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Les chiffres inquiétants de l’addiction au porno

En France, en mai 2023, l’Arcom, le gendarme des médias, dévoilait un rapport basé sur les chiffres de Médiamétrie et qui témoignent d’une inquiétante augmentation du nombre
de mineurs exposés à la pornographie : +36% en 5 ans (+ 600.000). Un phénomène massif qui s’aggrave d’année en année, avec, chaque mois :

  • 9 à 20 millions d’internautes tous âges confondus sur les sites pornos
  • 2,3 millions de mineurs (30% d’;entre eux, contre 37% pour les adultes, et 9%
    quotidiennement)
  • dont 51% des garçons de 12-13 ans et 65% pour les 16 et 17 ans
  • les mineurs cumulant 12% à 17% de l’audience de ces sites, et 75% exclusivement
    via leur smartphone (55% pour les adultes)
  • dès 12 ans, les garçons qui visitent des sites adultes y passent une heure par mois en
    moyenne, et 36 minutes par mois dès l’âge de 10 ans âge moyen d’exposition 9 ans et 3 mois

La part des mineurs fréquentant des sites ‘adultes’ a progressé de +9 points en 5 ans : nous sommes passés de 19% fin 2017 à 28% fin 2022 (effet Covid ?) et la fréquentation
moyenne quotidienne des mineurs est également en hausse. Les hommes sont 2,5 fois plus nombreux (53% contre 20%) et passent sur les sites adultes trois fois plus de temps
que les femmes (2h12 par mois vs 43 minutes). Les femmes représentent donc aujourd’hui 28,6% des consommateurs de porno !

Pour les mineurs, le temps passé sur les sites adultes est particulièrement concentré sur quelques sites : les 5 premiers sites captent 59% du temps passé sur les sites adultes (vs
43% chez les majeurs). Le premier d’entre eux, qui connaît une envolée des visiteurs mineurs depuis 2017, rassemble 1,4 million de mineurs chaque mois, soit 18% des
visiteurs. Pour plusieurs sites, les mineurs représentent plus de 10% de l’audience.

Pour aller plus loin, lire : Dire non au porno : conseils pratiques et spirituels

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Dire non au porno : conseils pratiques et spirituels

Présentation de l’éditeur :

L’addiction à la pornographie touche un nombre croissant de femmes et d’hommes, et n’épargne pas les jeunes, exposés de plus en plus tôt. Devenue un enjeu majeur de santé publique, elle n’en demeure pas moins surmontable : s’en sortir est possible!

Écrit sur un ton bienveillant, motivant et souvent drôle, ce livre s’adresse, sans tabou ni jugement, à ceux qui veulent se libérer, mais aussi aux conjoints, parents, éducateurs, thérapeutes et prêtres.

Entre éclairages psychologiques et outils concrets, conseils spirituels et inspirations tirées de la vie de saint Carlo Acutis, Dire non au porno offre un véritable chemin pour briser le silence, dépasser la honte et la culpabilisation, et retrouver l’espérance.

Diplômé de Saint-Cyr, Tanguy Lafforgue a fondé le cabinet Cœur Hackeur pour venir en aide aux personnes souffrant d’addiction à la pornographie. Il est notamment l’auteur de Délivré! 10 étapes pour arrêter la pornographie (Emmanuel, 2021).

Jean-Baptiste Maillard est directeur de l’association Lights in the Dark, qui anime la plateforme SOSPorno.net. Il est l’auteur de nombreux livres dont, avec son épouse Marie, Carlo Acutis : une âme de feu! (Artège, 2025).

 

Préface du père Gaspard Craplet. 

Comment est né ce livre ?

Ce livre est né de plusieurs constats : l’addiction à la pornographie est devenue un problème de santé publique, accéléré par les confinements. Aujourd’hui, 51 % des garçons de 12 à 13 ans regardent du porno au moins une fois par mois, et 56 % des divorces proviennent d’une addiction à la pornographie. Les croyants sont autant concernés que les autres, les pasteurs se disent démunis dans l’exercice de leurs ministères (confession, accompagnements, prédication, etc.), les parents et éducateurs sont eux aussi souvent dépassés, le rapport à la morale de certains croyants renforce leur culpabilité et leur honte, dérègle leur vie sacramentelle, les enferme dans l’impuissance et la désespérance et, in fine, les isole dans l’addiction, à l’inverse, d’autres personnes relativisent complètement la pornographie, enfin, la théologie du corps reste encore perçue comme quelque chose de beau mais d’abstrait, idéaliste et inatteignable.

