était de 38 ans en 2024. Le site n’enregistre aucun utilisateur de moins de 18 ans, nulle part dans le monde, y compris au Canada et en France. Or, en 2024, 2,3 millions de mineurs français fréquentaient des sites pornographiques tous les mois, représentant 12 % de leur audience régulière (et jusqu’à 18 % pour Porn*** !), d’après une étude de l’autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom).
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Toujours plus nombreux
L’Arcom souligne que les mineurs sont de plus en plus nombreux sur ces sites : en 2024, 28 % y naviguaient, contre 19 % cinq ans plus tôt (51% des garçons de 12-13 ans et 65% pour les 16 et 17 ans). C’est donc un marché considérable et en croissance, dont les sites pour adultes ne veulent pas se passer, a déclaré la sénatrice française Laurence Rossignol à l’antenne de France télévision. Elle commentait la décision de la maison mère de Porn***, Aylo, de fermer complètement l’accès à ses sites en France. La firme refuse de vérifier l’âge des utilisateurs pour n’autoriser que les plus de 18 ans à y naviguer, comme l’exige désormais la loi française.
« Une question de business »
Pour la sénatrice Julie Mivilledechêne, qui voudrait des règles semblables chez nous, il n’y a pas de doute, les sites X « ne veulent pas avoir à faire des vérifications d’âge parce qu’ils ont peur de perdre de l’argent […] Tout ça, c’est une question de business ».
Mais Sarah Bain, de la firme Ethical Capital Partners, propriétaire de Porn***, réfute cet argument en martelant qu’elle appelle à une réglementation de tous ses vœux pour que les jeunes n’aient pas accès à ses sites. Elle veut toutefois que la responsabilité de vérifier l’âge incombe aux fabricants de systèmes d’exploitation (Apple, Google et Microsoft) et non aux sites pornographiques eux-mêmes. « On ne veut pas des enfants sur nos sites. Ce n’est pas bien moralement et ce n’est pas bon pour les affaires non plus », plaide-t-elle, en expliquant que les mineurs ne sont pas une clientèle attractive pour les annonceurs des sites pour adultes.
Sauf que sur Porn***, les mineurs représentent donc 18% du trafic ! Et vous, qu’en pensez-vous ? Venez en parler avec nous sur le chat’ :
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