Pour le commander :


       

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pourquoi dire que la pornographie est mauvaise pour la société?

Pourquoi dire que la pornographie est mauvaise pour la société? Affirmer que la pornographie est mauvaise pour la société ne relève pas d’une opinion personnelle, mais d’une observation de bon sens.

1. Au niveau des comportements individuels

Comme il l’a été écrit dans d’autres articles, la pornographie a des répercussions sur les comportements individuels. Le premier est qu’elle constitue un détournement de la sexualité. En effet celle-ci n’est considérée que dans un but égoïste de plaisir maximal et non en vue d’un don réciproque. L’autre devient un simple objet que l’on rejette quand on n’en a plus besoin.
La pornographie crée une dépendance en ce sens que les images vues restent gravées dans notre mémoire et qu’une fois le plaisir passé, on se retrouve en état de manque… comme pour toute drogue.
La pornographie étant violente par nature, elle entraîne, de fait de la violence pour la personne qui en consomme.

2. Répercussions au niveau de la société

La conséquence est malheureusement inévitable : tous ces comportements individuels ajoutés les uns aux autres entraînent des effets nuisibles sur la société.

A) Une banalisation

Le premier est une banalisation : puisque tout le monde a ce comportement, pourquoi cela serait-il mauvais ? Or, ce n’est pas parce que beaucoup de gens ont recours à la pornographie que c’est bon pour autant : la pornographie est mauvaise par nature !

B) une fausse image de l’homme et de la femme

La seconde est une fausse image de l’homme et de la femme : ils sont considérés sur le même plan et donc deviennent comme on l’a déjà dit, de simples objets, interchangeables. D’ailleurs, on gomme la différence entre l’homme et la femme et cela justifie les relations homosexuelles. Bref, la société s’effondre dans la confusion.

https://www.afc-france.org/couple/podcast-masculin-feminin-aimer-avec-nos-differences/

C) l’accroissement de la violence

l’accroissement de la violence. Il n’y a plus de respect de l’autre, de son intégrité. Tout est bon pour parvenir à la réalisation de son fantasme, y compris la violence et le non-consentement. On en voit le résultat désastreux aujourd’hui.

https://www.sosporno.net/50-des-agressions-sexuelles-sont-dues-a-laddiction-au-porno/

Dernier effet, lié, c’est que la société vit dans le mensonge. La pornographie est, par nature mensongère car elle présente une fausse vision des rapports homme/femme. N’oublions jamais que l’homme et la femme sont faits pour se donner et le fruit de ce don, c’est la vie !

En conclusion, il faut rappeler haut et fort que regarder des images pornographies n’est pas un acte banal : il a des conséquences, non seulement individuelles, mais également au niveau de la société !

Si vous souhaitez en discuter, nous sommes à votre écoute par chat.

« La lampe du corps, c’est l’œil. Donc, si ton œil est limpide, ton corps tout entier sera dans la lumière ; mais si ton œil est mauvais, ton corps tout entier sera dans les ténèbres. »
Matthieu 6 ;22-23

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Sommes nous vraiment libres?

Sommes nous vraiment libres? La question ne date pas d’aujourd’hui. Elle a parcouru les siècles et elle reste d’une brûlante actualité. Mais, avant toute chose, il faut bien comprendre ce que sous-entend le mot « liberté ».

 

1. Qu’est-ce que la liberté ?

Ce pourrait faire l’objet d’un sujet de philo au Bac. Le Petit Larousse donne la définition suivante : « état de quelqu’un qui n’est pas soumis à la servitude ». Autrement dit, si on s’en tient à cela, nous sommes libres, ce qui n’est pas le cas partout dans le monde, reconnaissons-le.
Je peux aussi concevoir aussi la liberté comme le fait de pouvoir faire ce que je veux : ainsi, je suis libre de donner une gifle à mon voisin si j’en ai envie… Le problème est qu’il n’a pas demandé à la recevoir. Donc nos actes peuvent entraver la liberté des autres.
Faut-il donc être condamné à ne rien faire ? Bien évidemment non ! Cependant, il est important que notre liberté s’exerce en regard de celle des autres : c’est ce qu’on appelle le « bien commun ». Un exemple simple : j’ai la liberté de tondre ma pelouse toute la semaine, mais d’éviter de le faire le dimanche pour préserver la tranquillité de mes voisins.

2. Liberté et vérité

Il est impossible de séparer liberté et vérité. Nous avons la liberté d’accomplir le bien ou le mal : Hitler était libre d’accomplir le bien… Il ne l’a pas fait avec les conséquences terribles qu’on connaît. De même nous sommes libres de mentir ou dire la vérité. Le résultat est, hélas, toujours le même : quelles vont être les conséquences de l’exercice de notre liberté sur les autres ?
Donc, il ne peut avoir de vraie liberté sans conscience. Nous sommes des êtres doués de raison. Mais il importe que notre raison soit formée de façon à reconnaître ce qui est bien ou mal. Ce ne sont pas là des notions subjectives, comme la société actuelle voudrait nous le faire croire.

http://pascalide.fr/la-liberte-spirituelle/

3. Liberté au sens chrétien

Jésus a dit : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » En tant que chrétien, nous ne pouvons nous départir de la vérité. Et cette vérité, ce n’est pas nous qui la décidons, nous la recevons en demeurant fidèles à Dieu. Elle est toujours liée à l’amour : ce n’est pas un concept rigide qui classe définitivement d’un côté les bons et de l’autre les méchants. Donc, en faisant la vérité, nous sommes toujours plus libres, et, de ce fait, toujours plus heureux.

 

En conclusion, la vraie liberté est celle qui nous rend heureux. Et notre liberté individuelle ne peut pas s’exercer sans prendre en compte celle des autres. Donc la liberté se construit ensemble, jour après jour, patiemment.
Et vous, comment concevez-vous la liberté ? Venez nous le dire par chat.

« C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés. Alors tenez bon, ne vous mettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage. » Galate

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Arcom : « Le bras de fer avec l’industrie pornographique est révélateur »

Actualité : « Le bras de fer avec l’industrie pornographique est révélateur ». C’est ce qu’explique cette semaine dans La Croix, le patron du gendarme des médias, l’ARCOM (ex CSA).

1) Un combat de longue haleine.

Depuis le 11 janvier, les sites pornographiques basés en France et hors de l’Union européenne doivent vérifier l’âge de leurs utilisateurs. Sous peine d’être bloqués par l’ARCOM (l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) . Roch-Olivier Maistre, qui achève son mandat à la tête de cette instance, revient sur ce combat de longue haleine.

Il rappelle notamment que pour les jeunes en ligne, une pièce d’identité est nécessaire pour vérifier que la personne est bien majeure, même si la CNIL n’en a pas voulu… Un premier filtre, avec la carte bancaire paiement zéro euros, sera viable dès le mois d’avril.

La Croix : Depuis le 11 janvier, l’ARCOM peut mettre en demeure puis bloquer les sites pornographiques qui ne s’assurent pas que leurs utilisateurs ont plus de 18 ans. Cela fait pourtant plus de trente ans que le code pénal interdit l’exposition des mineurs à ce type de contenus. Pourquoi cela a-t-il pris tant de temps ?

Roch-Olivier Maistre : Pendant longtemps, l’accès à la pornographie était circonscrit aux revues, du cinéma X… Puis l’offre s’est déplacée sur Internet et est devenue colossale, sans aucune barrière à l’entrée : vous déclarez que vous avez 18 ans et vous avez accès à ces contenus. Le législateur s’est saisi du problème avec la loi sur les violences familiales de 2020. Mais on s’est heurté à une bataille judiciaire sans fin, qui nous a fait prendre la mesure de la puissance de l’industrie pornographique. La multiplication des contentieux a poussé la France à revisiter sa législation. La loi pour sécuriser et réguler l’espace numérique (SREN) a été adoptée en mai 2024. Elle oblige les sites à déployer un dispositif permettant de s’assurer que la personne qui se connecte est bien majeure.

2) gain de temps en procédures

La Croix : L’ARCOM a-t-elle déjà commencé à bloquer certains sites ?

R.-O. M. : Depuis quelques jours, nos agents sont assermentés. Comme le prévoit la loi, la procédure sera la suivante : en fonction des constats qu’elle aura réalisés, l’Arcom enverra au site concerné une première lettre d’observations. Quinze jours après, si rien n’a bougé, ce sera une lettre de mise en demeure. Et si après un nouveau délai de quinze jours, le site ne se conforme toujours pas à la législation, l’Arcom pourra ordonner directement son blocage. Cette décision sera bien prise sous le contrôle du juge – elle pourra donc être contestée devant la justice –, mais le blocage pourra prendre effet immédiatement. On gagne donc beaucoup de temps en termes de procédure. Ces règles s’appliquent d’ores et déjà aux sites implantés en France et en dehors de l’UE. Pour les sites européens (pour beaucoup à Chypre et en République tchèque), la mécanique s’enclenchera en mai.

La Croix : À quels critères techniques devront répondre ces outils de vérification d’âge ?

R.-O. M. : Nous les avons fixés dans un référentiel publié en octobre 2024 et bâti avec la Commission nationale de l’informatique et des libertés Martin Ajdari, prochain président de l’Arcom (Cnil). Le principe est celui du double anonymat : donner la garantie que l’utilisateur est majeur sans pour autant permettre au site de savoir qui il est et d’avoir accès à ses données. Pour les jeux en ligne, on peut fournir sa carte d’identité, mais la Cnil ne voulait pas que ce soit possible pour les sites pornographiques, par respect pour la vie privée. On le voit, l’imagination technique est là. Une start-up française installée à Montpellier arrive par exemple à garantir l’âge rien qu’en regardant les mouvements de la main ! Tout un marché de la vérification de l’âge s’est développé ces derniers mois. Les sites ne peuvent plus se retrancher derrière l’absence de solution technique. Jusqu’en avril, l’Arcom tolérera toutefois le recours à la carte bancaire, avec une transaction à 0 euro. Cela crée un premier filtre.

3) un défi colossal

La Croix : Cela va-t-il en rayer la consommation de pornographie chez les jeunes ?

R.-O. M. : C’est le but, même si on ne doute pas qu’il y aura de nouveaux contentieux. Nous sommes en tout cas en dialogue avec la Commission européenne. En effet, d’ici juin ou juillet, elle devrait aussi proposer une démarche de vérification d’âge pour le continent européen. Le dispositif devrait donc s’étendre progressivement aux autres pays de l’Union.

La Croix : Depuis 2023, l’Arcom est chargée de faire respecter, en France, le règlement européen sur les services numériques (DSA). Un texte parfois jugé inefficace, notamment pour protéger les jeunes des effets néfastes des réseaux sociaux…

R.-O. M.: Contrairement à la régulation des chaînes de télévision et de radio, qui existe depuis quarante ans, celle des grands acteurs du numérique est encore toute jeune. La télévision et la radio sont un monde fini. Or, si on signale un contenu problématique, l’Arcom le vérifie et intervient. Sur ces plateformes numériques, des centaines de millions de contenus sont véhiculées chaque seconde. La logique du DSA est donc différente. En effet,  on impose un objectif politique aux plateformes. Celle de lutter contre les contenus illicites. Ensuite, elles doivent  fournir des rapports de transparence et autoriser des signaleurs de confiance. L’an dernier, un premier beau succès a montré l’efficacité de cette réglementation. TikTok voulait déployer en Europe une application extrêmement addictive pour les jeunes. Car, TikTok Lite, avec un système de récompense, en fonction du temps passé sur la plateforme. Au vu des exigences de la Commission européenne, TikTok a préféré renoncer.

Concerné par cette addiction ? Ici l’écoute, la confiance et l’anonymat sont les maîtres-mots. N’hésite pas !

Pour aller plus loin :

Au sujet de l’industrie pornographique :

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L’influence du web et du porno sur la consommation de drogues

Dans son rapport d’octobre 2024, Chemsex, retour sur 15 ans d’usages de drogues en contexte sexuel, L’Observatoire français des drogues et des addictions (1) analyse l’usage des outils numériques et son influence sur les consommations de drogues, démontrant un lien avec la consommation de porno en ligne.

Par chemsex, on parle d’un ensemble de pratiques intriquant activité sexuelle et usage de produits psychoactifs, autrement dit, les drogues. De plus, les rencontres entre chemsexers s’appuient sur les réseaux sociaux et les applications de rencontres.

L’usage des outils numériques constitue une spécificité du chemsex en même temps qu’un facteur central de son développement. Celui-ci évolue toutefois depuis la fin des années 2000 où sont observés sur certains sites de rencontres les premiers profils divulguant des renseignements liés aux pratiques sexuelles et aux consommations de drogues (quelles substances consommées, à quelle fréquence, etc.) à côté d’autres informations personnelles (description physique, intérêts, etc.) (2).

À partir de cette période, les observateurs parisiens indiquent que les sites de rencontres favorisent l’accès aux substances de ceux qui ne fréquentent pas les lieux festifs gays (bar, club, backroom, etc.) et n’auraient, de ce fait, pas nécessairement consommé des substances psychoactives autrement (3).

Les références aux consommations de drogues restent toutefois discrètes et limitées du fait de la censure opérée par certains sites. Elles passent alors principalement par l’usage d’émoticônes et de messages codés mais suffisamment explicites pour les initiés (« plan planant », « plan perché », etc.).

À partir de 2012, le développement des applications de rencontres pour smartphone s’accompagne d’un affichage plus ostensible des références aux consommations de drogues. Les utilisateurs introduisent alors les expressions de « chems triage » puis « slam triage » pour désigner le choix du ou des partenaires en fonction des produits que l’on projette de consommer et/ou du mode de consommation privilégié (« slam triage » faisant référence à la recherche de pratiques d’injections mutuelles de produits).

La géolocalisation, facteur accélérant

La géolocalisation permise par ces applications favorise de surcroît l’immédiateté de la rencontre (4). Le choix des applications peut varier en fonction des intentions des chemsexers : certaines sont réputées spécialisées dans une série de pratiques sexuelles, d’autres plus indiquées pour la recherche de rencontres couplées à des consommations de drogues (5), quand d’autres encore apparaissent plus généralistes (6). Ces dernières années, la présence récurrente d’informations et d’échanges relatifs aux produits psychoactifs sur les applications de rencontre amène un nombre croissant d’utilisateurs à stipuler explicitement leur refus d’associer rencontres sexuelles et usages de substances et à afficher leur volonté de ne pas avoir affaire à des personnes consommatrices (en témoigne la multiplication des mentions « no drugs », « no chems », « no tox », « pas de toxico », etc.). Des réseaux sociaux comme Instagram ou X (anciennement Twitter) ou des systèmes de messagerie instantanée comme Messenger sont également investis par les chemsexers pour favoriser les rencontres ou, par exemple, partager des vidéos de sex parties.

Le chemsex à distance se développe

Le développement des pratiques de chemsex à distance, c’est-à-dire des personnes consommant des drogues, parfois par injection, et ayant des activités sexuelles par écran interposé, constitue une évolution marquante observée depuis 2015 et qui s’est développée durant les confinements et couvre-feux de 2020 et 2021 (8). Ces rencontres entre chemsexers interconnectés (qui peuvent n’être que deux ou plusieurs dizaines) s’effectuent souvent par le biais de plateformes de téléconférences (zoom, Skype notamment) ou de sites spécialisés. Certains d’entre eux intègrent des fonctions type slamtime où chaque personne souhaitant s’injecter en même temps que d’autres, ou souhaitant observer des pratiques d’injection, est informée du moment propice. En fonction des pays d’où sont originaires les participants, certains produits seront plus particulièrement consommés (par exemple l’injection de méthamphétamine chez les usagers américains ou allemands, alors que les cathinones n’y apparaîtront que rarement, contrairement aux usagers français) (9).

Chemsex et films porno

Des usagers rapportent également consommer des produits tout en visionnant des films pornographiques dans lesquels les acteurs sont également en train de faire usage de produits et parfois de les injecter. Les pratiques de chemsex à distance ont perduré chez une partie des chemsexers au-delà des périodes de confinement, soit parce qu’ils résident dans des zones éloignées des villes où s’organisent les sessions chemsex et/ou ne trouvent pas toujours de partenaires à proximité de leur lieu de vie, soit parce qu’ils y ont trouvé un intérêt spécifique comme le fait de ne pas avoir à « gérer » des interactions sociales. Pour certains, cette modalité du chemsex leur permet de maintenir des relations sexuelles en se préservant du rejet auquel ils redoutent d’être exposés sur les applications de rencontres en raison de leur âge avancé, par exemple.

Chemsex à distance : de nombreux risques aussi

Ces pratiques de chemsex à distance (parfois appelé « plan cam ») permettent une meilleure gestion de certains risques et préservent d’une partie des dommages. Elles permettent parfois de mieux maîtriser les consommations (gérer soi-même les moments de prises, les doses, etc.), d’annihiler les risques de contaminations d’infections sexuellement transmissibles (par partage de matériel ou par voie sexuelle) et les risques d’agressions ou de vol (10).

À l’inverse, le chemsex à distance peut renforcer les risques liés à l’usage solitaire de drogues, par exemple en cas de surdose, ainsi que le caractère compulsif des consommations qui ne s’arrêtent plus avec le départ des partenaires (les sites Internet sont fréquentés en permanence). Le coût financier de ces plateformes peut aussi mettre en difficulté des usagers précaires, d’autant plus lorsque les abonnements sont souscrits dans des moments de désinhibition importante et que certains oublient de les résilier par la suite.

Et toi, qu’en penses-tu ? Sais-tu qu’on peut en sortir ? Viens en discuter avec nous sur le chat’ ! (discussion anonyme et gratuite) :

Pour aller plus loin :


Notes

(1) Groupement d’intérêt public créé en 1983 pour permettre le recueil, l’analyse, la diffusion, et la valorisation des données et des connaissances dans le domaine des addictions, y compris sur écran, ou des jeux.

(2) Fournier et Escots, 2010

(3) Halfen et Gremy, 2009

(4) Pfau, 2014 ; Tissot, 2018

(5) Recon et Scruff

(6) Grindr, Hornet et GayRomeo

(7) Gérome et al., 2019

(8) Juszczak et al., 2022

(9) Tissot, 2023

(10) Tissot, 2024.

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Porno : la justice ordonne de bloquer quatre sites en France, une première

Des fournisseurs d’accès à internet ont commencé à bloquer des sites porno accessibles en France mais hébergés en dehors de l’Union européenne, après une décision de justice liée au contrôle insuffisant ou inexistant de l’âge des utilisateurs.

Quatre sites pornographiques commencent à être bloqués ce vendredi en France par les fournisseurs d’accès à internet qui en ont reçu l’ordre de la justice, ont confirmé SFR, Bouygues, Orange et Free à l’AFP. Cependant, les principaux sites porno hébergés dans l’Union européenne restent accessibles.

Contrôle insuffisant

Les quatre sites en question – Xhamster, Tukif, Mrsexe et Iciporno – étaient visés par une décision de la cour d’appel de Paris rendue mi-octobre. Dans cette affaire, la justice française avait été saisie par deux associations de protection de l’enfance au sujet d’un contrôle insuffisant ou inexistant de l’âge des utilisateurs.

Statuant au sujet de plusieurs sites pornographiques, elle avait décidé du blocage des seuls hébergés en dehors de l’Union européenne. Dans sa décision, la cour d’appel avait considéré « l’intérêt supérieur de l’enfant » comme une « considération primordiale », justifiant de porter atteinte à « d’autres droits tels que la liberté d’expression ».

Une décision attendue à l’échelle de l’Union européenne

Le blocage des sites ordonné par la cour d’appel de Paris devrait se poursuivre « jusqu’à ce que soit démontrée la mise en œuvre par ces derniers d’un contrôle autre que purement déclaratif de ce que les utilisateurs sont majeurs », avait précisé la juridiction.

S’agissant des sites hébergés au sein de l’Union européenne, la justice française attendra une réponse de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour rendre sa décision.

Selon le régulateur français de l’audiovisuel, l’Arcom 2,3 millions de mineurs visitent chaque mois des sites pornographiques. Dès 12 ans, plus de la moitié des garçons utilisant internet se rendent en moyenne chaque mois sur ces sites.

Cette première décision de bloquer 4 sites montre également qu’il est techniquement possible de bannir un site pornographique, à l’heure où l’addiction au porno devient un véritable problème de santé publique.

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Pour aller plus loin :

 

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Porno : la Fédération bancaire française s’oppose au contrôle d’âge par carte bancaire

Le contrôle d’âge par carte bancaire ne serait pas une solution pour endiguer l’accès des mineurs au porno, selon l’organisation. Rappelons que selon le régulateur Arcom (ex CSA), 2,3 millions de mineurs visitent chaque mois des sites pornographiques. Dès 12 ans, plus de la moitié des garçons utilisant internet se rendent en moyenne chaque mois sur ces sites.

Étonnamment, alors que le paiement en ligne est aujourd’hui un système fiable, très répandu et éprouvé, la Fédération bancaire française (FBF) redoute un manque de protection des données des internautes, sur les sites pornographiques, si l’on installait un contrôle d’âge par carte bancaire, avec le paiement zéro, qui consiste à vérifier seulement la validité de la carte bleue. Et implique donc que les enfants s’en procurent une.

Le contrôle d’âge par carte bancaire, une solution pourtant jugée efficace

Pour éviter que des mineurs accèdent aux sites pornographiques, l’Arcom cherche à imposer des méthodes de contrôle : il propose donc, temporairement, – le temps qu’une autre solution technique soit disponible -, que les sites imposent d’entrer ses identifiants de carte bancaire au moment d’accéder au contenu. L’utilisateur ne serait pas facturé, mais prouverait ainsi posséder une carte bancaire, et supposément être en âge d’accéder aux sites pornographique. Une solution qui serait tout à fait efficace, selon bon nombre de spécialistes de l’informatique… quitte à faire chuter gravement l’audience de ces sites pornos ? Ce qui engendrerait de lourdes pertes financières pour cette industrie ?

Dans son référentiel adopté en octobre, pour lequel Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a rendu un avis favorable, l’Arcom propose aux sites pornographiques, pendant une période transitoire de trois mois à partir de janvier 2025, de mettre en place ce système de vérification par carte bancaire «afin de protéger sans attendre les utilisateurs les plus jeunes. »

La question revient souvent : en 2024, plus de trente ans après le début de la démocratisation d’Internet, aucune solution ne serait possible pour protéger les enfants des sites pornographiques ? Comment donc contrôler efficacement l’âge des visionneurs sur les sites pornographiques ? Pas avec les cartes bancaires, répondent en cœur les établissements financiers réunis au sein de la Fédération bancaire française. Selon eux, cette solution proposée par l’Arcom serait peu efficace voire dangereuse, a-t-elle indiqué à l’AFP, confirmant une information de l’Informé.

Des raisons malicieuses ?

L’organisation professionnelle des banques françaises désapprouve donc ce contrôle d’âge par carte bancaire. Pour quelles raisons ? D’abord, parce que cette solution ne serait pas efficace pour discriminer les mineurs, estime-t-elle : 1,4 million d’entre eux ont une carte bancaire, et pourraient donc passer outre ce contrôle. Quid du million de mineurs restant et consommant du porno chaque mois ?

Surtout, ce « recours à la carte bancaire présente des risques d’hameçonnage des cartes bancaires sur des sites qui, depuis plus de trente ans, ne respectent pas la loi pour la protection des mineurs », rappelle la FBF. Autrement dit : des sites qui ne respectent déjà pas la loi peuvent manquer de fiabilité dans leur collecte de données de carte bancaire. L’argument est un peu malicieux, puisque théoriquement, il est possible de fermer n’importe quel site qui ne respecte pas la loi, quelle qu’elle soit, par le biais de son hébergeur. D’autant plus malicieux que les grandes plateformes de porno qui ont pignon sur web semblent tout à fait en règle sur cette fameuse loi pour la protection des mineurs. Surtout, elles concentrent à elles seules 80% des sites pornos (y compris en France avec des plateformes comme ****hub), ainsi que l’indiquait le chercheur britannique Tom Farr : « actuellement, la méga-entreprise derrière le rideau  du porno est Mindgeek , un conglomérat international qui possède plus de 80 % des sites pornographiques » (1).

Certains sites “peu scrupuleux” ?

Toujours selon l’organisation,  certains sites peu scrupuleux pourraient profiter de ces contrôles pour détourner les cartes bancaires et réaliser des transactions à l’insu de leur propriétaire. Des sites peu scrupuleux dans l’univers de l’industrie du porno ? Effectivement, le risque de piratage existe toujours… même chez les grandes multinationales ! Et si c’était justement une manière de stopper l’activité des sites porno peu scrupuleux ?

L’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement, dirigé par la Banque de France, recommandait aussi en septembre dernier d’être «extrêmement sélectif et vigilant » avant d’enregistrer son numéro de carte en ligne, rappelle la Fédération bancaire. En effet, au delà des mineurs, il ne faudrait pas qu’Ursula se rende compte que son mari Anatole surfe régulièrement sur un site porno !

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Pour aller plus loin :


(1) Source : Rapport du sénat sur l’industrie pornographique

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Chemsex : plongée dans la spirale du sexe et de la dépendance

Chemsex : Sexe, drogue et dépendance dresse le portrait intime d’Aubin, un jeune chemsexeur de 24 ans.

Pendant un an, la caméra le suit dans son parcours pour se soigner. Rythmé par ses rendez-vous avec son addictologue, Hélène Donnadieu, chef de service au CHU de Montpellier, décortique le cercle infernal : « Il y a d’une part des substances très puissantes avec une durée d’action très courte. Et d’autre part, les applis de rencontre [géolocalisées à but sexuel, du type Grindr]. Ces substances vont créer un désir incessant de rencontrer, avoir des rapports sexuels, durer, performer. L’appli permet d’avoir le plan d’après. »

« J’ai perdu le contrôle de ma vie »

Assis sur son lit, il tourne les pages de son journal intime. Ouvrir celui de 2021-2022 est difficile. Il habite à Paris depuis 2019. Au fil des fêtes, des week-ends sans dormir, « j’ai perdu le contrôle de ma vie », dit-il. Retour à Montpellier, après deux tentatives de suicide. Le film raconte cette spirale de l’addiction, le dégoût de soi, les comportements à risque : « Tu ne sais plus te poser des limites, tu fais des trucs de malade ou tu laisses les autres te faire des trucs de malade »

A son parcours se mêle celui d’autres chemsexeurs. Souvent très jeunes, de 19 à 22 ans, ils incarnent une nouvelle génération de consommateurs que le covid a laissé désœuvrée et désenchantée, à la recherche d’émotions fortes via les drogues de synthèse et le sexe à outrance.

Comme pour Aubin et d’autres jeunes hommes rencontrés par les deux réalisateurs, le chemsex vient combler des manques, la difficulté d’accepter son homosexualité parfois. Aubin n’a pas reçu d’amour de ses parents. D’ailleurs, il ne leur parle plus. Son père était violent et le considérait comme une « tantouze », sa mère était persuadée qu’il était possédé « par une entité démoniaque ». Heureusement, Anaïs, sa sœur, est toujours là.

« J’ai envie de vivre », confie néanmoins Aubin. C’est alors un voyage vers la lumière qu’entame le jeune homme sous le regard bienveillant des deux réalisateurs. De périodes d’abstinence en rechutes, c’est un chemin semé d’obstacles. Aubin parviendra-t-il à « remonter à la surface » ?

De fait, comme la dépendance au porno, la dépendance au chemsex est une addiction dont il est difficile de sortir et qui conduit à des comportements à hauts risques pour la santé physique et mentale. Il important d’en connaître les dangers et ce documentaire peut vous y aider.

 

Sur le même sujet, l’analyse de La Sélection du Jour (LSDJ) :

Chemsex, le cocktail destructeur de la drogue et du sexe (C8 – 2min30) :


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Pour aller plus loin :

Chemsex
Actus

Chemsex : qui est concerné ? Comment se développe-t-il ?

Le chemsex, c’est quoi ? Qui est concerné ? Comment se développe-t-il ? Revue en détails cette pratique à hauts risques qui peut aussi provenir d’une addiction à la pornographie, comme l’avait déjà souligné l’Académie de médecine en 2023.

Le chemsex : de quoi s’agit-il ?

Le chemsex est une pratique sexuelle à hauts risques dans laquelle les partenaires se droguent pour décupler leurs sensations, augmenter leurs performances sexuelles et se désinhiber. Une étude de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), parue en octobre 2024, dresse un bilan sur l’évolution du chemsex depuis quinze ans.

Qui est concerné ?

Qui concerne-t-il en France aujourd’hui ? Surtout pratiqué en clubs et milieux festifs avant 2010, le chemsex a basculé dans la sphère privée, particulièrement chez les particuliers. Par ailleurs, le « chem’s » concerne surtout les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) : 13 à 14 % d’entre eux ont eu ce genre de rapport l’an passé, dont 5 à 7 % lors de leur dernier rapport sexuel. Les milieux libertins (hétéros, bi…) ou d’autres pratiques individuelles y ont aussi recours.

Comment se développe le chemsex ?

La pratique du chemsex bénéficie d’une promotion quasi généralisée, qui passe aussi par les réseaux sociaux, la télévision ou les applications mobiles. Elle est même souvent expliquée en détails et encouragée.

Établir des chiffres précis reste complexe car la détention et l’usage de drogue sont illégaux : les consommateurs se cachent. Pour les seuls HSH, ils seraient entre 100 000 et 200 000 personnes selon un rapport remis au Ministre de la Santé en 2022. Le bilan de l’OFDT fait état d’une croissance rapide, notamment chez les très jeunes dont c’est parfois la première expérience sexuelle. Cette réalité est déjà si importante que la Mutuelle étudiante propose déjà une prévention.

Au cœur du processus, l’accès facilité aux substances illicites est un facteur aggravant. Il est même déconcertant de voir avec quelle facilité les “chemsexeurs” se procurent leurs cocktails explosifs. L’enquête menée par France 3 AURA le prouve : commander en ligne et se faire livrer à des prix dérisoires est un jeu d’enfant. Au « menu » : du GBL (le gameux GHB), des cathinones (dont la 3-MMC est le produit phare) et plus récemment, la kétamine utilisée pour le slamdes injections de cocktails drogues/dopants sexuels. Leur commerce alimente toute une économie souterraine contre laquelle il est devenu très difficile de lutter (2).

Pourtant, il existe des solutions pour en sortir.

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Pour aller plus loin :


Notes

(1) Le chemsex, pratique illégale qui ravage des vies : une synthèse de Corentin Rahier pour La Sélection du Jour, librement adaptée pour SOSporno.net. Article à retrouver dans son intégralité sur LSDJ.

(2) Voir aussi LSDJ n°1920 ou Charlotte d’Ornellas, le 05/09/2023 dans Face à l’Info.